Une longue histoire en médecine

Une longue histoire en médecine
Par Indi-Punky ,

LE CANNABIS fait depuis la nuit des temps partie de la pharmacopée traditionnelle. Les fossiles conservent l'empreinte de son élégant feuillage, et les Egyptiens l'ont immortalisé dans les gravures qui ornent leurs tombeaux. En Inde, de nombreux parchemins le mentionnent, ainsi qu'un écrit chinois datant de… 2700 avant J.-C.

REMPLACÉ PAR L'ASPIRINE

Ce sont des botanistes anglais qui l'ont importé en Europe au XVIIIe siècle, mais son usage par les apothicaires s'est développé au XIXe siècle, avec son inscription dans le Vidal de l'époque. « Le cannabis était prescrit pour soulager la douleur et les migraines », précise Amine Benyamina, psychiatre et addictologue à l'hôpital Paul-Brousse (Villejuif, Val-de-Marne).

Les soldats napoléoniens envoyés en Egypte avaient aussi pris l'habitude d'en consommer. De cette époque datent les premières lois pour l'interdire, car le cannabis était réputé diminuer leur combativité. Il a définitivement été écarté par les médecins après la découverte de l'aspirine, bon marché et dénuée d'effets psychotropes indésirables.

 

EUPHORISANT ET ANTIDOULEUR

Il a ensuite fallu attendre les années 1960 pour qu'un chercheur israélien se penche de nouveau sur le cannabis et identifie le principe actif à l'origine de son effet euphorisant : le THC. Mais ses propriétés les plus intéressantes sont liées à un autre composant, découvert plus récemment : le cannabidiol ou CBD. « Il agit sur la douleur, les spasmes musculaires, ou encore l'appétit, souligne le docteur Amine Benyamina. Et une étude a montré son intérêt pour traiter certaines psychoses. C'est un espoir fantastique. »

 

RISQUES D'ADDICTION

Selon le médecin, les risques liés à la consommation de cannabis sont réels, surtout chez les jeunes qui plébiscitent les variétés riches en THC. « Les trafiquants l'ont bien compris et proposent du cannabis dont la teneur en THC est de plus en plus élevée. La légalisation permettrait un contrôle beaucoup plus strict », plaide le docteur Benyamina. Pour lui, le cannabis présente certes un risque d'addiction, mais pas plus important que les antidouleurs classiques et bien moins que des substances puissantes comme la codéine ou les benzodiazépines, couramment prescrites. « Alors que les rhumatologues nous envoient à longueur d'année des patients accros aux médicaments “classiques”, l'interdiction du cannabis me paraît parfaitement hypocrite », estime-t-il.

 

MÉDICAMENTS À VENIR

Pour les laboratoires pharmaceutiques, l'herbe pourrait aussi devenir une mine d'or. Les médicaments à base de cannabis sont encore rares (le Sativex vient d'être autorisé en France), mais un assouplissement de la législation devrait accélérer les recherches.

 

Source: https://www.lemonde.fr/acces-restreint/economie/article/2014/06/22/6d696699646569c5946a636b619671_4443101_3234.html


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