Un ex-gendarme témoigne : « La lutte contre le cannabis est contre-productive »


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Pour Jean-Luc Garcia, ancien gendarme et membre du collectif Police contre la prohibition, la légalisation du cannabis aurait de nombreux effets bénéfiques. Témoignage.

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(Crédit : ROMAIN LAFABREGUE / AFP) (ROMAIN LAFABREGUE / AFP)

 

Ancien gendarme, membre fondateur du collectif Police Contre la Prohibition (PCP), signataire de la tribune parue dans « l’Obs » pour la légalisation du cannabis, Jean-Luc Garcia explique pourquoi cette légalisation permettrait d’aplanir les relations entre la police et les jeunes des quartiers populaires, mais également aux policiers d’utiliser leur temps de travail à d’autres tâches.

 

Voici le témoignage de Jean-Luc Garcia :

 

« Le constat que je fais, c’est que la grande majorité des usagers de stupéfiants ne posent pas de souci. Seule une minorité en a une consommation problématique. Mais les premiers comme les seconds n’ont rien à faire dans un commissariat. Les premiers devraient avoir le droit de consommer. Les seconds doivent être rapprochés des services sociaux ou de santé, ce qui est trop peu souvent le cas.

Pour ce qui est des trafics, on estime que la légalisation permettrait de retirer du travail inutile aux policiers. La lutte contre le cannabis est très consommatrice en termes d’heures de travail pour les forces de l’ordre. Qui plus est, elle est contre-productive.

 

Avec la législation la plus répressive d’Europe, la France a les pires résultats européens en matière de consommation : les jeunes fument beaucoup est très tôt.

Police contre la prohibition est pour la légalisation du cannabis. C’est un produit de consommation courante aujourd’hui. Et pour ma part, je suis pour une légalisation la plus large possible, un peu à la manière uruguayenne.

 

On doit permettre aux gens de cultiver chez eux. Et permettre l’existence d’un Cannabis Social Club, comme en Catalogne. Il faut promouvoir de petites structures, de petits agriculteurs. Il ne faut pas donner des licences à 4 ou 5 grosses boîtes, comme au Canada. Et il ne faut pas que ça devienne un produit toxique, comme au Paraguay où une bonne partie de la production se fait en utilisant des produits Monsanto. Il faut aussi s’inspirer de la Californie : donner prioritairement des licences à des gens qui ont des casiers judiciaires. Les gens vont découvrir que ces gens-là ont la main verte.

 

Si, en revanche, vous mettez en place un monopole d’Etat, je crains que les restrictions laisseront de la place au développement d’une économie parallèle. Et que les mafias récupéreront le manque à gagner en vendant des produits plus forts.

 

Enfin, je pense que la légalisation permettrait d’aplanir les relations entre la police et les jeunes des quartiers populaires. Aujourd’hui, les gens les plus interpellés pour des stupéfiants sont issus des quartiers populaires. La légalisation permettrait de réduire cette discrimination. »

 

Propos recueillis par Tomas Statius

Source: nouvelobs.com
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