«Canna-maires» : ces élus de droite qui défendent la légalisation du cannabis


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«Canna-maires» : ces élus de droite qui défendent la légalisation du cannabis

Des élus de la droite et du centre veulent légaliser le cannabis, seule manière de contrôler un fléau sécuritaire et sanitaire, selon eux. Mais ils sont encore largement minoritaires dans leur parti.

 Ces élus partagent un constat : l’échec de la politique « de prohibition » et de répression du trafic de cannabis. (Illustration)
Ces élus partagent un constat : l’échec de la politique « de prohibition » et de répression du trafic de cannabis. (Illustration) LP/Arnaud Journois
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Par Quentin Laurent
Le 17 novembre 2020 à 18h47, modifié le 18 novembre 2020 à 06h15

Ils se sont surnommés les « canna-maires ». La boutade est même devenue le nom du groupe WhatsApp sur lequel cette dizaine d'élus de la droite et du centre échange depuis quelques semaines. Tous réunis autour d'une certitude, pas monnaie courante dans leur famille politique : il faut légaliser le cannabis. Rassemblés (virtuellement) autour du député (ex-LR) de l'Essonne Robin Reda, lundi soir, ils ont acté la création d'un groupe de travail sur le sujet, comme annoncé par Libération.

Ces élus partagent un constat : l'échec de la politique « de prohibition » et de répression. « La France est un des pays les plus répressifs, et paradoxalement, celui avec le plus grand nombre de consommateurs. Et ça concerne toutes les classes, tous les âges », expose Arnaud Robinet, pharmacologue de profession et maire (LR) de Reims. Si le cannabis s'est banalisé, le risque sécuritaire et sanitaire lié à son trafic aurait lui augmenté. « La situation s'aggrave, avec plus de règlements de comptes à la kalach'», rapporte Gil Averous, maire (LR) de Châteauroux. L'autre point négatif : depuis quelques années, le taux de THC (principale molécule active) contenu dans le cannabis aurait fortement augmenté, afin d'accoutumer le consommateur. « Le jeune qui tombe dedans a un risque plus important d'être dépendant », alerte Averous.

Parmi ce groupe de maires, on retrouve Boris Ravignon, (LR) de Charleville-Mézières, Ludovic Toro (UDI) de Coubron, en Seine-Saint-Denis, ou encore Ronan Loas, (ex-LR) de Ploemeur. La plupart se sont forgé cette conviction à la tête de leur ville. « C'est un sujet difficile à porter quand on est de la droite et du centre », reconnaît Ronan Loas, qui se défend en souriant : « on n'est pas un club de hippies ! ». Ces « canna-maires » veulent prendre le contrôle sur la commercialisation du cannabis pour étouffer le trafic, lutter contre l'insécurité, et s'assurer d'une moindre nocivité du produit. Tous évoquent aussi la manne économique dont disposerait un Etat « régulateur » de la consommation. « Cela servirait à investir davantage dans la prévention et à donner plus de moyens à la police pour lutter contre le trafic », liste Ronan Loas.

«Légaliser le cannabis ne mettra pas un terme au trafic»

Début octobre, Averous, Ravignon et Robinet ont signé une tribune défendant la légalisation. Dans la foulée, un autre texte, signé par plus de 80 parlementaires de droite, leur a répondu vertement. « Ce n'est pas parce que les forces de l'ordre ont du mal à venir à bout du trafic qu'il faut légaliser la pratique! Sinon il faudrait aussi légaliser le trafic d'armes, la fraude fiscale, la prostitution et ne plus sanctionner les vitesses excessives au volant! » rétorquent notamment les rédacteurs du texte, initié par le député (LR) des Ardennes Pierre Cordier. « 100 % des jeunes qui consomment de l'héroïne ou de la coke ont débuté au cannabis », nous rappelle l'élu, et d'ajouter que « légaliser le cannabis ne va pas mettre un terme au trafic, les dealers s'empareront d'autres drogues ».

« Je partage l'inquiétude de mes collègues, mais le laxisme, c'est le statu quo », répond Robin Réda, par ailleurs président d'une mission d'information sur les différents usages du cannabis à l'Assemblée. Lui espère, dans les mois qui viennent, élargir son groupe de travail pour « formuler une proposition globale de lutte contre les problèmes liés à la drogue ». Bien conscient qu'il doit avancer à tâtons. Prétendre convaincre la droite de prôner la légalisation d'ici 2022 ? Certains lui demanderaient ce qu'il a bien pu fumer.

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