Ce type veut ouvrir le premier camion à cannabis

Ce type veut ouvrir le premier camion à cannabis
Par Invité ,

L'achat de cannabis est prohibé en Allemagne – exception faite au Görlitzer Park de Berlin, un paradis pour les consommateurs de drogues. Au fil des ans, les habitants du quartier de Kreuzberg, historiquement de gauche, ont ainsi appris à cohabiter avec les dealers et les acheteurs qui fréquentent le parc. Bien qu'elle y fasse parfois une descente, la police ferme les yeux sur la situation. Aujourd'hui, ce lieu sert souvent d'exemple pour témoigner de l'indulgence des autorités locales sur la question.

Avec un nombre croissant de dealers – dont la plupart n'ont pas de visa et aucun autre moyen de subsistance –, le parc est devenu le théâtre d'agressions fréquentes et attire de plus en plus l'attention des médias. L'an dernier, Monika Hermann, maire de Kreuzberg, a proposé l'ouverture d'un coffee shop afin que les autorités reprennent la situation en main. Le Sénat a rejeté sa proposition alors que la situation ne cessait de se dégrader.

 

Ces derniers jours, une vidéo YouTube est apparue sur les réseaux sociaux allemands. Face à un van hippie garé au milieu du désert du Sahara, un type annonce qu'il ouvrira un coffee shop à Görlitzer Park le 21 juin prochain. Il prétend que son entreprise est déjà enregistrée et dit détenir une autorisation à vendre du haschisch marocain. Il présente ensuite les différentes variétés de cannabis qu'il compte vendre, avant de crier « Venez à Görlitzer Park ! J'aurai des tonnes de cannabis avec moi ! »

 

Ce type s'appelle Oliver Becker et se présente comme « militant pro-cannabis de la première heure ». Je l'ai appelé afin d'en savoir plus sur son projet.

 

VICE : Bonjour Oliver. Je viens de regarder votre vidéo sur YouTube. Vous êtes sérieux ?

Oliver Becker : Bien sûr que je suis sérieux ! Ce n'est pas une blague. Je suis membre de l'Association du Chanvre en Allemagne depuis très longtemps. Pour moi, le 21 juin est le jour idéal – l'Allemagne affrontera le Ghana à la Coupe du monde – et le Görlitzer Park est l'endroit parfait pour débuter. L'inauguration d'un coffee shop est le signal qu'il faut, et je suis la personne nécessaire à ça. J'aimerais beaucoup que ça devienne un gros truc, une sorte de Woodstock berlinois.

 

Quel est votre plan ?

Je vais me pointer en camping-car au parc et installer une pancarte sur laquelle sera écrit « coffee shop itinérant ». J'ai aussi un sound system. On verra ce qui va se passer.

 

Donc, vous avez une autorisation ?

Je suis allé à la Chambre de commerce. Je savais que le mec qui s'en occupait était assez jeune, alors j'en ai profité pour y aller franco. Ça se voyait qu'il avait fait la fête la veille. Je lui ai annoncé que je voulais ouvrir une entreprise d'import/export de cannabis marocain. Il m'a dit que c'était illégal, ce à quoi j'ai répondu du tac au tac : « Nan, il faut juste une autorisation ». Et il m'a donné une licence.

 

Pas mal.

Oui, mais 45 minutes plus tard, après vérification, il m'a rappelé et m'a demandé de revenir afin d'annuler ma licence – ce que j'ai fait.

 

Vous y êtes retourné ?

Oui, je n'ai pas voulu lui causer du tort. Cette licence m'a coûté 45€. Mais même annulé, ce certificat me donne une grande liberté d'action avec les autorités marocaines. J'ai désormais quelque chose qui prouve que l'import de haschisch marocain en Allemagne est mon activité principale. En parallèle, j'ai aussi décidé d'écrire au roi du Maroc afin de le rencontrer.

 

Vous n'avez pas peur des autorités marocaines ?

Pas du tout. Je n'ai jamais le moindre gramme sur moi. Si je me trimballais avec plusieurs kilos de cannabis, il est évident que je pourrais avoir des problèmes. Mais ils ne trouveront rien sur moi. J'ai même arrêté de fumer. Ils pourraient me faire une analyse sanguine, ils ne trouveraient rien.

 

Comment comptez-vous vous y prendre pour importer du cannabis en Allemagne ?

Importer la came personnellement est un autre problème. Je fais partie du milieu pro-cannabis depuis longtemps, j'ai quelques contacts en Allemagne qui dealent de grandes quantités, donc je me tournerai vers eux.

 

Vous ne prendrez pas l'avion avec une valise remplie de cannabis ?

