70 tonnes de marijuana par année : dans les coulisses d’une serre ontarienne qui voit grand

70 tonnes de marijuana par année : dans les coulisses d’une serre ontarienne qui voit grand
Par mrpolo ,

À l'approche de la légalisation de la marijuana récréative par le gouvernement fédéral, le producteur de marijuana médicinale Aphria veut se tailler une place dans ce marché qui vaudrait entre 5 et 8 milliards de dollars au pays, selon les estimations.

 

 

 

 

 

La fleur d'un plant de marijuana médicinale chez Aphria Photo : Radio-Canada/Nicolas Pham

 


Aphria produit de la marijuana à Leamington, dans le sud-ouest de l’Ontario, depuis deux ans et demi.
L’entreprise croît de façon exponentielle et peine à répondre à la demande.

 


On vend ce qu’on fait pousser, mais on pourrait vendre beaucoup plus! On refuse encore des centaines de patients.


Vic Neufeld, pdg d’Aphria

 


D’abord passée de 2000 à 4000 mètres carrés l’an dernier, la superficie des cultures d’Aphria devrait plus que doubler d’ici quelques semaines et atteindre 10 000 mètres carrés dès qu'elle obtiendra le feu vert de Santé Canada.

 

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Une serre de marijuana médicinale chez Aphria Photo : Radio-Canada/Nicolas Pham

 

Mais Aphria ne compte pas en rester là. Elle a un autre marché dans sa mire : celui de la marijuana à usage récréatif.

 


Il ne se produit pas suffisamment de marijuana médicinale, alors imaginez ce qu’on devra produire pour répondre à la future demande de marijuana à usage récréatif.


Vic Neufeld, pdg d’Aphria

 

Pour se lancer à la conquête de ce marché dès la légalisation de la marijuana récréative par le gouvernement fédéral, Aphria accélère son expansion.
L’objectif : exploiter dès 2019 une superficie… de 100 000 mètres carrés, soit l’équivalent de 18 terrains de football. Une production future estimée à 70 000 kilogrammes par année, pour des revenus annuels projetés de 400 millions de dollars.
La compagnie passerait ainsi de 120 à près de 400 employés.
Un marché prometteur
L'usage de la marijuana médicinale a été légalisé 2001 au Canada, et le marché est en croissance depuis.

 

On comptait 25 producteurs autorisés au pays en 2015 ; il y en a maintenant 41. Et de ces 41, plus de la moitié se trouvent en Ontario.

 

 

Le projet de loi des libéraux de Justin Trudeau pourrait être déposé dès le 10 avril. Ottawa continuerait d'octroyer les permis de production de marijuana. Les provinces, quant à elles, contrôleraient la distribution et la vente.

 

Le modèle d’affaires que les provinces choisiront importe peu aux entreprises comme Aphria. Même si le commerce de marijuana devait faire l’objet d’un contrôle ou d’un monopole d’agences provinciales, il devra être approvisionné en matière première.
Et la demande, elle, promet d’être au rendez-vous.

 

Dans une étude publiée l’an dernier, la firme Deloitte estimait le marché canadien de la marijuana à usage récréatif à 600 000 kilogrammes. Pour répondre à cette demande, les entreprises canadiennes devront produire environ 35 fois plus de marijuana qu'en 2016.
Deloitte estime que les ventes de marijuana récréative représenteront entre 5 et 8 milliards de dollars la première année, soit « l’équivalent du marché canadien des vins ou spiritueux ».

 

L’ABC d’une culture de cannabis

 

Cory Cacciavillani, associé chez Aphria, nous offre une visite guidée. Il a grandi dans cette serre familiale, construite par son grand-père.

 

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Un associé chez Aphria manipule un plant de marijuana médicinale Photo : Radio-Canada

 

Il avoue que lorsque son père lui a annoncé qu’il avait l’intention de faire pousser de la marijuana, il a été très surpris.
Cory nous explique qu'Aphria ne sème aucune graine.
C’est excitant, peu de gens peuvent dire qu’ils font ce métier.
Cory Cacciavillani, associé chez Aphria

 

Les employés prélèvent des boutures qu’ils placent dans un environnement humide et riche en fertilisants.
Les boutures réagissent en développant des racines et après environ deux à trois semaines, les nouveaux plants sont transplantés en serre.

 

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La culture de marijuana médicinale chez le producteur Aphria Photo : Radio-Canada/Vincent Wallon/Icônes : Freepik de www.flaticon.com

 

La serre fonctionne en rotation permanente, ce qui signifie que chaque jour des boutures sont prélevées, des plants, transplantés… et une récolte, effectuée.
Pour le contrôle des espèces nuisibles et la lutte contre les ravageurs des cultures, Aphria se tourne vers la lutte biologique : l’entreprise s’approvisionne localement en insectes antagonistes, qu’elle introduit dans ses serres.

 

Cory Cacciavillani, associé chez Aphria:

Les '' bons '' insectes mangent les '' mauvais ''… et nous n’avons pas besoin d’utiliser de pesticides.


Le potentiel du sud de l’Ontario
Le sud de l’Ontario compte la plus grande superficie de serres agricoles en Amérique du Nord : c’est l’un des endroits au pays où le climat se prête le mieux à de telles cultures, notamment en raison du nombre d'heures d’ensoleillement.
Est-ce que Leamington, où se trouvent les installations d'Aphria et la plupart des serres agricoles de l’Ontario, pourrait passer de la « capitale canadienne de la tomate »… à la « capitale canadienne du cannabis »?
« J’espère que non », déclare en riant Richard Séguin, directeur général de l’Association des producteurs de légumes en serre de l’Ontario.

 

«Il faut d’abord un changement dans la loi pour ajouter la marijuana à nos tomates et concombres. Mais on ne sait jamais.»


Richard Séguin, directeur général de l’Association des producteurs de légumes en serre de l’Ontario

 


Un texte de Nicolas Pham

 

Source: ici.radio-canada.ca


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