Cannabis: en Uruguay, une législation pionnière qui avance pas à pas


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Pionnier dans la légalisation de la consommation du cannabis, l'Uruguay a autorisé il y a un an sa vente en pharmacie. D'abord réfractaire, la population y est désormais favorable, et des experts soulignent son impact potentiel sur le commerce illicite.

 

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Un homme montre du cannabis qu'il vient d'acheter légalement dans une pharmacie de Montevideo, en Uruguay, le 19 juillet 2017 AFP/Archives - MIGUEL ROJO

 

 

En décembre 2013, le petit pays d'Amérique latine (3,5 millions d'habitants) attirait les regards du monde entier en devenant le premier de la planète à légaliser la production, la distribution et la consommation du cannabis à des fins récréatives. Le Canada sera le deuxième à partir de mercredi.

 

Trois modes d'accès sont prévus par la loi uruguayenne : la culture à domicile pour consommation personnelle, l'appartenance à un club cannabique ou, depuis le 19 juillet 2017, l'achat en pharmacie d'une production fournie par des entreprises privées, ce dernier volet ayant été le plus difficile et long à mettre en oeuvre.

Selon Monitor Cannabis, une équipe d'universitaires qui étudient la mise en pratique de la loi, "trois années après la mise en place de la réglementation, l'évolution de la consommation de cannabis montre une augmentation qui n'est pas spectaculaire par rapport à la tendance" générale, à la hausse depuis le début des années 2000.

 

Autrement dit, la consommation augmente en Uruguay et a continué de progresser après la mise en place de la loi, mais sans connaître d'accélération. L'évolution principale vient du fait que depuis l'entrée en vigueur de la législation, il est possible d'avoir des statistiques provenant du marché officiel.

 

Les quatre variétés disponibles sont en vente dans des petits sachets fermés de cinq grammes, à 1,40 dollar le gramme. Chaque consommateur, dûment enregistré, peut acheter 40 grammes par mois. Seuls les citoyens uruguayens ou ceux qui possèdent un permis de résidence peuvent s'inscrire.

Les dernières données fournies par l'Institut de régulation et de contrôle du cannabis (IRCCA) montrent que les consommateurs de marijuana sont déjà 54% à avoir régulièrement recours à une des alternatives proposées dans le cadre légal, alors qu'ils ne pouvaient se fournir jusque-là que sur le marché illicite.

 

- Files d'attente -

 

La mise en place de cette réglementation pionnière a toutefois connu quelques soubresauts : problèmes à la récolte, limitations imposées par les banques, obligées de se conformer à la législation américaine sur les stupéfiants, pour les entreprises travaillant dans ce secteur et souhaitant ouvrir un compte.

 

A ce jour, l'Uruguay compte près de 7.000 cultivateurs à domicile, 107 clubs cannabiques et 28.500 consommateurs légaux, soit six fois plus que le nombre enregistré pour le premier jour de vente, selon des chiffres officiels.

En raison des tracasseries bancaires, de la crainte que les magasins vendant du cannabis soient la cible de criminels, ainsi que du rejet de certains pharmaciens, seules 17 officines proposent actuellement la substance.

Entre juillet 2017 et juillet 2018, 1.200 kg de marijuana ont été vendus, ce qui signifie que 100% de ce qui a été produit est arrivé jusqu'au consommateur, averti par les pharmaciens d'une nouvelle livraison. Mais le volume de production ne satisfait pas la demande et des files d'attente sont souvent visibles devant les magasins concernés.

 

"La priorité est d'élargir la couverture du système. Si les personnes enregistrées pour une des trois formes d'accès pouvaient recevoir aujourd'hui leurs 40 grammes mensuels, selon les données de Monitor Cannabis, elles enlèveraient au marché illégal 50% de la demande totale de cannabis, soit 22,5 millions de dollars", souligne le sociologue Sebastian Aguiar dans un ouvrage sur le sujet intitulé "Un an de progrès et de possibilités".

D'autant que lorsque le projet de loi fut présenté par l'ancien président de gauche José Mujica (2010-2015), l'argument était de combattre le trafic de drogue.

 

Le gouvernement actuel de Tabaré Vazquez, du même parti que José Mujica, aborde une nouvelle étape sur la prévention : le lancement le 1er octobre d'une campagne nationale intitulée "Règlementer, c'est être responsable" qui vise, dans le cadre de la loi, à informer le public sur "les risques, les effets et les potentiels dommages (pour la santé) de la consommation de cannabis".

 

Par AFP

Source: sciencesetavenir.fr

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