Le cannabis et la ménopause

Le cannabis et la ménopause
Par mrpolo ,

Le système endocannabinoïde (EC) joue un rôle fondamental dans la fertilité féminine, de la fécondité elle-même à l’implantation de l’embryon en développement dans la muqueuse utérine, à l’administration d’endocannabinoïdes par le biais du lait maternel. En plus de tout cela, le système EC joue également un rôle essentiel dans la cessation de la fertilité.

 

 

Qu’est-ce que la ménopause ?

 

La ménopause est le terme désignant la période où la femme cesse d’avoir ses règles et perd sa capacité à faire des enfants. Au sens strict, la ménopause désigne le moment où une femme n’a plus eu ses règles pendant douze mois. Les années de désordres biologiques avant et après ce moment s’appellent la « périménopause ».

 

 

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Généralement, la ménopause commence vers 45 ans et se termine vers 55 ans (© Hey Paul Studios).

 

Avant la périménopause, pendant une phase appelée préménopause, les femmes commencent généralement à voir leur cycle menstruel devenir irrégulier, et leurs niveaux hormonaux fluctuer. La préménopause peut durer plusieurs années avant le déclenchement de la périménopause. Chez certaines femmes, elle peut commencer dès 35 ans.

 

Pendant la postménopause (les années après la ménopause), les femmes voient baisser leur niveau d’hormones reproductives et augmenter leur propension à subir des infections du tract urinaire, à prendre du poids et à subir diverses autres complications de santé.

 

Symptômes de la périménopause

 

Pendant la périménopause, qui se produit généralement entre 45 et 55 ans, divers symptômes désagréables, voire débilitants, apparaissent. Ces symptômes sont de trois principaux types : symptômes vaginaux/utérins, autres symptômes physiques, et symptômes psychologiques.

Les symptômes vaginaux/utérins comprennent notamment la sécheresse vaginale, des douleurs pendant l’acte sexuel et la vaginite atrophique (un amincissement des membranes muqueuses du vagin, de la vulve et de certains tissus, qui perdent également leur élasticité).

 

Les autres symptômes physiques comprennent les suées nocturnes, les palpitations cardiaques, les nausées, les maux de tête, la raideur musculaire, le mal au dos, les douleurs dans la poitrine, l’incontinence urinaire, l’insomnie et le rougissement. Les symptômes psychologiques comprennent l’anxiété, la dépression, le manque de concentration, les problèmes de mémoire, des humeurs changeantes et une perte de libido.

 

La ménopause et le système endocannabinoïde

 

 

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La prise de poids dans l’abdomen et les douleurs abdominales sont des symptômes courant de la ménopause (© Send Me Adrift).

 

Il y a eu relativement beaucoup d’études sur le rôle complexe que joue le système endocannabinoïde dans la fertilité féminine, y compris à la ménopause. Ces études ont démontré que divers changements fondamentaux se produisent dans le système endocannabinoïde et les systèmes biologiques liés pendant la transition de la ménopause.

 

La ménopause augmente le risque d’ostéoporose, dont on pense qu’elle-même est liée aux changements dans les fonctions du système EC dans le squelette. Une étude de 2011 a constaté que, chez les femmes en postménopause souffrant d’ostéoporose, une surexpression des récepteurs CB causait une hyperactivité des ostéoclastes (les cellules responsables de la résorption osseuse), causant une résorption rapide des os.

 

La ménopause affecte également la sensibilité du corps à l’insuline, et on sait qu’elle peut causer une résistance à l’insuline (ce qui peut entraîner l’apparition d’un diabète de type II) chez de nombreuses femmes en postménopause. En outre, une étude canadienne de 2013 a constaté que parmi les femmes obèses en postménopause, celles qui présentaient une résistance à l’insuline présentaient également une circulation accrue d’endocannabinoïdes 2-AG dans le sang, un niveau plus bas d’anandamide, et une activité accrue des récepteurs CB, par rapport aux sujets qui présentaient une sensibilité à l’insuline.

