Cannabis et risque CV : gare à l’interprétation « fumeuse » des données


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Depuis quelques jours nous voyons surgir sur la toile, les réseaux sociaux, les actualités une étude mettant en avant les risques cardiovasculaire du cannabis.

 

Étude arrivés a un moment opportun de l'actualité avec l'Uruguay qui légalise officiellement, des états américains qui continuent a légaliser/dépénaliser dans différents états etc..

L’État Français même si ce n'est pas afficher garde un œil sur tout ca sentant certainement le vent changer.

 

Je vous présente ici une autre explication des résultats de cette étude.

 


 

Toulouse, France – « L’augmentation croissante des complications cardiovasculaires associées à la consommation de cannabis et leur caractère extrêmement grave (avec un taux de décès de 25,6%) montre que le cannabis est un facteur de risque de maladie cardiovasculaire chez les jeunes adultes ; ce qui confirme les données déjà disponibles. »

Telle est la conclusion plutôt alarmiste d’une étude française rapportée dans le Journal de l’American Heart Association (AHA) [1,2].

 

Pourtant, à y regarder de plus près, l’étude émet certes un signal, en particulier chez les sujets à risque cardiovasculaire mais, elle ne permet ni d’affirmer un lien de causalité entre la consommation de cannabis et le risque d’accidents cardiovasculaires ni d’écarter le rôle du tabac dans cette association.

 

« L’étude n’a pas la prétention d’établir un lien de causalité. Elle montre un signal mais on peut s’attendre à ce que les complications cardiovasculaires associées au cannabis soient rares », a relativisé l’auteur principal de l’étude Emilie Jouanjus (Docteur en pharmacie, INSERM UMR1027, Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse) pour Medscape France.

 

Pourquoi, il faut étudier la question

 

En Europe, la consommation de cannabis est élevée : 14,9% des 15 à 24 ans et la France y fait figure de mauvais élève. Elle se positionne en troisième position après la République Tchèque et l’Espagne. La question de la toxicité cardiovasculaire du cannabis mérite donc d’être posée.

C’est en prenant connaissance de quelques cas d’hospitalisations d’origines cardiovasculaires (IDM, AVC, thromboses) inexpliquées chez des jeunes, grands consommateurs de cannabis, que les auteurs ont décidé de pousser plus loin les investigations [3].

 

« Ces données inattendues méritaient des analyses approfondies, en particulier parce que l’utilisation de cannabis à usage thérapeutique est devenue plus fréquente et que certains gouvernements légalisent son usage », a expliqué Emilie Jouanjus.

 

Sur l’ensemble des complications, 2% étaient d’origine cardiovasculaire

 

L’équipe de Toulouse a analysé les notifications spontanées de complications liées à la consommation de drogues au réseau national d’addictovigilance entre 2006 et 2010. Pendant cette période, 1979 complications liées à la consommation de marijuana ont été rapportées.

Sur ces 1979 cas, principalement psychiatriques, 35 (2%) étaient des problèmes cardiovasculaires graves frappant des hommes autour de 34 ans.

 

Sur les 35 cas, les chercheurs ont recensé 20 infarctus du myocarde, 10 artériopathies des membres inférieurs et trois accidents vasculaires cérébraux. Neuf patients sont décédés (25,6%) des suites de leurs problèmes cardiovasculaires.

 

L’exposition au cannabis était occasionnelle (au moins une fois dans l’année) pour près d’un quart des victimes (n=8), récente (entre une et neuf fois dans les 30 derniers jours) pour 6 d’entre elles et régulière (au moins 10 fois dans les 30 derniers jours) pour près de la moitié (n=16). Cinq cas n’étaient pas renseignés. La durée d’exposition n’était connue que pour 5 cas.

Les chercheurs ont aussi constaté que les complications cardiovasculaires liées à la consommation de cannabis avaient triplé entre 2006 et 2010.

 

Pour les auteurs, ces chiffres sont probablement sous-estimés car « actuellement, 5% des cas de réactions au drogue sont rapportés à la pharmacovigilance ». Or, en France, il y aurait 1,2 million de consommateurs réguliers de cannabis…

 

Oui mais…

 

Oui mais…à la lecture de l’article, il est clair que les données rapportées sont entourées d’un certain flou inhérent à ce type d’étude. Il est donc important de ne pas tirer de conclusions hâtives.