Non. Et même si je compte installer mon camion dans le parc, ça ne veut pas dire que j'aurai quoi que ce soit sur moi ou à bord. Je pense plutôt travailler avec quelqu'un d'extérieur qui me livrerait ce qu'il faut. Il y a plein d'options.

 

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Le camping-car d'Oliver dans le désert du Sahara

 

Que se passera-t-il si la police veut vous arrêter ? Désormais, tout le monde est au courant de vos intentions.

Si on m'arrête, je ferais une grève de la faim. Je refuse que cette histoire prenne une tournure violente ; je ne veux pas que des gauchistes radicaux viennent jeter des pierres. Je me rendrais sans faire d'histoires. Si ça arrive, j'espère que je recevrais assez de soutien pour tenir jusqu'au 9 août, date de la marche annuelle pour la légalisation du cannabis à Berlin.

 

Vous feriez donc une grève de la faim de 50 jours ?

Oui, et je vais m'y tenir, même si je suis diabétique.

 

Espérons que vous n'aurez pas besoin d'en arriver là.

Oui. Je ne pense pas que les choses prendront une telle tournure. Je compte tenir la police au courant de ce qui se passe. J'ai d'ailleurs écrit au maire et au député de Kreuzberg en leur demandant de discuter de mon projet avec le préfet de police. Je compte invoquer la Constitution en cas d'interpellation.

 

C'est donc un acte de résistance avant tout ?

Totalement. C'est de la résistance au sens de l'article 20 de la Constitution : « Tout Allemand a le droit de résister quand les autres moyens sont hors de sa portée ». Selon moi, tout individu emprisonné pour une histoire de cannabis est un prisonnier politique. Il faut savoir qu'en parallèle, Marlen Mörtele, notre commissaire aux drogues, fait la promotion de l'alcool. Ça me paraît inacceptable. Je souhaite m'élever contre ça.

 

Quand 120 spécialistes du droit conseillent au Parlement de légaliser le cannabis et que rien ne change, la parole revient aux citoyens. C'est la raison pour laquelle je compte agir. Je veux une révolution – ou une évolution. Je veux que les choses changent.

 

Vous avez aussi écrit un livre ?

Oui, il s'appelle Autobiographie d'un légalisateur. Je gravite dans ce milieu depuis le début des années 1990. En Allemagne, j'ai été un des premiers à distribuer des graines de cannabis. Malheureusement, j'ai aussi ma part de responsabilité dans la hausse des ventes de dispositifs d'éclairage artificiel. Pour moi, ce n'est pas un quelque chose de sain. Je privilégie un retour à des méthodes plus naturelles.

 

Comment ça ?

Pour produire du THC dans des conditions naturelles, le mieux, c'est l'altitude. Toutes les régions réputées pour faire pousser du chanvre sont situées dans des montagnes : dans le Rif au Maroc, dans l'Himalaya, ou encore dans les Montagnes Bleues jamaïquaines. Cela permet au THC d'atteindre un niveau inégalable. Mais maintenant, il est devenu difficile de faire pousser dans ces régions.

 

Toutes les graines qui se trouvent sur le marché ont été produites sous éclairage artificiel. Ça ne me convient pas. Je ne fume plus du tout, parce que maintenant l'herbe rend beaucoup plus léthargique. Il faudrait encourager un débat sur les drogues pour régler ce problème.

 

Votre livre a l'air intéressant.

J'ai plein d'histoires à raconter. Je révèle aussi des choses qui ne feront pas forcément plaisir à tout le monde. Mais je défends mes idées – je ne suis pas un criminel parce que j'ai déjà acheté ou vendu de l'herbe. Je pense qu'un caissier qui laisse un mineur acheter une bouteille de whisky fait quelque chose d'aussi grave qu'un dealer de cannabis

 

source:https://www.vice.com/fr/read/oliver-becker-veut-ouvrir-le-premier-camion-a-cannabis


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Salut,

 

 

j'espère pour lui qu'il ne se fera pas braquer par des sans visa ...

 

 

:yepah:

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Yopla

Et ben ma femme va etre contente, j vais pouvoir offrir une nouvelle vie a notre vieux 408, vestige de nos annees electro et que j ai jamais eu le courrage de vendre( trop de kil, de teuf et de souvenirs )....

Tout mon respect a ce gars la et a son coffee itinerant....

Peace

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Personnellement, je pense qu'il a plus à craindre les dealers que la police.

De quel oeil verront-ils un «dealer officiel» de cannabis venir boulverser leurs ventes?

 

J'espére sincèrement pour lui et pour la «cause» que cela fonctionnera.

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