 

La relation entre le système endocannabinoïde, la ménopause et le risque de gain de poids mérite d’être étudiée de manière plus approfondie. Une étude plus récente menée en Allemagne en 2005 a constaté que, parmi les femmes en postménopause, les sujets obèses présentaient une forte augmentation de l’anandamide et des 2-AG, par rapport aux sujets non-obèses. Une réduction correspondante du niveau d’enzyme FAAH (qui dégrade les endocannabinoïdes) a également été observée chez les femmes obèses.

Comment les variations génétiques du système EC affectent la ménopause

 

Il y a également certains éléments génétiques qui régulent les fonctions du système endocannabinoïde à des moments clés du cycle reproductif de la femme. Les études ont démontré que la présence de polymorphismes nucléotidiques (SNP) chez certaines femmes entraînait une réponse physique différente à la ménopause, déterminée d’une certaine manière par le système EC.

 

Une étude de 2010 sur des Polonaises en postménopause a constaté que les femmes qui possédaient un SNP particulier (A3813G) du gène codant pour l’expression d’un récepteur cannabinoïde de type I, étaient davantage encline à développer des dépôts de graisse androïde (au milieu du torse).

 

En 2011, une étude de la même équipe polonaise a constaté qu’un autre SNP du gène CNR1, RS2023239, pouvait être associé à une augmentation de l’« indice androgènes libres » des femmes en postménopause qui possèdent ce SNP. L’augmentation du niveau d’androgènes libres (les hormones reproductives mâles comme la testostérone) peut entraîner à son tour une augmentation du risque de maladie cardiovasculaire.

Comment le cannabis peut-il aider les femmes en ménopause ?

 

Ostéoporose

 

 

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En cas d’ostéoporose, l’hyperactivité des récepteurs CB entraîne une résorption excessive des os (© Wellcome Images).

 

Les récepteurs CB₂ des ostéoclastes jouent un rôle fondamental dans le développement de l’ostéoporose, et il a été démontré que les SNP du gène codant CNR2 pour l’expression des récepteurs CB₂ étaient fortement liés à l’apparition de l’ostéoporose chez les femmes en postménopause.

 

De plus, on sait maintenant que les récepteurs CB₁ jouent également un rôle dans l’apparition de l’ostéoporose : une étude de 2005 menée sur des souris ayant les récepteurs CB₁ inactivés a mis en évidence une augmentation de la masse osseuse, et le fait qu’elles étaient protégées contre la perte osseuse liée à l’ovariectomie. Plusieurs études ont également montré que les antagonistes des récepteurs CB₂ diminuent la perte osseuse. La désactivation des récepteurs CB apparaît donc comme la clé pour réduire la résorption excessive des os causant l’ostéoporose.

Prise de poids

 

Bien que certaines recherches aient été menées sur le fonctionnement du système EC chez les femmes en postménopause, il n’y a apparemment eu aucune étude sur la capacité des cannabinoïdes à réguler ou inverser la prise de poids dans ces circonstances. D’une manière générale, il apparaît cependant que les inhibiteurs des récepteurs DB ont également un rôle clé à jouer pour contrôler ce symptôme.

 

Plusieurs études ont démontré que le rimonabant, un agoniste sélectif inverse du récepteur CB₁, peut provoquer une perte de poids chez les humains, mais ce médicament a été retiré du marché en raison de la possibilité d’effets secondaires graves, comme des idées suicidaires.

Cependant, l’obésité est beaucoup moins prévalente chez les consommateurs de cannabis que dans le reste de la population, un fait qui peut être attribué à l’effet synergique du THC combiné au CBD. Par conséquent, le cannabis médical non-synthétique pourrait se révéler aussi efficace (sinon plus) que n’importe quel cannabinoïde synthétique, avec beaucoup moins d’effets secondaires potentiels.

 

Insomnie

 

 

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L’insomnie est un symptôme courant de la ménopause, que le cannabis peut soulager (© Alyssa L. Miller).

