Répression, dépénalisation, légalisation... comment le cannabis divise au PS


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Lors du débat entre candidats à la primaire socialiste diffusé jeudi 15 septembre, Jean-Michel Baylet, président du Parti Radical de Gauche, a étonné les téléspectateurs en choisissant comme "carte blanche" les sujets de société et notamment la légalisation du cannabis.

 

Dans son livre programmatique L'audace à gauche, M. Baylet se déclare en effet favorable à "la légalisation du cannabis pour assécher les sources de financement des trafics de drogues, ainsi que le renforcement des moyens des brigades de lutte contre les trafics de stupéfiants, qui sont à l'origine de nouvelles formes de criminalité organisée toujours plus violentes."

 

Le 13 septembre, c'était Martine Aubry, autre candidate, qui répondait à cette question à l'occasion d'un chat avec les lecteurs du site Rue89. Elle s'est alors prononcée pour une dépénalisation, associée à un renforcement des sanctions sur les trafiquants. Lors du débat télévisé, elle a précisé son souhait : une "dépénalisation de l'usage pour ceux qui ont moins de 5 grammes dans la poche", et une plus forte pénalisation des trafiquants.



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Jean-Michel Baylet lors du débat entre les candidats de la primaire de la gauche, le 15 septembre 2011. Photo: REUTERS/POOL

 

DÉPÉNALISATION OU LÉGALISATION ?

 

 

-La dépénalisation consiste à supprimer les sanctions pénales pour l'usage du cannabis. Ce produit reste illégal, son commerce est toujours interdit, mais sa consommation peut faire l'objet d'une tolérance, soit en n'entraînant aucune poursuite, soit en étant sanctionnée d'une simple amende. La dépénalisation aurait donc comme intérêt de ne pas faire peser la répression sur le consommateur mais plutôt sur les trafiquants.

 

-La légalisation, quant à elle, consiste à rendre légal le cannabis, au même titre que le tabac par exemple. Son commerce peut être réglementé. Par exemple, Jean-Michel Baylet proposait lors du débat que le cannabis soit vendu en pharmacie, ce qui permettrait de contrôler la distribution et la qualité du produit.

 

Un des arguments en faveur de la légalisation est le bénéfice que l'Etat en tirerait. En août, l'économiste Pierre Kopp affirmait au Monde qu'une telle mesure pourrait rapporter un milliard d'euros chaque année, ce qui serait suffisant pour financer la prévention, et mettrait fin à une répression qui a coûté, selon l'OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies), 523 millions d'euros en 2007. Cependant, cet argument n'a pas été évoqué lors du débat sur France 2.

 

>> Lire sur Le Monde.fr : Cannabis : ce que la légalisation rapporterait au fisc

 

La solution de la légalisation avait été proposée au mois de juin par Daniel Vaillant, soutien de François Hollande et député-maire du 18e arrondissement de Paris, lors de la remise d'un rapport sur le cannabis. A l'époque, il avait confié au Monde qu'il préférait légaliser le cannabis pour se concentrer sur la pénalisation des conduites à risque. Il souhaitait également que soient reconnues les vertus thérapeutiques de la drogue.

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La question du cannabis est un des points sur lesquels les candidats de la primaire de la gauche se sont distingués. photo AFP/ Jeff Pachoud

 

La question du cannabis est un des points sur lesquels les candidats de la primaire de la gauche se sont distingués.photo: AFP/JEFF PACHOUD

 

 

MALGRÉ LA RÉPRESSION, LA FRANCE CONSOMME BEAUCOUP

 

S'ils diffèrent sur la marche à suivre, M. Baylet et Mme Aubry dressent un constat identique : la consommation de cannabis en France est une des plus importante d'Europe, de même que la répression des usagers. Selon les chiffres de l'OFDT, près de 3,9 millions de français entre 15 et 75 ans consomment régulièrement du cannabis, soit 8,5 % de la population. Un rapport de l'Observatoire Européen des drogues et de la toxicomanie (OEDT) montre que la moyenne en Europe est de 6,8 %. La France se place quatrième en proportion de consommateurs, derrière la République tchèque, l'Italie et l'Espagne, pays qui pratiquent une forme de dépénalisation.

 

La France est un des seuls pays d'Europe à condamner par des peines de prison la détention de cannabis. Et la répression prend de plus en plus importance. Le nombre d'interpellations ne cesse d'augmenter (elles ont été multipliées par huit en vingt ans) mais la consommation aussi, faisant dire que la répression ne vise qu'à condamner les consommateurs, et non à faire de la prévention.

 

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LES AUTRES CANDIDATS PLUS STRICTS

 

Chez les autres candidats à la primaire socialiste, les positions sont plus conservatrices. Malgré le rapport de son soutien Daniel Vaillant, François Hollande a assuré vouloir maintenir l'interdit. Sans laisser s'installer l'idée que tout est permis, il s'est néanmoins montré plus accomodant avec les consommateurs, souhaitant ne plus leur infliger de peines de prison.

 

Ségolène Royal, Manuel Valls ou Arnaud Montebourg ont fait savoir qu'ils étaient contre la dépénalisation. Leur argument principal est qu'un assouplissement de la législation sur le cannabis serait un mauvais signe donné aux jeunes quant à sa dangerosité.

 

Quant à la majorité, l'UMP précise qu'il n'est pas question de revenir sur la législation autour du cannabis, dénonçant "l'irresponsabilité" des candidats en faveur d'une dépénalisation.

 

Alexandre Léchenet

 

Source:Le Monde

 

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