Cannabis. Questions sur la légalisation


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Envisagée par les deux candidats à la présidentielle qui viennent successivement de tenir meeting à Brest (Jean-Luc Mélenchon, mardi soir, et Benoît Hamon, ce mercredi), la légalisation du cannabis soulève nombre de questions, loin d'être toutes idéologiques. À Brest, experts et professionnels sont divisés sur la question.

 

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Pour certains spécialistes, la légalisation du cannabis soulève notamment des questions de sécurité routière. (Photos d'archives Le Télégramme)
 

« Il y a quelques années, en région parisienne, une grosse descente de police avait été organisée dans les quartiers, à la suite d'un échange de tirs entre bandes rivales, à proximité d'une école maternelle. Pendant plusieurs mois après ça, plus personne ne pouvait payer son loyer... ». Entendue de la bouche d'un magistrat dans la salle des pas perdus du tribunal de grande instance de Brest, cette histoire révèle, à elle seule, la complexité de la question de la légalisation du cannabis. Bien au-delà des simples clivages idéologiques.

 

« Évidemment qu'à Brest, une légalisation de ces produits ne serait pas sans conséquences sur certains quartiers », confirme Bastien Diacono, vice-procureur au parquet de Brest, chargé des stupéfiants.

 

À Brest, en début d'année, treize personnes ont comparu dans le cadre d'un vaste trafic, « probablement l'un des plus importants qu'a jamais connus la région », selon une source proche du dossier. Toutes ont été condamnées à des peines allant jusqu'à six ans de prison ferme. Selon les conclusions de l'enquête (de neuf mois) ayant permis de faire tomber ce réseau, pas moins de 20 à 100 kilos de cannabis étaient convoyés chaque semaine. Par ce seul biais.

 
Derrière les gros trafics, des dizaines de bénéficiaires

Il subsisterait aujourd'hui trois ou quatre autres trafics d'importance approchante dans la cité du Ponant. À la tête de ces réseaux, une ou plusieurs personnes ayant des contacts à Toulouse ou Marseille, et capables d'importer de tels volumes de drogues depuis le Maroc, l'Espagne ou les Pays-Bas. « Derrière chaque grossiste se cachent au moins trois revendeurs, poursuit la source policière. Et derrière ces revendeurs, au moins le triple encore de petits détaillants ».

 

Pour la seule affaire évoquée plus haut, ce sont ainsi plus d'une centaine de personnes qui auraient tiré des bénéfices de ce juteux trafic. Selon une étude du think-tank progressiste Terra Nova, ce ne sont pas moins de 100.000 personnes « qui vivent ou vivotent » de ce trafic en France.

 

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La légalisation du cannabis a ses partisans, tel le Dr Pierre Bodenez , chef du service Alcool et Toxicologie du CHU de Brest, et ses détracteurs, comme Bruno Vidal (à gauche), officer de police judiciaire. (Photos d'archives Le Télégramme)

 

« L'argent reste le moteur »

Acheté entre 2.500 et 3.500 €, un kilo de cannabis peut rapporter jusqu'à trois fois plus. L'enquête conjointement menée par le groupe d'intervention régional (GIR) Bretagne, la brigade des stupéfiants et la police judiciaire de Brest avait, en outre, permis de faire main basse sur 274.000 € (des transferts d'argent vers Dubaï et l'Afrique du Nord avaient également été avérés) et... de révéler l'import à Brest d'une importante quantité de cocaïne (27 kilos). « C'est un phénomène qu'on observe depuis trois, quatre ans à Brest, confirme Bastien Diacono.

 

Les trafics ne sont plus cloisonnés comme avant. Aujourd'hui, tout convoi de cannabis s'accompagne de poudre blanche... ». Un constat qui fait dire aux opposants à la légalisation que cette dernière ne ferait que déplacer le problème. « Si les législateurs en venaient à légaliser, il nous faudrait gérer une autre forme de délinquance, poursuit le magistrat.

 

Le trafic se déporterait évidemment sur autre chose, le besoin d'argent ne disparaîtrait pas. Et c'est bien l'argent qui reste le moteur du trafic... ». « Si on légalise le cannabis, tous les dealers vont se mettre à vendre plus de coke et d'héroïne », acquiesce Bruno Vidal, de la police judiciaire.

À Brest, 1,5 g de cocaïne avait ainsi été saisi en 2001. Quinze ans plus tard, en 2016, ce chiffre est passé à... 1,7 kilo. Plus de mille fois plus.

 

Thierry Dilasser

Source: letelegramme.fr

 

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Bonjour,

 

L'argument selon lequel les dealeurs se rabattraient sur la coke ou l'héro, n'a pas de sens selon moi. Il n'y a pas 2 millions de consommateurs de poudre en France et je ne vois pas pourquoi le fait d'avoir le cannabis légal pousserait les fumeurs/vaporiseurs à s'enpoudrer les narines ! Par contre, le problème du manque à gagner pour les cités est à prendre en considération.

 

Bonne journée

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