Cannabis thérapeutique : des promesses mais aussi des interrogations


Messages recommandés

Il pourrait être prescrit, dans un futur proche, aux personnes souffrant de cancers, de douleurs chroniques, de maladies neurologiques… Mais de nombreuses questions se posent encore, notamment en termes de posologie.

8063463_df224372-6b56-11e9-b71a-fc0d7ff7
LP/Olivier Corsan
 

L’avenir du cannabis en France est encore incertain. Commercialisés depuis plusieurs mois dans l’Hexagone, les produits à base de cannabidiol (CBD), l’une des molécules de la plante, profitent actuellement d’un flou juridique.

Mais les vertus thérapeutiques dont ils peuvent se parer – ils réduiraient l’anxiété, les inflammations… – sont contestables. En dehors du circuit médical, rien ne garantit en effet leur efficacité, ni même la qualité de ces produits. Surtout, une utilisation non encadrée augmente le risque d’addiction et d’effets indésirables, comme des nausées, des vertiges, des maux de tête…

 

LIRE AUSSI >Cannabis thérapeutique : une première avancée vers le joint sur ordonnance
 

Dans un cadre médical, en revanche, le cannabis thérapeutique prouve son utilité. Il se présente sous forme de spray, d’huile ou de gélules. « Il peut aussi être inhalé, mais uniquement sous forme de vapeur. Il n’est pas question de passer par la combustion (NDLR : comme c’est le cas avec un joint), qui augmenterait le risque de cancer du poumon », insiste le Pr Serge Perrot, membre du comité scientifique qui a rendu, fin 2018, ses premières recommandations pour faciliter et encadrer les expérimentations.

 

Une formule pharmaceutique efficace et sûre à établir

Les experts, qui vont poursuivre leurs réunions de travail tout au long de l’année, ont déjà listé les indications pour lesquelles l’usage du cannabis thérapeutique peut être pertinent : l’épilepsie, la sclérose en plaques, les cancers, certaines maladies neurologiques et les douleurs chroniques.

Si l’intérêt des chercheurs est réel, leurs ambitions sont mesurées. « Il y a une demande pressante du public pour autoriser l’usage médical du cannabis. Mais pour suivre certains patients qui l’expérimentent, je dois dire qu’il ne permet pas toujours de résoudre des situations complexes. Il ne faut pas attendre de révolution. Toutefois, il peut effectivement aider. Alors, pourquoi ne pas l’utiliser ? » avance le Pr Perrot.

 

LIRE AUSSI >Cannabis thérapeutique : « Allons plus vite, madame la ministre ! »
 

Argument supplémentaire : il a été montré aux Etats-Unis que, lorsque le cannabis est prescrit pour réduire les douleurs, il permet de diminuer la prise d’opioïdes et ses risques. Même démonstration en Israël, où il entraîne une réduction de la polyconsommation d’anti-inflammatoires, d’antalgiques, de somnifères et de tranquillisants chez les seniors.

Il reste toutefois à établir la formule pharmaceutique la plus efficace et la plus sûre. L’équation est complexe. L’herbe ne contient pas moins de 70 substances plus ou moins actives. Deux sont au centre des attentions : le THC et le CBD. Reste à trouver la posologie la plus adaptée à chaque indication, peut-être même à chaque patient. Un enjeu essentiel pour limiter les effets secondaires. En ce qui concerne le risque addictif, et contrairement à ce que l’on pourrait craindre, « il est plutôt faible », conclut le Pr Serge Perrot.

 

Alain Ducardonnet

Source: leparisien.fr

Lien à poster
Partager sur d’autres sites