Les auteurs concèdent même que «  leur travail est quelque peu limité par le manque d’informations disponibles. »

 

Ils indiquent « […] que les événements étaient trop peu nombreux pour évaluer statistiquement si les complications cardiovasculaires étaient dues à la consommation de cannabis ou à d’autres facteurs de risque. »

 

On note, par exemple, que les informations concernant les antécédents cardiovasculaires et les facteurs de risque des fumeurs de cannabis victimes d’accidents cardiovasculaires ne sont disponibles que dans 16 cas sur 35 (46%). Or, sur ces 16 cas, 9 personnes avaient des antécédents personnels de maladies cardiovasculaires et 7 des antécédents familiaux de maladies cardiovasculaires.

 

Il semble donc que les cas répertoriés touchent principalement des personnes à risque cardiovasculaire. On peut regretter que cette précision ne figure pas explicitement dans les conclusions des auteurs.

 

Autre source potentielle de biais, 21 des 35 sujets (60%) étaient également des fumeurs de tabac dont 6 avaient des antécédents personnels de maladies cardiovasculaires.

 

Interrogée par Medscape France, Emilie Jouanjus explique que « le tabac est évidemment un facteur à prendre en compte mais que cette question n’est pas abordée dans l’étude de par sa méthodologie. L’étude ne permet pas de discriminer l’impact propre du cannabis de celui du tabac. En revanche, une étude publiée en 1975 qui a comparé directement cannabis et tabac montre que chez des patients coronariens soumis à un exercice physique ceux qui fumaient du cannabis ont fait plus d’angors que ceux fumaient du tabac [4]. »

 

L'étude ne permet pas de discriminer l'impact propre du cannabis de celui du tabac. Emilie Jouanjus

Enfin, les données sur l’utilisation d’autres substances illicites associées à un risque cardiovasculaire accru sont, elles aussi, incomplètes.

 

Les analyses toxicologiques sont fournies dans 13 cas (37%).

Elles confirment la présence de Δ9‐tetra‐Hydrocannabinol (THC) dans tous les cas, mais elles rapportent aussi la présence d’alcool en plus dans un cas, et d’alcool, plus opiacés, morphine, salicylates et phénothiazine (antipsychotique) dans un autre cas. Chez les autres patients non testés (22), deux autres patients ont rapporté consommer également de la cocaïne et d’autres drogues (ecstasy, benzodiazépines, opiacés).

 

Un signal cardiovasculaire à surveiller

 

En conclusion, cette dernière publication et plusieurs travaux réalisés auparavant [3-7] incitent à surveiller ce signal cardiovasculaire chez les jeunes hommes fumeurs de cannabis, en particulier chez ceux qui ont des facteurs de risque cardiovasculaires. Mais, d’autres études sont nécessaires pour évaluer l’existence réelle d’un lien de causalité.

 

Pour approfondir le sujet, Emilie Jouanjus a pour projet d’analyser, parmi les jeunes hommes hospitalisés au CHU de Toulouse pour des complications cardiovasculaires, lesquels ont consommé des substances illicites et, en particulier, du cannabis.

 

En parallèle, elle souligne que de nouvelles études fondamentales de pharmacologie sont nécessaires pour tenter de mieux comprendre les mécanismes d’action qui pourraient expliquer que la consommation du cannabis provoque des accidents cardiovasculaires.

 

Mécanismes impliqués : des hypothèses à vérifier

 

Les récepteurs spécifiques aux dérivés cannabinoïdes sont présents dans le système nerveux central mais aussi au niveau des vaisseaux et du cœur. Cependant, reste à savoir si l'effet des dérivés cannabinoïdes sur ces récepteurs est plutôt protecteur ou délétère. Les études sont pour l'instant contradictoires.

 

« Il existe clairement un effet au niveau du système nerveux autonome mais, il varie selon le niveau d'exposition. Les effets d'une exposition en aigu sont très différents de ceux observés avec une consommation chronique. Pour l'instant, en l'état actuel des connaissances on ne connait pas précisément les mécanismes impliqués », explique Emilie Jouanjus.

Les auteurs n'ont pas rapporté de liens d'intérêts. L'étude a été financée par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et toxicomanies (MILDT) et Agence Nationale de Sécurité des Médicaments (ANSM).

 

Références
  1. Communiqué AHA. Marijuana use may increase heart complications in young, middle-aged adults. American Heart Association . Rapid Access Journal Report. 23 avril 2014

  2. Jouanjus E, Micallef J, Lapeyre‐Mestre M. Cannabis Use: Signal of Increasing Risk of Serious Cardiovascular Disorders. J Am Heart Assoc. 2014; 3: e000638 originally published April 23, 2014, doi: 10.1161/​JAHA.113.000638

  3. Jouanjus E, Leymarie F, Tubery M, Lapeyre‐Mestre M. Cannabis‐related hospitalizations: unexpected serious events identified through hospital databases. Br J Clin Pharmacol. 2011; 71:758-765.

