Faut-il légaliser le cannabis ? Cinq infographies pour comprendre les enjeux


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Faut-il légaliser le cannabis ? Cinq infographies pour comprendre les enjeux

Le débat sur la légalisation du cannabis revient régulièrement dans l'actualité. Mais vous ? Faites-vous partie des 46% de Français de 18 à 64 ans qui ont déjà consommé du cannabis ? De ceux qui s'inquiètent des points de deal dans leur quartier ? De ceux qui se sont convertis au CBD ?

Par Solange RECORBET - Hier à 19:00 - Temps de lecture : 7 min
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/LDD, Pixabay
 
 

La France est le premier pays européen en proportion de consommateurs de cannabis, avec plus de 46 % des 18-64 ans qui en ont déjà consommé au cours de leur vie contre 27 % dans l’ensemble de l’Union européenne. En 2020, 11% des Français âgés de 18 à 64 ans ont même déclaré avoir consommé du cannabis au cours de l'année. Et 5% déclarent une consommation régulière voire quotidienne.

La mission d’information commune sur la réglementation et l’impact des différents usages du cannabis a remis son rapport en juin 2021 pour alimenter le débat sur la légalisation du cannabis «récréatif » qui revient régulièrement dans l'actualité. Mais vous ? Quel Français êtes-vous ? 

Sources : Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, 2021 et Baromètre Santé publique France, décembre 2021.

 

Portrait-robot du fumeur de joint

C'est plutôt un homme : plus d’un sur deux (54,8%) en a déjà fumé dans sa vie (parmi les 18-64 ans) contre moins de quatre femmes sur dix (37,7%).
Il est probablement jeune : Chez les 18-25 ans, en 2020, ils sont près de 26% à avoir fumé dans l'année. Le chiffre diminue avec l'âge et ne concerne plus que 2% environ chez les 55-64 ans. En 2018, un tiers des lycéens a déjà expérimenté le cannabis (33,1 %) et 17,3 % en ont consommé durant le mois précédant l’enquête.
Il est sans doute étudiant ou actif sans emploi : en 2020, les étudiants sont 25,1% à avoir consommé du cannabis dans l’année, devant les chômeurs (20,3%), les actifs occupés (9,3%) et les retraités et autres inactifs (4,2%).
Il a le bac s'il consomme rarement, il ne l'a pas s'il fume souvent : pour l’usage régulier ou quotidien, les personnes avec un diplôme inférieur au bac sont les plus nombreuses. En revanche, parmi ceux qui ont fumé même seulement une fois dans l'année, les personnes avec un niveau de diplôme équivalent au baccalauréat sont les plus représentées (13,9%) devant les diplômés de l’enseignement supérieur (11,4%) ou avec un diplôme inférieur au bac (9,4%).
Il a fumé son cannabis avec du tabac : 94 % des usagers ont fumé leur cannabis sous forme de joint la dernière fois qu'ils en ont consommé (2,2% pour les « space cake » et les infusions, 2,3% en vapoteuse). Parmi ceux qui l’ont fumé, 95 % l’ont mélangé avec du tabac (61 % ont utilisé de l’herbe et 37 % de la résine).

Sources : Baromètre Santé publique France, décembre 2021.

En France, la loi punit la consommation, la détention et la production de cannabis. En moyenne*, 208 000 personnes sont mises en cause chaque année pour des infractions à la législation sur les stupéfiants** : 44 000 pour du trafic, 179 000 pour usage et 2 000 pour d’autres infractions (détention ou préparation de substances psychotropes ou de plantes vénéneuses…). Entre 2016 et 2020, le nombre de consommateurs mis en cause est resté quasiment stable (-3 %) alors que celui des trafiquants (21% du total) a augmenté de 5% chaque année.

Le reflet de l'activité des forces de l'ordre

En matière de stupéfiants, les données remontées par la police et la gendarmerie sont principalement le reflet de l'activité des forces de l'ordre, plus ou moins mobilisées sur ce type d'infractions selon les périodes, même si elles peuvent aussi éclairer les évolutions du trafic et des usages. Ainsi la diminution du nombre des mis en cause début 2020 (trafic et consommation) peut être attribuée au contexte sanitaire qui a rendu l'approvisionnement des trafiquants et des consommateurs plus compliqué, mais aussi à d'autres priorités données aux forces de l'ordre pendant cette période. 

