La Série Documentaire France culture sur l'usage des drogues


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Salut,

 

J'écoute régulièrement cette émission de France culture et ils viennent de sortir une série sur les usages des drogues qui sont très bien faite, je me suis dit que ça avait sa place ici :

 

Épisode 1 : Les processus de l'addiction

Révélation

 

A la panoplie des psychotropes connus qui peuvent rendre dépendants - drogues, alcool, tabac - s’ajoutent également les comportements addictifs. Mais avec ou sans substances, sortir du piège de la dépendance est un délicat combat personnel comme le précise Mario Blaise  "Avant, on pensait l’alcool d’un côté, les drogues illicites d’un autre. Depuis les années 2000, il est apparu des points communs dans la clinique de ses problématiques et dans les manières de les traiter."

A chacun son paradis artificiel… Des volutes de fumée aux substances qui se boivent, se mangent, se sniffent, s’injectent, les engrenages de la dépendance prennent silencieusement le contrôle des corps et des esprits… Pas forcément besoin de substance d’ailleurs, la psyché humaine peut trouver sa consolation au fond de l’assiette, dans les écrans, le sexe, le jeu, le sport… Mais alors à quoi reconnaît-on l’addiction ? "J’arrête quand je veux…" jure-t-on sauf que la béquille ou la récréation a pris insidieusement une place centrale dans sa vie et ses conséquences envahissantes sont devenues ingérables.

La neurobiologie a réussi à identifier les processus en boucle qui empêchent le cerveau de moduler son rapport à l'environnement, et qui provoquent des réponses inadéquates et devenues involontaires, même lorsqu'il n'y a plus de sensation de plaisir. Mais la biologie n'explique pas tout, ce qui laisse une large marge de liberté et d'espoir pour sortir même des situations en apparence les plus désespérées.

De nombreuses consultations, associations ou centres de sevrage s’adressent aux adolescents ou aux adultes. Parmi elles, dans un établissement pionnier depuis cinquante ans, les équipes profondément engagées de l’emblématique Hôpital Marmottan poursuivent courageusement leur mission à visage humain.

 

 

Épisode 2 : Prohiber, dépénaliser, légaliser

Révélation

 

Certains stupéfiants consommés depuis des siècles, encore prohibés dans de nombreux pays, ont été légalisés dans certains états américains et au Canada.

Actuellement légalisé pour 1,5 % de la population mondiale, cette idée semblait pourtant encore farfelue quand l’Uruguay a ouvert la voie, en 2013. En Europe, les Pays-Bas ont largement dépénalisé et encadré la vente et la consommation du cannabis dès 1976, mais pas totalement. D’autres pays comme l’Espagne et la Belgique tolèrent la consommation et la détention, voire la production à différents degrés, pendant que le Portugal a carrément dépénalisé toutes les drogues depuis déjà 20 ans et un intervenant rajoute l'échec de la France "Malgré une des législations les plus répressives d’Europe, la consommation de cannabis en France chez les jeunes est la plus haute d’Europe."

Au tournant du XXIe siècle, le constat d’échec à l’égard des politiques répressives a conduit les autorités de plusieurs pays à s’interroger sur l’opportunité de politiques alternatives, basées sur cette idée  : puisque nous n’arrivons pas à enrayer les trafics et à dissuader les consommateurs, acceptons cette consommation pour mieux l’appréhender et améliorer la prévention.

En France, on vient de s’orienter vers un système d’amende forfaitaire, en plus d’un statu quo sur les peines de prison, possibles mais rarement appliquées pour les consommateurs. En novembre 2018, l’Assemblée nationale a voté la création d’une amende forfaitaire de 200 euros pour mieux sanctionner l’usage illicite de stupéfiants, jusqu’alors réprimé uniquement par une peine de prison et une forte amende, tout en insistant sur le fait qu’il n’y aurait « pas de dépénalisation » et que cette amende « n’éteignait pas l’action pénale ». Une réforme en demi-teinte donc, qui ne va ni jusqu’à la dépénalisation (ni a fortiori légalisation), ni même jusqu’à la suppression du délit de consommation.  Car l’usage de drogue est, dans la loi, un délit théoriquement passible d’un an d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende. Un texte impossible à appliquer en raison du grand nombre de consommateurs en France, qui fait que la loi a été aménagée au fil des années, mais que le gouvernement a choisi de ne pas retoucher.

Avec :

Marie Jauffret-Roustide, sociologue, Michel Hautefeuille, co-auteur de "La légalisation des drogues, une mesure de salut public" aux éditions Odile Jacob Virginie Gautron, Maître de conférences en droit pénal et sciences criminelles, Aurélien Bernard, fondateur de Newsweed, José Carbonell, Xavier, Robert, Boualem Merghit de l'association APDO et Laura Aguila, auxiliaire de justice, Amina Omar Nieto, avocate, Nathalie Latour de la Fédération Addiction, Bruno Falissard, chercheur Inserm sur la santé des populations

 

 

Épisode 3 : Entre licite et illicite

Révélation

 

Comme nous le dévoilent les textes du poète Henri Michaux qui explorait systématiquement ce qu'il appelait le "misérable miracle", et tentait par les psychotropes d'atteindre une "connaissance par les gouffres", chaque personne ressent les psychotropes d'une manière originale, avec une sensibilité et une fragilité qui varie énormément. Ce qui rend parfois le concept de légal ou d'illégal très déconnecté de la réelle dangerosité des produits : tabac et alcools sont totalement légaux, mais figurent pourtant tout en haut de la liste noire des addictologues comme le précise Nicolas Prisse "Les plus grandes surdoses en France se font avec l’alcool, et le tabac tue 73 000 personnes chaque année."