  4. Aronow WS, Cassidy J. Effect of smoking marihuana and of a high‐nicotine cigarette on angina pectoris. Clin Pharmacol Ther. 1975; 17:549-554.

  5. Mittleman MA, Lewis RA, Maclure M et coll.. Triggering myocardial infarction by marijuana. Circulation. 2001; 103:2805-2809.

  6. Thomas G, Kloner RA, Rezkalla S. Adverse cardiovascular, cerebrovascular,and peripheral vascular effects of marijuana inhalation: what cardiologistsneed to know. Am J Cardiol. 2014;113:187–190.

  7. Beaconsfield P, Ginsburg J, Rainsbury R. Marihuana smoking. Cardiovascular effects in man and possible mechanisms. N Engl J Med. 1972;287:209–212.

 

Source: https://www.medscape.fr/voirarticle/3600559

 

 

 

 



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Yop

Merci pour l'info :supair:

Donc, d'après cette analyse, et d'après notre mode de consommation "européen" du cannabis : il est extrêmement difficile de faire la part des choses entre les risques du tabac et les risques du cannabis..
Edn effet, la majorité des fumeurs de cannabis consommant également du tabac (ou mélangeant leur joint avec du tabac-et c'est mon cas, du mal en fumant pur ou avec le vapo...), comment pouvoir affirmer que les risques d'AVC sont liés directement au cannabis ?

++++

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salut,

 

Pour te répondre on ne peut pas affirmer que les risques d'avc sont du au cannabis.

 

Tant qu'ils feront pas de tests ou seul le cannabis est ingérer / inhaler / fumer ce sera toujours le flou.

 

Et même entre de la beuh fumé (joint de beuh sans tabac) et la beuh inhalée y a de fortes chances que ça varie.

 

@++

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Yep

 

Moi je pense qu'ils les ont déjà les analyses y'a qu'à se pencher un peu sur les choses existante:

 

Entre les hopitaux qui carbure à la weed (Il me semble en Israel et en Suisse) (donc facile de prendre les stats de décès ou les stats des machines cardios...)

Les pays ou la tradition veut qu'on fume pure (je pense à beaucop d'île de la caraïbe ou de spays d'amérique du sud....et encore il doit y en avoir plein d'autres....)

Les endroits ou l'on peut fumer librement (Je pesne au coffee shop et autre slieu aux states ou c'est légalisé...)

 

Bref au lieu de regarder son nombril on f'rai un peu mieux de regarder celui des autres pour voir comment il est fait avant de faire une chirurgie plastique.....et on s'apercevrai bien qu'il est identique et à la fois propre à l'individu.....

 

Aujourd'hui on a toutes les infos mais on s'en sert pas.......

 

Pey

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Hello

 

Aujourd'hui on a toutes les infos mais on s'en sert pas.......

 

Il y a surtout un vrai boycotte de l'information, nous en parlions cet après midi justement mais combien de 20h ont parler de l’Uruguay? des états unis? C'est a peine si y a 2 min sur les Us..Lool

les 3/4 des sujets que je poste ne sont jamais aborder par les médias, sauf quant il s'agit d'une étude négative... Pourtant j'utilise les mêmes sources que n’importe journaliste..

 

Alors que cette étude a été reprise par touts les médias français...

Il suffit de taper cannabis dans google actualités pour voir que les seules articles qui sont publier/repris en France sont soit négatif soit des faits divers d'arrestation.

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Mes salutations à tous,

 

Avez-vous remarqué qu'aucun de ces journalistes n'a encore trouvé judicieux de questionner l'habitude de retenir son souffle durant l'inhalation?

 

J'ai eu le même réflexe tout au long de ma vie de fumeur mais aujourd'hui je tente d'en changer en mettant davantage l'accent sur le besoin de continuer à s'oxygéner, ce qui d'autre part semble m'aider à mieux goûter.  Il s'agit d'aspirer ce qu'on peut en se gardant de l'espace pour une dernière bouffée d'air qui finira de faire pénétrer le fumet sans se stresser, je n'attends pas longtemps avant d'en relâcher une petite fraction pour aussitôt inspirer à nouveau une autre bouffée d'air qui poussera un peu plus loin la diffusion.  Chaque fois la bouffée d'air frais devient un peu plus conséquente tandis que le fumet reste en mouvement.  En fin de compte j'obtiens généralement entre 3 à 5 belles expirations bien senties (plus profondes) selon ce procédé plus relaxant.

 

:culture:

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