grosse saisie de CBD ?


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Importante saisie de cannabis chez des vendeurs de CBD - Place Gre'net

Par Manuel Pavard

5-6 minutes

FIL INFO – Près de 535 kilos d’herbe et 57 kilos de résine de cannabis ont été saisis et neuf personnes interpellées en Isère et dans la Loire, lundi 15 novembre 2021, au terme d’une enquête ouverte depuis un an par le parquet de Grenoble. Quatre d’entre elles ont été mises en examen ce jeudi 18 novembre. La justice les soupçonne de s’être servies de leurs commerces de CBD pour dissimuler un trafic international de stupéfiants. Mais les mis en cause soutiennent qu’ils vendaient du CBD et non du cannabis. Et les taux moyens de THC observés sur les échantillons analysés suscitent le doute.

Cannabis ou CBD trop dosé en THC ? Pour les enquê­teurs, la cause est en tout cas enten­due. Lundi 15 novembre 2021, les gen­darmes gre­no­blois ont inter­pellé neuf per­sonnes en Isère et dans la Loire et saisi 535 kilos d’herbe et 57 kilos de résine de can­na­bis, à l’is­sue de per­qui­si­tions menées chez des com­mer­çants en CBD (molé­cule natu­rel­le­ment pré­sente dans le can­na­bis et dépour­vue d’ef­fets psy­cho­tropes), indique le par­quet de Grenoble.

C’est dans les som­mi­tés flo­rales ou têtes qu’est concen­tré le tétra-hydro-can­na­bi­nol (THC), la sub­stance psy­choac­tive du can­na­bis. © DR

La jus­tice les soup­çonne d’être impli­quées dans un vaste tra­fic de stu­pé­fiants entre l’Isère et l’Italie. L’enquête, ouverte par le par­quet de Grenoble il y a un an, est par­tie d’un signa­le­ment des douanes, après l’in­ter­cep­tion d’un colis de 3,7 kilos d’herbe de can­na­bis en pro­ve­nance de Rome.

Près de 300 000 euros de recettes mensuelles

Les enquê­teurs de la bri­gade des recherches de Grenoble se sont alors inté­res­sés à son des­ti­na­taire, un auto-entre­pre­neur de 29 ans rési­dant à Varces-Allières-et-Risset et tenant un maga­sin de CBD (can­na­bi­diol). Ils sont « par­ve­nus à démon­trer que son acti­vité ser­vait d’é­cran à un impor­tant tra­fic inter­na­tio­nal de stu­pé­fiants », pré­cise le pro­cu­reur de la République Eric Vaillant.

L’opération a mobi­lisé plus de 80 gen­darmes. © DR

En effet, ajoute-t-il, « c’est sous l’apparence légale d’une entre­prise numé­rique, avec un site inter­net asso­cié, que les tra­fi­quants ont pu trans­mettre plus de 2000 colis par mois à leurs clients, aussi bien en France qu’à l’é­tran­ger ».

L’entreprise enre­gis­trait « près de 300 000 euros de recettes men­suelles », tou­jours selon le pro­cu­reur. Au total, ce sont trois socié­tés, situées à Grenoble, Varces et Turin, qui condi­tion­naient et envoyaient la mar­chan­dise. Un mon­tage finan­cier qui a per­mis de « frau­der les admi­nis­tra­tions et blan­chir d’im­por­tantes sommes d’argent », selon le par­quet.

Quatre personnes mises en examen et placées sous contrôle judiciaire

Valeur de la mar­chan­dise sai­sie : envi­ron 5 mil­lions d’eu­ros à la revente. Plus de 245 000 euros ont éga­le­ment été sai­sis sur un compte ban­caire ita­lien, au cours des inves­ti­ga­tions menées conjoin­te­ment par la bri­gade de recherches de Grenoble et la Guardia Di Finanza italienne.

A l’issue des gardes à vue, trois hommes et une femme âgés de 22 à 29 ans ont été pré­sen­tés, ces mer­credi 17 et jeudi 18 novembre 2021, devant la juge d’instruction. Celle-ci les a « mis en exa­men pour tra­fic de stu­pé­fiants, exé­cu­tion d’un tra­vail dis­si­mulé, blan­chi­ment géné­ral et blan­chi­ment de tra­fic de stu­pé­fiants », rap­porte Eric Vaillant. Ils ont ensuite été pla­cés sous contrôle judiciaire.

Pour leur défense, les mis en cause ont assuré qu’ils reven­daient du CBD et non du can­na­bis. Une thèse qui n’a pas convaincu le pro­cu­reur. « L’analyse de nom­breux échan­tillons démontre que la drogue sai­sie avait un taux de THC [prin­cipe actif du can­na­bis, aux pro­prié­tés psy­choac­tives] en moyenne quatre fois supé­rieur au taux légal de 0,2 % », objecte-t-il.

« Aucun consommateur n’achètera jamais du cannabis à seulement 0,8 % de THC »

Pourtant, les chiffres four­nis peuvent ques­tion­ner. « Un taux moyen quatre fois supé­rieur au taux légal, ça ferait donc 0,8 % de THC », relève un ven­deur de CBD de la région, qui tient à res­ter ano­nyme. « Mais aucun consom­ma­teur n’a­chè­tera jamais du can­na­bis conte­nant seule­ment 0,8 % de THC », s’exclame-t-il.

Illustration de CBD, vendu léga­le­ment dans une bou­tique. © Joël Kermabon – Place Gre’net

De fait, selon une étude de l’Observatoire fran­çais des drogues et de la toxi­co­ma­nie (OFDT), « en 2019, la concen­tra­tion moyenne en THC du can­na­bis est de 28 % pour la résine, 12 % pour l’herbe ». « Des chiffres presque stables en 2020″, d’a­près les don­nées recueillies par Libération, « avec 28% pour la résine et 13% pour l’herbe ».

Pour le com­mer­çant en CBD, la mar­chan­dise sai­sie fait plu­tôt pen­ser « au CBD vendu en Suisse, où le taux légal de THC est de 1 % ». D’ailleurs, ajoute-t-il, « beau­coup de consom­ma­teurs de CBD le com­mandent sur des sites suisses, pour avoir un pro­duit un peu plus fort, mais vendu léga­le­ment là-bas ». « Mais ces gens-là, comme ceux qui achè­te­raient de l’herbe à 0,8 % de THC, recherchent les effets du CBD, pas ceux du can­na­bis », affirme-t-il. Affaire à suivre donc…

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  • 2 semaines après ...