Traitement de l'épilepsie par le cannabis : les Etats-Unis en plein questionnement


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Washington - Aux Etats-Unis, où 18 Etats autorisent désormais l'usage du cannabis à des fins thérapeutiques, l'intérêt pour le traitement de l'épilepsie par cannabinoïdes est croissant depuis la médiatisation de cas d'enfants épileptiques ayant retrouvé une vie quasi-normale après absorption de cannabis.

 

Les experts appellent toutefois à la prudence, les données attestant d'un réel bénéfice et d'une sécurité à long terme étant encore insuffisantes.

Les bénéfices du cannabis dans le traitement de l'épilepsie restent controversés. Si les cannabinoïdes sont considérés comme étant dotés de propriétés anticonvulsives, des études laissent penser que les effets seraient variables selon les crises et pourraient même, dans certains cas, provoquer des convulsions.

 

Aux Etats-Unis, la question du rôle des cannabinoïdes dans le traitement des crises d'épilepsie a pris en quelques mois de l'importance depuis que les médias rapportent les propos enthousiastes de parents ayant décidé d'expérimenter le cannabis pour traiter leurs enfants atteints d'épilepsie, après s'être approvisionnés dans l'un des Etats autorisant cette pratique.

De 300 crises par semaine à trois crises par mois

 

 

Parmi les cas médiatisés figure celui d'un jeune garçon de Californie de six ans présentant un syndrome de Dravet, une forme rare d'épilepsie infantile, dont CNN a fait écho. Interrogés, les parents ont expliqué que l'enfant était depuis longtemps immobilisé en raison des 22 comprimes d'anticonvulsivants pris chaque jour pour contrôler ses crises.

 

Après absorption d'un traitement liquide composé d'une forme non psychoactive de cannabis, l'enfant a pu passer une journée entière sans convulsions, pour la première fois depuis l'âge de quatre mois. « Ce n'est pas une marijuana thérapeutique, mais une marijuana miracle », a déclaré le père à CNN.

 

La chaine d'information a également évoqué le cas d'un enfant du Colorado, atteint du même syndrome, qui cumulait près de 300 crises tonico-cloniques par semaine, ce qui l'a amené à perdre sa capacité à marcher, à parler et à manger. Avec le même traitement, la fréquence des crises est tombée à trois par mois.

Dans les deux cas, le traitement contenait de faibles concentrations de tétrahydrocannabinol (THC), le composé responsable des effets psychotropes de la marijuana, et au contraire des concentrations élevées en cannabidiol, non psychoactif, considéré comme étant la substance aux propriétés médicinales.

Des études « de faible qualité »

 

 

Avec la multiplication de ces anecdotes, les neurologues s'attendent à un regain d'intérêt des parents, en particulier ceux dont les enfants sont atteints d'épilepsie réfractaires. En toute logique, ils devraient se montrer plus enclins à envisager le cannabis comme traitement.

« Lorsque les patients et les enfants sont confrontés à des situations difficiles, sans traitement efficace, il est normal que soient tentées toutes les solutions possibles », a souligné auprès de Medscape Medical News, le Dr David Labiner, neurologue à l'université de l'Arizona et responsable d'un programme d'étude sur l'épilepsie.

 

Il faut cependant considérer, selon lui, que les preuves cliniques de l'efficacité de l'usage thérapeutique du cannabis et surtout de sa sécurité à long terme ne sont pas encore clairement établies. « Les données sur l'efficacité et l'innocuité de l'usage de la marijuana et des cannabinoïdes restent limitées » dans cette indication, affirme-t-il.

Après avoir repris l'ensemble des études portant sur un traitement de l'épilepsie par le cannabis, une analyse publiée en 2012 confirme ce constat. Selon elle, « aucune conclusion fiable ne peut être établie à l'heure actuelle sur l'efficacité des cannabinoïdes comme traitement de l'épilepsie ».

 

En considérant une absence de crise au bout d'un an ou plus, ou trois fois l'intervalle le plus long entre deux crises, les auteurs de l'étude ont identifié quatre essais, pour un total de 48 patients randomisés entre un placebo ou une dose de cannabidiol de 200 à 300 mg par jour.

Bien qu'aucun de ces patients traités n'ait déclaré d'effets indésirables, il n'y a pas de conclusion à tirer, les études étant jugées « de faible qualité ». Le cannabidiol a été administré en toute sécurité, mais sur des périodes généralement courtes. L'innocuité à long terme « ne peut donc pas être évaluée de façon fiable ».

Le THC soupçonné de provoquer des crises

 

 

Le Dr Jonathan Mille, directeur des services de neurochirurgie fonctionnelle et de chirurgie de l'épilepsie des hôpitaux universitaires, à Cleveland, rappelle pour sa part, dans un commentaire accompagnant l'analyse, qu'en plus du manque d'efficacité de la marijuana, d'autres données suggèrent que le THC à faible dose peut provoquer des crises convulsives.

