La légalisation du cannabis en débat au Maroc


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Le Parti authenticité et modernité a déposé un projet de loi visant à légaliser le cannabis et réclame l'amnistie pour les cultivateurs du Rif arrêtés pour en avoir cultivé. Le Parti de la justice et de développement, au pouvoir, accuse ses opposants de manœuvre électoraliste.

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Le cannabis du Rif est en train d'être remplacé progressivement par d'autres cultures. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Le Parti Authenticité et Modernité (PAM, opposition) veut mettre un terme à l’hypocrisie. Le Parti de la justice et du développement (PJD, au pouvoir) dénonce un coup électoraliste. En 2015, des élus du PAM ont déposé une proposition de loi visant à légaliser le cannabis à usage industriel et thérapeutique. Pour affiner et promouvoir leur initiative, ils avaient au préalable effectué une tournée dans le Rif, région productrice et également fief électoral du parti.

 

L’année suivante, Ilyas El Omari (lire pp. 84-85), le secrétaire général du PAM et désormais président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, est même parvenu à faire signer à l’université Mohammed-V une convention afin que le prestigieux établissement public réalise une étude sur les utilisations médicales et environnementales du kif.

 

Si le cannabis avait réellement des bienfaits, le Maroc serait devenu un grand champ

Depuis, la convention est au point mort. De même que la proposition de loi, qui n’a jamais été mise à l’ordre du jour au Parlement. « Le PJD s’y est opposé. Il a fait circuler l’idée saugrenue que nous voulions détruire le pays », déplore Abdelaziz Benazzouz, député PAM, corédacteur de la proposition. « C’est du bluff purement électoraliste, rétorque Abdelaziz Aftati, ex-élu PJD. Le cannabis est une activité de mafieux, s’il avait réellement des bienfaits, le Maroc serait devenu un grand champ de cannabis ! »

 

>>> A LIRE – Maroc : PAM – PJD, la guerre du kif

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Une culture en baisse constante

Un haut fonctionnaire proche du ministère de l’Intérieur estime que la légalisation du haschisch à usage industriel et thérapeutique engendrerait une « décontraction sociale » et propose de créer une économie alternative capable de sortir les Rifains de la pauvreté, d’autant que la surface cultivée a baissé de 65 % en dix ans, passant de 134 000 ha en 2003 à 47 196 ha en 2013. Pas de quoi monter une industrie.

 

Le PAM en a désormais fait une question de droits humains et a élaboré une deuxième proposition de loi, demandant l’amnistie de tous les agriculteurs arrêtés ou en fuite pour avoir cultivé du cannabis – ils seraient 45 000, selon le parti. « Les cultivateurs rifains vivent dans la psychose, plaide Benazzouz. Ils encourent de six mois à deux ans de prison. Ceux qui en profitent sont les barons de la drogue. »

 

La légalisation permettrait aux laissés-pour-compte de vendre leurs récoltes en toute tranquillité à une agence nationale chargée de la distribution et de l’export. Pour poser des limites et garder le contrôle de la situation, le kif ne serait autorisé que dans les zones où toute autre culture est impossible.

 

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Source: jeuneafrique.com

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