Lorsque l'on suit l'évolution de l'histoire des drogues et de leur introduction en Europe et aux Etats-Unis, les pratiques de consommation ont débuté en Occident de manière festive dans les salons de la haute société : c'est le cas du cannabis sous toutes ses formes, de l'opium, puis des substances qui ont subi une transformation chimique : cocaïne, héroïne, amphétamines, LSD. Ce n'est qu'ensuite qu' elles atteignent les couches les plus défavorisées de chaque communauté. Pourtant, à tous les échelons sociaux, les dégâts sont les mêmes : développement de trafics et d'une économie parallèle aux pratiques mafieuses et spirale autodestructrice de l'addiction. La loi évolue d'ailleurs au fil des pratiques, ainsi, elle sanctionne jusqu'à aujourd'hui de manière disproportionnée  les "drogues de pauvres" comme le crack ou la méthamphétamine qui font des ravages, tout en restant historiquement plus clémente quand le phénomène concerne la bonne société, ou parfois elle cible carrément certains groupes communautaires. C'est d'ailleurs comme ça que les pratiques sont revendiquées pour devenir l'étendard de la contre-culture et que selon William Lowenstein : "Dans les années 90, l’épidémie de Sida a jeté une panique générale sur la société qui s’est aperçue que la politique de drogue ne faisait qu’aggraver le phénomène, voire avait provoqué le phénomène."

Mais, il existe aussi de nombreux moyens de s'évader par l'intermédiaire de médicaments légaux détournés : anxiolytiques, antidépresseurs, antidouleurs... Les pilules codéïnées ou à base d'opioïdes ont envahi l'Amérique, et avec près de 50 000 morts par an aux Etats-Unis, on compte déjà  300 000 morts par overdoses d’opioïdes depuis 2000. Et désormais, aux USA, les addictions aux antidouleurs prescrits sur ordonnance tuent davantage que les accidents de la route ou les armes à feu. Après avoir ravagé les ghettos noirs dans les années 1990, les opiacés déciment désormais les banlieues pavillonnaires et la petite classe moyenne américaines. Inédite par son ampleur et par ses victimes, cette épidémie d’overdoses l’est aussi par son origine : les consommateurs sont devenus dépendants en avalant des antidouleurs prescrits par leur médecin.

Avec ces drogués sur ordonnance, les médecins se retrouvent involontairement dans la position de dealers en blouse blanche... Ces mêmes pilules approvisionnent chez nous les adolescents en mal de sensations récréatives. Ou quand l'armoire à pharmacie se transforme en fournisseur de défonce.

Avec :

Fabrice Olivet de l'association ASUD, Marie Jauffret-Roustide, sociologue, Alexandre Marchant auteur de L’Impossible prohibition aux éditions Perrin, Elisabeth Avril de Gaïa Paris, les psychiatres Bruno Falissard, Mario Blaise, et Richard Rechtman; un officier de police judiciaire, William Lowenstein, addictologue, Nicolas Prisse, Président de la Mildeca, Ivana Obradovic et Julien Morel d’Arleux de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies.

 

 

Épisode 4 : Drogues thérapeutiques

Révélation

 

Lorsque s'ouvrent les portes de la perception, le voyage peut s'avérer thérapeutique. Le cannabis, l'opium, le LSD, la psilocybine et de nombreux hallucinogènes s'avèrent être bourrés de molécules capables de soigner. Sauf que la recherche médicale a longtemps trouvé les portes closes pour pouvoir explorer le potentiel de certaines drogues-médicaments.

Il faut un agrément pour étudier les effets médicaux du cannabis sur différentes maladies, essentiellement l'épilepsie, l'autisme et certaines formes de cancer. Des dizaines de milliers de patients atteints de cancer, d'épilepsie et de bien d'autres maladies génératrices de douleurs chroniques suivent un traitement à base de cannabis dans les quelques pays qui l'autorisent. Ce qui choque le plus les chercheurs, c'est que la connaissance ancestrale d'une plante aux effets bénéfiques identifiés depuis l'Antiquité n'a encore fait l'objet que de très peu de recherches sérieuses, malgré les centaines de molécules actives et de posologies possibles qui ont des effets très différents. Même devant certains résultats déjà spectaculaires, un petit ricanement fait encore écran à des recherches systématiques.

La recherche médicale reste timide, encore freinée par la réputation de ces substances. Dans le plus grand secret l'armée américaine a étudié longuement les effets du LSD et des amphétamines, soit pour renforcer la résistance de ses soldats sur le terrain en leur coupant la faim et l'envie de dormir, soit en tentant de contrôler l'esprit de l'ennemi... Aujourd'hui, psychiatres et neurologues de quelques rares pays étudient la manière dont cet hallucinogène désinhibe des zones du cerveau libérant une certaine réceptivité et créativité, à condition d'être maîtrisé, à des fins thérapeutiques.

Une toute récente résolution du 13 février 2019 du Parlement européen demande à ce que les praticiens de santé puissent prescrire des traitements à base de cannabis thérapeutique dans tous les pays de l’Union, à ce qu’une formation appropriée du corps médical soit mise en place et à ce que la recherche sur le cannabis médical soit encouragée et financée. Il semblerait que les mentalités commencent à évoluer. Mais pour certains patients pour qui le cannabis constitue un antidouleur indispensable et sans équivalent, il y a urgence et les déclarations d'intention ne suffisent pas.

Avec :

Bertrand Rambaud, Jako, et Jacques Leca de l'association UFCM, le pharmacien Philippe Riehl, et le chercheur Christian Muller et merci à Line Bourel,  les psychiatres Michel Hautefeuille, Richard Rechtman, et Tomas Palenicek, et William Lowenstein co-auteur de "Tous addicts... et après" aux éditions Flammarion.

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Bonne écoute !

Modifié par ChristopheDenis
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