*Sur la période 2016 et 2020. **Certains sont concernés par plusieurs infractions. Service statistique ministériel de la Sécurité intérieure : Infractions à la législation sur les stupéfiants : premier état des lieux statistique - Interstats Analyse N°38 (novembre 2021)

Usage : 125 000 amendes forfaitaires depuis le 1er janvier

Depuis juin 2020, une amende forfaitaire délictuelle (AFD) de 200 euros peut être délivrée par les forces de l’ordre aux personnes interpellées pour usage de stupéfiants (les majeurs non-récidivistes, s'il n'y a pas d'autre infraction associée) : cannabis, cocaïne et MDMDA. 122 531 AFD anti-drogues ont été dressées entre le 1er septembre 2020 et le 19 novembre 2021, soit environ 276 en moyenne chaque jour. Les Bouches-du-Rhône (14 365), la Seine-Saint-Denis (8 867) et le Nord (5 360) arrivent en tête. Contrairement aux infractions de trafic, celles qui concernent la consommation de stupéfiants sont plutôt uniformément réparties sur l’ensemble du territoire. Les taux sont néanmoins plus élevés en Île‑de‑France, en Bretagne, sur le pourtour méditerranéen et le long des frontières suisse et italienne. 

Observatoire français des drogues et toxicomanies : Rapport national à l'OEDT - 2021

Trafic : 3500 à 4000 points de deal cartographiés

Une cartographie de 3 950 points de deal a été établie pour la première fois début 2021. Au 1er octobre 2021, selon le ministère de l'Intérieur, 384 d'entre eux auraient disparus (-9,7%) grâce à une stratégie de harcèlement des dealeurs mise en œuvre par la police et la gendarmerie. Entre le 1er janvier et le 18 novembre 2021, 5 568 opérations ont été menées. Le trafic répertorié est installé dans 1107 communes (3,2%) et se concentre notamment dans celles qui sont traversées par des axes routiers de transit avec les pays frontaliers, celles qui comportent des infrastructures particulières (aéroports, établissements pénitentiaires, etc.) ou encore les communes affectées par des niveaux élevés de pauvreté et de chômage. Les grandes métropoles sont particulièrement affectées : Toulouse, Lille, Lyon et Marseille en comptent plus de 60 chacune. Les actions de déstabilisation de ces réseaux se sont concentrées sur PACA (2057), l'Ile-de-France (963) et l'Occitanie (824).

Une amende pour 7 usagers sur 10, la prison pour 8 trafiquants sur 10

Les infractions à la législation sur les stupéfiants représentent 11 % des délits sur la période 2012-2019, en progression de 2,8 points. Elles comptent pour environ 5% des affaires reçues par les parquets, loin derrière les atteintes aux biens (40%) ou les atteintes aux personnes (25%). En 2019, elles ont concerné 160 000 auteurs, dont les trois quarts relatives à de l’usage. Les réponses pénales sont nettement différentes selon que l'infraction est du trafic ou de la consommation : pour usage, les auteurs font l’objet d’une mesure alternative (rappel à la loi ou injonction thérapeutique par exemple) ou d’une composition pénale dans plus de la moitié des cas (55 %) ; pour trafic, ils sont poursuivis devant les juridictions compétentes dans 2 cas sur 3. Lorsque les auteurs sont poursuivis, sept consommateurs sur dix doivent payer une amende et plus de huit trafiquants sur dix sont condamnés à une peine d’emprisonnement.

Insee, Services statistiques des ministères de l’Intérieur et de la Justice : Sécurité et société - Édition 2021

Et chez nos voisins ?

• L'Allemagne a d'annoncer sa volonté de légaliser l’usage récréatif du cannabis. Elle rejoindrait alors les rares pays dans ce cas. Uruguay, Canada et Mexique ont été les premiers. 
• Malte vient de décider, mardi 14 décembre 2021, d’autoriser la culture de quantités limitées de cannabis à domicile et sa consommation récréative dans la sphère privée.
• Le Luxembourg devrait suivre : il a annoncé en octobre 2021 son intention d’autoriser la culture de marijuana à domicile et sa consommation dans la sphère privée.
• Aux Pays-Bas, la possession, la consommation et la vente au détail jusqu’à cinq grammes de cannabis, sont tolérées depuis 1976 dans les « coffee shops ». La culture et la vente en gros sont interdites. Depuis 2012, trois provinces du sud du pays interdisent la vente aux non-résidents et aux touristes.
• En Espagne, la production pour la consommation personnelle est autorisée alors que commerce et consommation publique sont interdits.
• Le Portugal a décriminalisé en 2001 la consommation et la détention de toutes les drogues, qui restent toutefois interdites.

