B. rappaz: «mon but n’est pas de me suicider»


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Toujours en guerre contre la justice valaisanne, toujours en grève de la faim, toujours emprisonné, le chanvrier Bernard Rappaz a répondu hier à nos questions durant son heure de promenade

 

Renaud Michiels - le 04 juin 2010, 21h50

[source=https://www.lematin.ch/actu/suisse/bernard-rappaz-suicider-284385]Le Matin[/source]

 

align=righthttps://www.cannaweed.com/upload/server8/ae1fa.png[/img]«Je tourne autour d’une parcelle de gazon. Il y a même quelques fleurs», raconte Bernard Rappaz, un brin essoufflé. Nous l’avons joint hier au téléphone durant sa promenade. Condamné à 5 ans et 8 mois ferme, le chanvrier est incarcéré à la prison des Iles, à Sion. Il est à nouveau en grève de la faim, depuis le 21 mai.

 

Le 9 mai, après 50 jours sans manger, Bernard Rappaz avait été libéré 12 jours pour qu’il puisse se retaper. Une décision prise pour lui sauver la vie par la conseillère d’Etat en charge de la Sécurité, Esther Waeber-Kalbermatten. Mais Bernard Rappaz est maintenant de retour en prison et les deux camps ont durci le ton. La conseillère d’Etat a annoncé que, s’il persistait dans sa grève de la faim, elle le laisserait mourir. Quant au chanvrier, il a même mené une grève de la soif. Il s’explique.

 

Pourquoi une grève de la soif la semaine dernière?

Pour obtenir les mêmes droits que tout prisonnier qui est dans un régime d’exécution des peines. En particulier le droit de téléphoner. Mais ne pas boire est une vraie torture. Ça a duré trois jours et ç’aurait pu mal tourner: j’aurais pu finir comme un légume en chaise roulante. Quand j’ai eu gain de cause, je me suis jeté sur le robinet. J’aurais pu avaler la moitié du Rhône.

 

Aujourd’hui, comment allez-vous?

Ça va. Mais je n’ai eu que 12 jours pour me réalimenter. C’est impossible de se retaper en si peu de temps. Après 50 jours de grève de la faim, j’étais à 75 kg. J’en avais repris 6. Je suis déjà retombé à 74. Je me dégrade assez vite.

 

Cette fois, la conseillère d’Etat Esther Waeber-Kalbermatten a dit qu’elle vous laisserait mourir.

Elle a dit qu’elle respectera mon choix de mourir. C’est n’importe quoi! Mon but n’est pas de me suicider mais qu’on me rende justice. Je suis un prisonnier politique qui a pris près de 6 ans pour du chanvre! Mais je ne lui en veux pas: c’est une femme de gauche et toute la droite et les juges lui sont tombés dessus. Elle a été forcée de retourner sa veste.

 

Au final ça ne change rien. Vous ne serez plus sauvé.

Je n’y crois pas vraiment. Elle réagira encore si mon état devient critique. Simplement parce qu’à mon avis la loi l’oblige à intervenir pour des motifs graves. Si elle me laissait mourir, j’imagine même que mon avocat pourrait l’attaquer au pénal… Mais aujourd’hui j’espère surtout que le Grand Conseil valaisan débloquera la situation. Il doit examiner mi-juin ma demande de grâce ou de grâce partielle.

 

Pourquoi n’êtes-vous pas à la même prison que la dernière fois?

Ils ont voulu me punir, m’isoler et m’empêcher d’ouvrir ma grande gueule. Je suis maintenant dans une prison préventive alors que je purge une peine. Un exemple: avant, je pouvais téléphoner 42 heures par semaine. Maintenant, je n’ai qu’une heure de promenade par jour avec mon téléphone.

 

A quoi ressemblent vos conditions de détention?

Ils m’ont mis dans un secteur complètement vide. Je lis, je regarde la télé, je prie, je médite. Un gardien amène un repas à 11 h et le laisse là. Il le reprend à 17 h pour le remplacer par celui du soir. Je mets l’assiette dans le couloir, ça m’évite au moins d’avoir l’odeur.

 

Vous pouvez sortir de votre cellule?

Oui. Mais elle donne sur un couloir vide, avec huit cellules vides – vu d’ici, la surpopulation carcérale fait plutôt rigoler. Mais j’ai peur de partir dans le coma. Ce serait la fin. J’espère être transféré dans une structure hospitalière. Mais je suis la patate chaude dont personne ne veut.

 

Pourquoi voulez-vous être hospitalisé?

Je serais mieux surveillé médicalement. Et ça me permettrait de téléphoner davantage et d’avoir de vraies visites. Ici, je n’ai droit qu’à une demi-heure par semaine et derrière une vitre. Je ne veux pas que ma fille de 12 ans me voie comme ça. Je ne pourrais même pas la serrer dans mes bras, l’embrasser. Alors je lui téléphone en attendant mieux. Ah, excusez-moi, je dois raccrocher. Le gardien vient pour récupérer mon téléphone. La promenade est terminée.

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Excellent article !

 

Merci CSY !

 

Et, petite note humoristique : le journal s'appelle "Le matin" et l'article a été publié à 21h50 xD !

 

Sinon, Free Bernard Rappaz ! De tout coeur avec toi ! Et HONTE à la justice valaisanne pour t'avoir enfermé !!!!

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