L’horlogerie suisse doit-elle se « cannabiser?


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De l’avis général, l’urgence pour les horlogers est à présent de « raccrocher les wagons » avec les nouvelles générations, qui n’ont plus les yeux de Chimène pour les montres classiques. Peut-être faudra-t-il bientôt considérer le cannabis comme un « élément de langage » pour rétablir le dialogue…

 

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Il semblerait que le cannabis soit en passe de devenir, un peu partout dans le monde, le prochain « relais de croissance » du turbo-capitalisme.

 

Cette semaine, l’usage « récréatif » – vente et consommation – en a été légalisé au Canada, ce qui a dopé la Bourse de Toronto et sans doute fait réfléchir d’autres pays occidentaux à cette « industrie ». C’est le premier pays du G7 à « craquer ». Même si, à titre personnel et au nom de principes libertariens, nous sommes plutôt favorables à cette dépénalisation (dans une logique comparable à celle qui autorise l’alcool et le tabac), nous n’allons pas ici lancer le débat sur la « légalisation » du cannabis. Nous nous contenterons de donner un coup de projecteur sur les rapports potentiels entre le cannabis et l’horlogerie…

 

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 La « dépénalisation » de ce secteur de l’économie semble devoir s’imposer pour de banales raisons… économiques !

 

Pour être à peu près clandestine, l’économie du cannabis n’en représente pas moins des centaines de milliards de dollars de chiffre d’affaires à travers le monde [4 milliards pour le seul Canada, contre un milliard local pour le tabac et trois milliards pour la bière : on comprend les enjeux] – à tel point qu’on prête aux grandes compagnies du tabac et de l’alcool l’intention d’investir massivement dans cette nouvelle industrie (production, transformation, communication, consommation, etc.). Un marché potentiel de 200 milliards de dollars à l’horizon 2030, on ne passe pas à côté ! Ce qui permettrait au passage d’en déloger les réseaux criminels qui ont mis ce secteur productif et commercial en coupe réglée. Quand la pénalisation coûte beaucoup plus cher que ce que pourrait rapporter la dépénalisation, la « légalisation » n’est plus jamais très loin…

 

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 Le cannabis constitue déjà, dans les pays de culture européenne

 

(France, Suisse, Europe du Nord ou Europe du Sud), la substance psychoactive la plus consommée après l’alcool : son usage n’est d’ailleurs clairement prohibé en France que depuis la loi du 31 décembre 1970, mais sa criminalisation n’a pas pu empêcher la fantastique diffusion de sa consommation et la « légalisation » partielle, avouée ou non, de celle-ci [on parle de trois milliards d’euros pour cette économie souterraine]. La question n’est plus aujourd’hui de savoir si le cannabis sera un jour légalisé, mais… quand !

 

Trop d’intérêts économiques convergent vers la dépénalisation pour que le turbo-capitalisme, perpétuellement en quête de nouveaux profits, néglige ce fabuleux « relais de croissance » cannabinique : au nom de quelle « valeur » s’en priverait-il, alors qu’on voit très bien en vue quelles créations de valeur le système économique pousserait à la décriminalisation ?

 

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De toute évidence, le cannabis est devenu un marqueur générationnel.

 

Même s’ils n’en consomment pas (ou plus) personnellement, les milléniaux ont grandi dans un nuage de fumée propice à la tolérance vis-à-vis de cette consommation : la prohibition est un marqueur de cet « ancien monde » contre lequel ils se posent en s’opposant. Interdire le cannabis est un réflexe de « vieux ». Si on admet que l’urgence, pour les horlogers traditionnels, est à présent de « raccrocher les wagons » avec les nouvelles générations, qui n’ont plus les yeux de Chimène pour les montres classiques, peut-être faudrait-il considérer le cannabis comme un de ces « éléments de langage » qui permettraient de rétablir le dialogue.

 

De même qu’on voit se multiplier les offres qui associent produits traditionnels et cannabis (bières, chocolats, sodas, biscuits, etc.), on peut imaginer des bracelets horlogers en fibres de chanvre (nom scientifique : cannabis sativa) ou des boîtiers ou des cadrans à base de résine de cannabis. On peut songer à des décorations cannabiniennes, qui ne seraient pas si rupturistes que ça : on a déjà vu beaucoup de marques – dans l’horlogerie de mode comme dans la haut joaillerie – tenter de se donner une image décalée avec des motifs en feuilles de cannabis. On a également connu des initiatives personnelles prises sans l’avis des marques concernées (ci-dessous)…

 

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Ce n’est qu’un début : il faut continuer le combat !

 

Si on a pu créer des cadrans avec des feuilles de tabac, pourquoi ne pas en imaginer avec des feuilles de cannabis ? Les quelles sont tout de même plus amusantes que les nanotubes de carbone ! Au lieu de recycler des planches de skateboard, la jeune maison Baume devrait s’adonner à la récupération des sous-produits végétaux du cannabis : on imagine la tête des vieux messieurs du « comité stratégique produits communication » de Richemont !

 

Déclinées à la mode cannabis qui s’apprête à déferler, les icônes horlogères n’en seront que plus amusantes : l’imagination au pouvoir ! Alors, pour répondre à la question posée dans le titre concernant la « cannabisation » de l’horlogerie : ce n’est pas si idiot que ça en a l’air…

 

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Par Grégory Pons

 

Source: businessmontres.com

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