 

Le CBD change la donne ?

Le CBD, pour cannabidiol, est la deuxième substance active présente dans le cannabis, qui se trouve principalement au niveau de la fleur et des
feuilles adjacentes. Des propriétés relaxantes, anxiolytiques, sédatives, voire anti-inflammatoires, lui sont attribuées même si peu d'études sont encore publiées. Contrairement au THC (pour tétrahydrocannabinol) interdit, le CBD n’est pas classé comme stupéfiant.

Tous les pays européens ayant légalisé le CBD sur leur territoire, la Cour de justice de l’Union européenne a estimé en novembre 2020, que la France ne pouvait plus interdire sa consommation, au nom de la libre circulation des biens, et parce qu’elle n’a pas démontré ses effets nocifs sur la santé. La France a donc dû accepter des assouplissements dans un premier temps, mais réintroduit peu à peu des interdictions. La législation en vigueur en France dispose actuellement que l’importation, l’exportation, l’utilisation industrielle et commerciale et la culture des variétés de Cannabis sativa L. est autorisée, à condition que la teneur en THC soit inférieure à 0,30 % et vérifiée selon le protocole européen. Sont interdites la vente aux consommateurs de fleurs ou de feuilles brutes, seules ou en mélange avec d’autres ingrédients, leur détention par les consommateurs et leur consommation. Les produits contenant du CBD ne doivent pas revendiquer des allégations thérapeutiques, ni entretenir de confusion entre le cannabis et le CBD.

Selon le Syndicat professionnel du chanvre, 400 boutiques CBD étaient ouvertes fin 2020, il y en a près de 2 000 un an plus tard, et les ventes en ligne se multiplient. La substance est également commercialisée par près de 10 000 buralistes et dans plus de 1 500 pharmacies

Le point sur la législation : Le dernier arrêté, en date du 30 décembre 2021.

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Hey ,

 

Vu le mème article dans le mème journal avant que tu le post , et je ne savais pas trop quoi en penser ...

 

Mais comme d'hab , à quand une vrai prise de conscience de la part de nos " dirigeants " qui un jour ou l'autre vont se retrouver " au pied du mur " ...

 

Le 08/01/2022 à 19:18, boogerman a dit:

Et chez nos voisins ?

• L'Allemagne a d'annoncer sa volonté de légaliser l’usage récréatif du cannabis. Elle rejoindrait alors les rares pays dans ce cas. Uruguay, Canada et Mexique ont été les premiers. 
• Malte vient de décider, mardi 14 décembre 2021, d’autoriser la culture de quantités limitées de cannabis à domicile et sa consommation récréative dans la sphère privée.
• Le Luxembourg devrait suivre : il a annoncé en octobre 2021 son intention d’autoriser la culture de marijuana à domicile et sa consommation dans la sphère privée.
• Aux Pays-Bas, la possession, la consommation et la vente au détail jusqu’à cinq grammes de cannabis, sont tolérées depuis 1976 dans les « coffee shops ». La culture et la vente en gros sont interdites. Depuis 2012, trois provinces du sud du pays interdisent la vente aux non-résidents et aux touristes.
• En Espagne, la production pour la consommation personnelle est autorisée alors que commerce et consommation publique sont interdits.
• Le Portugal a décriminalisé en 2001 la consommation et la détention de toutes les drogues, qui restent toutefois interdites.

 

 

En tous cas , perso , je suis comme mème content d'habiter le Grand Est sur le coup proche de l'Allemagne et de ses peut être futures commodités , sait on jamais ...

 

Bien que je sais déjà d'avance que ça va être super réglementé , autorisation aux résidents etc...

 

Le 08/01/2022 à 19:18, boogerman a dit:

46 % des 18-64 ans qui en ont déjà consommé au cours de leur vie contre 27 % dans l’ensemble de l’Union européenne. En 2020, 11% des Français âgés de 18 à 64 ans ont même déclaré avoir consommé du cannabis au cours de l'année. Et 5% déclarent une consommation régulière voire quotidienne.

 

Cqfd , tout est dit , comme d'hab , la vieille France qui veut garder son vieil électorat , et qui s'en fout de ce genre de sondage , pourtant bien éloquent de leur échec 

 

vis à vis de leurs politiques prohibitionniste qui va les mener droit au mur , par rapport à d'autres pays qui ( eux ) ont réfléchis , enfin ...  ^_^

 

Bref , on en parle plus qu'à l'époque , c'est déjà bien , mais il reste du chemin ....

 

++

 

 

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