 

« Utilisée comme traitement contre l'épilepsie, la marijuana comporte des failles », estime le Dr Mille. Selon lui, « son effet psychotrope ne peut pas être considéré uniquement comme un simple effet indésirable » et, qu'ils soient anti ou pro convulsifs, « les effets de ses multiples composés restent encore flous », sans compter que la « sécurité à long terme n'a pas été suffisamment étudiée ».

 

Il souligne cependant la nécessité de poursuivre l'évaluation des bénéfices potentiels des cannabinoïdes, mais avec des essais cliniques plus fiables, afin de répondre au besoin pressant de nouveaux traitements contre l'épilepsie.

Pour déterminer l'efficacité et la sécurité du traitement, « le cannabidiol et autres cannabinoïdes associés à un minimum d'effets indésirables devraient être extraits de la marijuana et administrés à des doses précises aux cours d'essais cliniques randomisés contrôlés et en aveugle», a-t-il plaidé.

 

Dans le cas du garçon de Californie décrit par CNN, les parents ont indiqué s'être fourni en cannabis à l'Harborside Health Clinic, un dispensaire médical de cannabis de Oakland, en Californie, qui se présente lui-même comme « le plus grand magasin d'herbe au monde ».

L'établissement a assuré que tous ses produits étaient analysés pour garantir leur sécurité, en vérifiant notamment l'absence de moisissures pathogènes. Mais pour le Dr Mille, comme pour le Dr Labiner, si les cannabinoïdes sont présentés comme des anti-épileptiques efficaces, ils devraient être fournis au public avec les mêmes garanties que pour tout autre traitement pharmacaceutique..

 

« Plutôt que de maintenir les patients éloignés de ces composés, comme l'envisagent les forces de l'ordre et beaucoup de nos élus, nous avons besoin de soutenir les efforts visant à déterminer la meilleure façon de les utiliser, sans que cette responsabilité soit attribuée au 'plus grand magasin d'herbe du monde' », a affirmé le Dr Labiner.

Le public « induit en erreur »

 

 

L'Académie Américaine de Pédiatrie (AAP) s'est déclarée également en faveur d'initiatives visant à mieux cerner les bénéfices éventuels du cannabis médical. Elle reste toutefois opposée aux lois légalisant son usage thérapeutique, les règlementations encadrant son exploitation n'étant pas satisfaisantes.

 

« L'APP est pour davantage de recherche afin de mieux cerner l'intérêt de ces substances d'un point de vue thérapeutique et leurs effets secondaires, qui pourraient être sous-estimés », a confirmé le Dr Sharon Levy (Boston Children's Hospital Boston), professeur adjoint de pédiatrie à la Harvard Medical School.

 

Cependant, « l'APP n'approuve pas les lois en cours sur la 'marijuana médicale' en raison du contournement des règlementations mises en place pour protéger les patients et en particulier les enfants, une population particulièrement vulnérable », a ajouté le Dr Levy, auprès de Medscape Medical News.

 

Tout en considérant les cas d'épilepsie contrôlée, rapportés par les médias, comme « convaincants », elle estime que cette valorisation du cannabis thérapeutique induit en erreur le public, car elle fait abstraction du niveau encore insuffisants des recherches sur ce sujet.

« Cela sous-entend, à tort, que la marijuana constitue un traitement reconnu, ce qui conduit les gens et les parents à l'utiliser dans n'importe quelle condition ».

 

Or, lorsqu'il s'agit d'expérimenter des substances, qui plus est sur des enfants, il convient de laisser cette pratique à des experts, qui agissent dans des conditions maitrisées, a-t-elle ajouté.

« J'apporte tout mon soutien à ces parents qui tentent de plaider en faveur de quelque chose qui leur semble bénéfique pour leur enfant », a affirmé le Dr Levy. « Mais, tâchons de choisir la bonne manière, celle utilisée pour les autres médicaments, et ce afin d'éviter les erreurs, inévitables lorsque des raccourcis sont privilégiés ».

 

Ce sujet a fait l'objet d'une publication dans Medscape.com

 

Auteurs : Vincent Richeux, Nancy A. Melville

 

Source: medscape.fr

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Plop !

 

Merci pour la news !

 

Je suis pas étonné vu que dans le cas de ma maladie ( sponylarthrite ankylosante) j ai des douleurs "neuropathiques" sur lesquelles rien ne fonctionne a part un medoc ( le rivotril) qui se trouve etre un anti epileptique .....

 

Ca fais d ailleur plusieurs années que je ne prend plus ce médoc ( effets secondaires, dependance etc.....) et que je l ai remplacé par la weed / volcano !

 

Et la aussi j ai remarqué que récolter tot j avais l effet inverse ( ca augmentais mes douleurs ) , en résumé le cdb en tout cas dans mon cas perso est un très bon antiflamatoire / myorelaxant / antalgique ( sur les douleurs neuropathiques) aussi efficace que les medocs mais sans les effets secondaires (horrible a long terme) de ce genre de medoc !

 

Bonne soirée

 

@+

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