 

Encore une fois, aucune étude n’a encore été menée sur les propriétés anti-insomnie du cannabis chez les femmes en ménopause, mais plusieurs études attestent de la capacité de divers cannabinoïdes (naturels ou synthétiques), notamment l’anandamide et le Marinol (un médicament à base de THC synthétique), à accélérer l’endormissement, améliorer le repos et réduire la probabilité de se réveiller à mi-sommeil, comme l’a illustré cette revue de 2007.

 

Résistance à l’insuline

 

Plusieurs études ont été menées sur la relation entre le système endocannabinoïde, la résistance à l’insuline, et l’apparition du diabète. Il apparaît que les inhibiteurs des récepteurs CB jouent un rôle clé dans le contrôle de la résistance à l’insuline, car les souris « knock-out » CB₂ présentent une résistance réduite à l’insuline, et il a été démontré à plusieurs reprises que les inhibiteurs des récepteurs CB₁ réduisaient la résistance à l’insuline induite par le régime alimentaire.

Douleur

 

Là aussi, d’innombrables études sur les propriétés antidouleur du cannabis ont été publiées depuis des dizaines d’années, et le consensus semble être que les agonistes des récepteurs CB sont plus efficaces que les inhibiteurs pour le soulagement de la douleur. Il a été démontré que les agonistes des récepteurs CB₁, comme l’anandamide et les agonistes des récepteurs CB₂, comme l’AM1241 synthétique, ont un effet anti-nociceptif dans les cas de douleurs chroniques.

 

Anxiété

 

Le rôle précis du système EC dans le soulagement de l’anxiété reste sujet à discussion, mais il paraît dépendre de la dose administrée. De faibles doses d’agonistes des récepteurs CB semblent avoir un effet anxiolytique, alors que de fortes doses produisent l’effet inverse. En outre, la désactivation ou la suppression des récepteurs CB₁ semble avoir un effet anxiogène.

Perte de libido

 

Il a été démontré que l’AM251, l’agoniste inverse des récepteurs CB₁ augmente la motivation, la proceptivité et la réceptivité sexuelles chez les rates, suggérant un rôle possible des inhibiteurs des récepteurs CB₁ dans le traitement de la perte de libido chez la femme.

 

Le cannabis pourrait-il aggraver certains symptômes de la ménopause ? Sécheresse des membranes

Il est certain que le cannabis est lié à la xérostomie (sécheresse de la bouche). Dans la presse populaire, il est également souvent associé à la sécheresse vaginale, même s’il semble qu’il n’y a pas de preuves soutenant cette allégation. Une étude de 2209 intitulée « Cannabis and Sexual Health » (cannabis et santé sexuelle) semble en être l’origine mais, en regardant de plus près, il apparaît que le lien entre consommation de cannabis et sécheresse vaginale était en réalité trop ténu pour atteindre une quelconque signification statistique. En outre, le mécanisme régulant la lubrification vaginale est fondamentalement différent de la salivation.

En fait, il a été prouvé que le cannabis peut augmenter l’excitation sexuelle, ce qui a probablement un effet bénéfique plutôt que néfaste sur le processus naturel de lubrification vaginale.

 

Palpitations cardiaques

 

Bien que le consensus à ce sujet n’est pas très solide, il semble que le cannabis peut déclencher des événements cardiaques aigus chez les individus à risque. Il semble que les agonistes comme le THC sont plus susceptibles d’être impliqués dans ce genre d’événements, et il est recommandé d’éviter le THC si on souffre de palpitations cardiaques, et plus particulièrement en cas de trouble préexistant.

D’une manière générale, il apparaît que les inhibiteurs des récepteurs CB sont plus utiles pour le traitement des troubles liés à la ménopause, notamment l’ostéoporose, la prise de poids et la perte de libido, alors que les agonistes comme le THC sont plus utiles pour le traitement de la douleur, de l’anxiété et de l’insomnie.

 

ParSeshata écrivain cannabique freelance habitant à Amsterdam, aux Pays Bas.

 

Source: sensiseeds.com/fr


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