France - Les nouveaux usages du cannabis


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La France n'est pas la Hollande. La législation de notre pays en matière de stupéfiants n'a évidemment rien à voir avec celle, très libérale, des Pays-Bas. Pourtant, il est tout à fait possible en France aujourd'hui, de consommer du cannabis acheté dans une boutique ayant pignon sur rue.

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Ces «coffee-shops», qui depuis plusieurs mois fleurissent sur le territoire français, profitent du récent développement du marché européen des produits à base de cannabidiole (CBD), une substance contenue dans le cannabis qui n'est pas interdite en France, contrairement au THC.

Huiles, feuilles et fleurs

Le CBD n'a pas d'effet «stupéfiant», il n'agit pas sur le psychisme. Vendu sous forme d‘huile, de résine, de feuilles, de fleurs ou de liquide pour cigarettes électroniques, le cannabidiole ne «défonce» pas, mais il aurait un effet positif sur l'anxiété, sur le stress. Il serait aussi une aide précieuse pour combattre l'addiction. Et certains consommateurs lui prêtent des propriétés antivomitives. Pour le moment, aucune étude reconnue ne confirme les témoignages des consommateurs de CBD, et il est formellement interdit aux vendeurs d'utiliser l'argument thérapeutique dans la promotion de leurs produits.

Parmi les consommateurs de cannabidiole, des malades du cancer trouvent dans ce produit un moyen de calmer les effets secondaires de la chimiothérapie. Bertrand Rambaud, président de l'Union francophone pour les cannabinoïdes en médecine, est lui malade du Sida et considère le cannabis comme un «médicament» indispensable : «Sans le cannabis, je ne peux pas prendre mes traitements, les effets secondaires sont trop violents et sans mes traitements je suis mort. Il est nécessaire dans mon cas de pouvoir avoir accès aux deux.»

À Toulouse, William, de la boutique Smoke Dog, confirme une clientèle intéressée par les effets médicaux du cannabis. Notamment «des gens qui combattent une dépendance». William explique : «Des addictologues m'envoient certains de leurs patients pour acheter des fleurs. Des gens de 40 à 50 ans qui ont été des gros fumeurs d'herbe, pour qui la gestuelle est importante». Pourtant, affirme William, «ce type de produits n'est pas celui qui fait ressentir le plus les effets du cannabidiole, les huiles, par exemple, peuvent être bien plus concentrées en CBD

CBD autorisé, THC interdit

L'ambiguïté de certains produits CBD dont l'emballage affiche la présence de «THC inférieur à 0,2 %», a dernièrement fait réagir les pouvoirs publics. Le 11 juin dernier la mission interministérielle de lutte contre les drogues a publié un communiqué pour rappeler que la vente de produits finis contenant du THC était strictement interdite par la loi, ciblant directement les articles au cannabidiole. La ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est également exprimée sur le sujet, la semaine dernière, faisant planer une menace de fermeture sur les coffee-shops qui ne respecteraient pas la loi.

Pour autant, Agnès Buzyn, reste ouverte au débat sur l'usage thérapeutique du cannabis. Sur France Inter, en mai dernier, la ministre a affirmé «qu'il n'y a aucune raison d'exclure, sous prétexte que c'est du cannabis, une molécule qui peut être intéressante pour le traitement de certaines douleurs très invalidantes».

Elle se positionne ainsi dans la continuité de la politique initiée en 2013 par Marisol Touraine. La ministre de la Santé d'alors avait autorisé la mise en vente de médicaments à base de cannabis. En 2014, le Sativex, contenant du CBD et du THC destiné à soulager les malades de scléroses en plaques, recevait une autorisation de commercialisation. Aujourd'hui, pourtant, le Sativex n'a toujours pas été mis en vente en raison d'un désaccord sur le prix entre le laboratoire qui le produit et le Comité économique des produits de santé. Deux autres médicaments à base de cannabis sont également disponibles en France, l'un contre les effets secondaires de la chimiothérapie et l'autre pour combattre les crises d'épilepsie, mais tous deux sont soumis à des autorisations temporaires d'utilisation.

L'image du cannabis en France pourrait donc rapidement changer sous l'impulsion de patients qui revendiquent de plus en plus son usage thérapeutique. Reste cependant à définir un champ légal à l'utilisation médical d'une plante longtemps considérée seulement comme une drogue.

 

En France, la mise à l'amende du cannabis

Contrairement à certains de ses voisins européens, la France ne s'est jamais engagée sur la voie de la dépénalisation du cannabis. Au contraire, elle va renforcer son arsenal juridique avec la mise en place d'une amende de 250 euros pour les consommateurs de cannabis pris sur le fait par la police. Cette mesure s'inspire d'un rapport parlementaire présenté en janvier dernier que la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a inscrit dans le projet de loi sur la procédure pénale qui sera présenté d'ici quelques mois. Le but de cette amende : punir de façon plus efficace les consommateurs de drogues. En 2015, 140 000 personnes étaient interpellées, et seules 1 283 peines de prison ferme ont été prononcées, une majorité des interpellés ayant écopé d'un rappel à la loi. Selon Nicole Belloubet, cette nouvelle procédure «ne viendra pas se substituer aux autres types de réponses pénales déjà existantes». La loi de 1970 prévoit un an de prison et 3 750 euros d'amende pour la consommation de cannabis. La ministre n'a pas retenu la proposition du rapport qui préconisait de transformer ce type de délit en infraction, permettait aux consommateurs d'éviter le procès, et ouvrait la voie à la dépénalisation.

 

Source: ladepeche.fr

 

Sondage : les Français et le cannabis

Sondage : les Français et le cannabis
Sondage : les Français et le cannabis 

Où en sont les Français avec le cannabis ? Une enquête réalisée par l'Ifop pour Terra Nova dresse le portrait d'une opinion en train de changer. 51 % des Français seraient ainsi favorables (40 % ont une opinion contraire) à «une régulation et un encadrement du cannabis» géré par l'état et selon certaines règles bien établies (interdit aux mineurs, au volant et dans les lieux publics). Les Français reconnaissent les effets positifs que pourrait apporter une telle réforme (recettes fiscales, renforcement de la lutte contre le marché illégal) mais souhaitent, à une très large majorité, l'organisation d'un grand débat. L'enquête nous apprend également que les sympathisants de gauche sont les plus nombreux à avoir déjà «tiré sur un pétard» (Ecologistes 55 % et LFI 52 %), Les Marcheurs ne sont plus que 29 % et Les Républicains 22 %. Mais surprise, au Rassemblement national (ex-FN), ils sont 39 % à avoir essayé. Comme les Insoumis, l'électorat du RN est jeune et les moins de 35 ans sont 45 % à avoir bravé cet interdit.

 

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