Cannabis: ces habitudes de consommation prises pendant le confinement


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Cannabis: ces habitudes de consommation prises pendant le confinement

Selon une étude de l’observatoire français des drogues et des toxicomanies, les consommateurs se sont procurés la drogue sans difficulté malgré les fermetures des frontières.

 

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L’observatoire français des drogues et des toxicomanies révèle ce jeudi les chiffres de l’enquête «cannabis online». THOMAS SAMSON/AFP

 

Le confinement a eu des conséquences inquiétantes en matière d’addiction sur une partie des consommateurs de cannabis. L’observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) révèle ce jeudi qu’un quart des usagers jusqu’alors hebdomadaires (27 %) et près d’un usager mensuel sur dix (8 %) est passé à un usage quotidien pendant le confinement. «Au total, la part des usagers quotidiens a progressé de 11 points, passant de 20 % à 31 %», indique l’observatoire.

Ces données inédites résultent de l’enquête «cannabis online» que cet organisme a réalisé. Entre le 10 juillet et le 7 août, l’observatoire a mis en ligne un questionnaire sur les habitudes de consommation à l’heure du confinement. Parmi les 7.000 personnes qui ont consulté le document, 2 778 -majoritairement des personnes âgées de 18 à 34 ans-, y ont répondu.

 

L’impact de l’enfermement

C’est à partir de ces milliers de réponses que l’OFDT a pu analyser l’impact de l’enfermement sur l’addiction. Toutes ces données font apparaître que si des consommateurs assez réguliers ont monté d’un cran leur consommation, une importante majorité d’habitués n’a pas, quant à elle, changé ses habitudes. D’une façon générale, plus la consommation était «élevée avant le confinement, moins le comportement d’usage a varié», relève l’étude. «Ainsi, 8 consommateurs quotidiens sur 10 (82 %) et la moitié des usagers hebdomadaires ont maintenu leur niveau de consommation à l’identique», est-il écrit. Cette période a eu des effets positifs sur certains puisque 28 % d’usagers ont indiqué ne pas avoir consommé et 16 % avoir diminué leur consommation.

Les personnes ayant répondu à l’enquête ne semblent pas avoir rencontré de difficulté majeure pour accéder au produit

OFDT

Cet état des lieux de la consommation indique clairement que, malgré les restrictions de sorties et les fermetures des frontières, les consommateurs n’ont guère eu de peine à se procurer leur dose. «Les personnes ayant répondu à l’enquête ne semblent pas avoir rencontré de difficulté majeure pour accéder au produit», fait remarquer l’observatoire, qui relève toutefois une légère baisse de la vente au cours de cette période. «67 % des usagers de cannabis en ont acheté durant le confinement contre 78 % en temps ordinaire». Les tarifs de la vente pratiqués au cours de ces quelques mois révèlent par ailleurs que le marché de la résine a moins résisté que celui de l’herbe. Ainsi, le prix de la résine a augmenté de 27 %, passant de 5,70 euros le gramme à 7,20 euros tandis que celui de l’herbe est resté stable, autour de 7 euros le gramme.

 

Consommation solitaire

«Cette différence s’explique. Concernant l’herbe, il y a en France une part d’auto culture, qui a permis aux usagers de s’approvisionner. À l’inverse, le marché de la résine, qui vient de l’étranger et remonte par le sud, a été perturbé par des frontières fermées», explique au Figaro Stanislas Spilka, le coordinateur de l’enquête qui, d’une manière générale, s’est dit surpris par cette photographie de la consommation à l’heure du confinement. Toutes ces données contredisent ce qu’il avait imaginé. «Nous étions partis d’une hypothèse selon laquelle il y aurait au cours de cette période beaucoup de difficultés d’approvisionnement en raison des frontières fermées et que les prix allaient fortement grimper. Nous avions alors envisagé une rupture de la consommation. Cela n’a pas été le cas», dit-il.

 
 

Au cours de cette même étude, l’observatoire rend compte aussi de la manière dont la drogue a été consommée. Le confinement, qui a interdit les rassemblements, a naturellement fait progresser la «consommation solitaire».

 

 

Addiction aux jeux

Par ailleurs, 38% de ceux qui ont répondu au questionnaire ont admis avoir pris leur premier joint de la journée plus tôt que d’habitude. «Ces deux changements sont en général considérés comme des signes inquiétants de la consommation et de la dépendance. Évidemment durant le confinement, la consommation solitaire était inévitable. Mais nous redoutons que des habitudes aient été prises et nous allons surveiller l’évolution des comportements», indique le responsable de l’enquête.

En parallèle de cette étude, l’observatoire rend compte d’un autre phénomène d’addiction qui touche les jeux d’argent. Ces derniers ont explosé. «Malgré un recul global du jeu en ligne du fait de l’interruption des paris sportifs, le confinement a contribué à l’essor très important du poker en ligne avec davantage de joueurs actifs, une intensification de la pratique de jeu et des dépenses moyennes par joueur également en hausse», est-il écrit. Les chiffres montrent aussi que les jeunes de 18 à 24 ans mais aussi la tranche d’âge des 25 à 34 ans sont tombés durant cette période dans la spirale du jeu et du poker.

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