En Uruguay, la légalisation du cannabis ne résout pas tout

En Uruguay, la légalisation du cannabis ne résout pas tout
Par kyu ,

En Uruguay, la légalisation du cannabis ne résout pas tout

 

 

La culture et la commercialisation du cannabis ont été légalisées en 2013.

 

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Nicolas Garcia/AFP

Joaquin Fonseca récolte la marijuana qu’il fait pousser chez lui.

 

Le but est de lutter contre le trafic de drogue et d’encadrer la consommation pour tenter de la contrôler.

 

Mais la distribution en pharmacie et la question des jeunes fumeurs posent problème.

 

Depuis un peu plus d’un an, Joaquin Fonseca n’a plus besoin du marché noir pour se procurer du cannabis : il cultive la marijuana chez lui, la fume et la commercialise en toute légalité. En décembre 2013, l’Uruguay devenait le premier pays au monde à en réguler la production, la distribution et la vente. Dès ses premiers articles, la loi parle de « santé publique » et souligne son intention de « protéger les habitants du pays du risque qu’impliquent les liens avec le commerce illégal et le trafic de drogue ». Il s’agit donc bien « d’éduquer, d’informer et de prévenir les conséquences et les effets nocifs liés à la consommation ».

 

La loi propose trois moyens de se procurer légalement du cannabis : la culture à domicile, sous réserve qu’elle se limite à une production modérée pour une consommation personnelle. L’appartenance à un club, qui peut fédérer jusqu’à 45 membres, cultiver 99 plants et distribuer 40 grammes par mois à ses associés. Et enfin, la vente en pharmacie de cannabis produit sous strict contrôle de l’État par des sociétés privées, à 90 centimes d’euro le gramme. Une manière d’en contrôler la qualité.

 

Le marché noir en perte de vitesse

« Les dealers commencent à être très inquiets, car nous sommes nombreux à leur avoir dit : nous ne vous achèterons plus rien », se réjouit Joaquin Fonseca, président du club Sativa, en regardant pousser ses 80 plants sur une terrasse de Montevideo.

 

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Comme lui, selon le Bureau national des drogues (JND), près de 2 200 personnes ne recourent plus au marché noir : les 1 500 « autocultivateurs » inscrits sur le registre de l’Institut de régulation et de contrôle du cannabis (Ircca), et les 700 membres des 17 clubs créés ou en cours de création. Soit 8 % du total estimé des utilisateurs de cannabis.

 

La vente en pharmacie différée

Cependant, la mise en œuvre de la loi rencontre des difficultés, en particulier pour la vente en pharmacie, plusieurs fois différée. « La vente de cannabis en pharmacie pourrait se comparer à la distribution de seringues aux usagers d’héroïne », plaide Julio Calzada, ancien secrétaire du JND.

 

Mais l’Association de chimie et pharmacie d’Uruguay (Aqfu) y est formellement opposée. « La pharmacie fait partie du système de santé, et une drogue récréative ne va pas dans ce sens, pas plus que l’alcool ou le tabac, souligne Virginia Olmos, sa présidente. Les pharmaciens peuvent collaborer à la lutte contre les addictions, mais dans un environnement adéquat, comme une clinique. »

 

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Raquel Gerstenblüth, propriétaire de la pharmacie Rivera, à Montevideo, acquiesce. Elle refuse de gagner de l’argent avec un produit qu’elle sait « nocif ». « Notre biochimiste nous a déjà dit qu’elle ne travaillerait plus avec nous si nous acceptions d’en vendre », précise-t-elle.

 

La consommation des jeunes inquiète

La loi, par ailleurs, exclut les mineurs, pour des raisons de santé publique. Mais, « beaucoup fument de manière habituelle »,souligne Raquel Gerstenblüth, qui craint qu’ils soient laissés à la merci des trafiquants.

 

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Or, la consommation de cannabis est passée devant celle du tabac parmi les lycéens de 13 à 17 ans. Selon l’Observatoire uruguayen des drogues, 8,4 % des jeunes ont fumé de la marijuana en 2003, contre 17 % d’entre eux l’année dernière. Sur la même période, la consommation de tabac a chuté de 30 % à 9,2 %. « Il est indispensable de mettre en œuvre des campagnes de prévention », comme ce qui a été fait contre la cigarette, « car les jeunes ont perdu la perception du risque de se droguer », affirme Gerardo Eguren, vice-président du Syndicat médical d’Uruguay. Ces mesures, prévues par la loi, se mettent progressivement en place.

 

Source: la-croix.com


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