Réforme de la Lstup suisse : Pourquoi exclure le cannabis ?

Par Invité ,

 

Par 17 voix contre 4, la commission de la santé publique du National est entrée en matière sur le projet de révision de la loi sur les stupéfiants. La question « hautement controversée du cannabis » ne sera pas traitée. Pourquoi faire une nouvelle loi sans aborder la produit illicite de très loin le plus consommé ? Pour attendre le résultat de la votation sur l’initiative sans mettre en péril législatif l’efficace politique de l’héroïne et de réduction des risques ? Pour sortir le cannabis de la liste des stupéfiants interdits ? Les résultats des dernières élections locales et cantonales, avec la vague rouge/rose/verte, expriment un besoin de réorganisation de la société. Ces partis sont favorables à une réforme raisonnable et pragmatique de la politique des drogues incluant une réglementation du marché du cannabis. Les élus du National doivent répondre à cette attente, sous peine de le payer cher dans les urnes des prochaines élections nationales.

 

Source : Chanvre-info

Vote Chanvre

Il est encore trop tôt pour parler de vote cannabis mais il faut observer et reconnaître que le soutien à la réglementation du marché ne porte par préjudice électoral aux partis concernés. Les Verts et les socialistes sont nombreux dans le comité pour l’initiative et de beaucoup de leurs membres nous soutiennent dans les média ou sur le terrain. Ils ont pourtant remporté un succès historique. Contrairement à l’avis de nombreux politiciens de toutes tendances et de toutes nations, le cannabis ne fait pas perdre de voix. J’affirme même qu’il en rapporte. Le jeune électorat bourgeois urbain séduit par les Verts ou l’extrême gauche fume des joints. Le programme cannabique de ces organisations explique en partie leur intérêt. Encore faut-il le traduire dans les faits. Le consensus bloque au centre et à droite.

 

Sauver la politique de l’héroïne

A la suite de l’enregistrement officiel de l’initiative populaire, le National avait une bonne opportunité de répondre plus rapidement à la vox populi. Cette commission s’était déjà prononcée pour une réglementation du marché du cannabis et compte tenu du faible écart de la non entrée en matière, elle pouvait légitimement proposer une nouvelle mouture de régulation pour le chanvre. Mais les radicaux et certains libéraux sont hostiles à ce projet tout en restant favorable à la politique des quatre piliers. Leur soutien est indispensable pour maintenir et légaliser le très vaste dispositif de réduction des risques et de substitution, pour l’instant toléré jusqu’en 2008. Voilà pourquoi une grande partie des experts, notamment du secteur de soin en toxicomanie, ont préféré une version séparée tout en réclamant un examen rapide du problème du cannabis. La grande majorité des intervenants professionnels est favorable à une réglementation mais ils ont préféré sauver leurs emplois et leurs patients plutôt que de tout perdre pour les usagers de cannabis.

 

Rejet européen

Les motivations des politiques sont moins justifiables. Les partis bourgeois ont placé la répression sur le cannabis au centre de leur discours néo-conservateur, ils ont confondu la Suisse et les USA. L’idéologie, le matériel de propagande et les méthodes viennent directement du premier producteur et consommateur de cannabis, une référence. La réélection de Bush pouvait faire croire à une formule magique. Le score minable du parti prohibitionniste hollandais du ministre Donner aux récentes municipales, la série d’élections en Suisse ou la défaite de Berlusconi, coaché par l’éminence noire de G.W. Bush, démontrent le rejet du puritanisme sauce affairiste. Il est urgent que nos politiciens saisissent le message et changent de cap. Sinon, la sanction pourrait-être conséquente lors des prochaines échéances.

 

Un projet définitif ?

Une manière rapide et efficace d’accélérer le processus serait une improbable ordonnance fédérale. A défaut, il faut espérer un amendement au niveau de la navette parlementaire. Dans tous les cas, il faudra la pression des usagers sur les média et les politiciens pour qu’ils répondent à cette question fondamentale : Si pour cause hautement controversée le chanvre n’est pas dans la révision de la Lstup, ce n’est peut-être pas un stupéfiant ingérable ? Alors, le temps déjà bien trop long du débat, pourquoi tant de répression ? Pendant la controverse, la police et la justice continuent à casser une filière économique au profit du marché noir, des usagers majeurs et responsables sont amendés, des chanvriers vont en prison. Les citoyens usagers de cannabis exigent que les politiciens respectent leurs engagements électoraux.

 

Laurent Appel

 


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