Dépénaliser le cannabis ? Et après ?


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La France détient un triste record. Ce sont les adolescents français qui sont les premiers consommateurs de cannabis en Europe. En se prononçant pour la dépénalisation, la ministre Cécile Duflot a ravivé les passions. La lutte contre le cannabis ne se réduit pourtant pas à cette seule question. cannabis-afp.jpg

vidéo François Hollande

 

Les résultats de l'enquête sont tombés le 31 mai : les jeunes français de 15-16 ans sont les premiers consommateurs de cannabis en Europe (*). Le débat sur la dépénalisation s'en est trouvé relancé, la ministre du Logement Cécile Duflot mettant le feu en se prononçant pour. « En tant que secrétaire nationale d'Europe Écologie - Les Verts », précise-t-elle aussitôt. Trop tard.

 

 

Zéro résultat

Il n'en fallait pas plus, surtout pendant les législatives, pour que la question se cristallise de nouveau entre pro et anti-dépénalisation.

 

Les uns démontrant que la politique répressive conduite ces dernières années n'avait incontestablement pas été d'une grande efficacité. Les moyens qui y sont consacrés doivent être redistribués vers plus de prévention, proposent-ils.

 

Les autres préjugeant d'une société permissive et laxiste si on venait à autoriser tout à chacun à fumer au nez de son voisin. Banaliser l'usage du cannabis, ce serait ouvrir un peu plus la porte aux drogues dures, arguent-ils. Et les Français leur donnent raison puisque, sondage à l'appui, 70 % se disent opposés à la dépénalisation de l'usage du cannabis (ils étaient 63 % il y a un an).

 

Ceci posé, on fait quoi ? Certes, les pays où l'usage du cannabis est dépénalisé font mieux que nous. Mais il a été démontré que la pénalisation, ou la dépénalisation, n'avait, à elle seule, pas d'incidence sur l'usage du cannabis.

 

Certes, les Français sont contre la dépénalisation du cannabis mais, si on leur posait la question de savoir s'ils souhaitaient voir leur enfant interpellé et placé en prison pour avoir fumé un joint, répondraient-ils de la même manière ?

 

Parce que les mêmes arguments politiques sont avancés dès que l'on parle dépénalisation, notre regard sur le cannabis est tronqué, le débat faussé.

 

« Ramener le débat à la pénalisation ou dépénalisation, c'est se renvoyer des explications les plus simplistes, dit le président de la Fédération addiction, Jean-Pierre Couteron. La dépénalisation n'a de sens que dans une refonte complète de la politique de santé publique, une politique qui arrive à se déployer sur quatre ou cinq ans. »

 

SOPHIE LEROY

 

(*) Enquête ESPAD menée dans 36 pays européens.

 

 

 

DOMINIQUE : « Interpeller n'est pas une solution »

 

Dominique est le père de deux enfants de 24 et 19 ans.

 

« J'aurais tendance à dire que je suis pour la dépénalisation. Ce n'est pas en interpellant des jeunes, en les plaçant en garde à vue, qu'on les aide, surtout s'ils sont dépendants. Le problème se situe en amont, en faisant de la vraie prévention. C'est à ce niveau qu'il faut déployer des fortunes de moyens.

 

En même temps, le cannabis n'est pas anodin quand les enfants ne vont pas bien et qu'ils l'utilisent comme anxiolytique.

 

Je n'étais pas naïf, mes enfants arrivant à l'âge de 15 - 16 ans, je savais qu'ils pouvaient expérimenter le cannabis. Comme l'alcool, le tabac ou le sexe d'ailleurs.

 

Mon fils aîné l'a fait sans conséquence. Et, en tant que professionnel de la santé, il m'arrive de recevoir des enfants envoyés par leurs parents dès le premier joint : je leur dis de relativiser. Même si, pour mon second fils, cela a été plus problématique et qu'il est devenu dépendant. Et là, j'ai été paumé. Quand on s'en aperçoit, il n'est plus possible de tenir un discours de prévention. Il faut alors aider les parents à accéder, avec leur enfant, aux organismes qui prennent en charge les jeunes toxicomanes.

 

 

« Dédramatiser pour en parler plus facilement »

Si le cannabis était dépénalisé, ce serait peut-être plus facile de dédramatiser et donc d'en parler avec ses enfants, comme on le fait avec l'alcool. Je ne pense pas que les parents doivent dire : "C'est mal d'expérimenter le cannabis", ou qu'ils puissent l'interdire d'ailleurs. En revanche, les parents sont là pour leur interdire les excès : on ne leur interdit pas de boire un verre mais on leur interdit de se prendre une cuite, on ne leur interdit pas le sexe mais on leur demande de faire attention. Il faut leur parler des effets comme ceux de l'alcool.

 

 

 

NATHALIE : « Parce que c'est pénalisé ? »

 

Nathalie est la mère de Nicolas, 20 ans.

 

« L'usage du cannabis est pénalisé ? Première nouvelle. Je trouve tout ça hypocrite. Il suffit de se rendre aux portes des lycées pour constater que les jeunes fument. Mon fils, en tout cas, n'a jamais été inquiété... Très sincèrement, je ne sais pas s'il faut dépénaliser l'usage du cannabis mais une chose est sûre : ce qui est mis en place aujourd'hui ne marche pas. Dépénaliser l'usage n'est peut-être pas la solution, je n'ai pas d'idées mais que les politiques, eux, en trouvent car ce n'est pas la journée d'information cannabis organisée dans les collèges ou les lycées qui change quelque chose.

 

En tant que parent, je me suis sentie très démunie. Je ne parle pas du joint consommé occasionnellement mais de l'usage problématique du cannabis. Les parents sont souvent les derniers à s'en rendre compte. Et là, je reprocherais au lycée de ne pas nous avoir appelés. Je ne dis pas que c'est à eux de régler la question mais je pense qu'ils ont un devoir d'alerte, surtout quand on voit les conséquences que cela peut avoir sur leur scolarité à un âge où ils doivent déterminer leur parcours professionnel. Les bulletins scolaires entrent en ligne de compte dans le choix d'une école. Or, quand les premiers mauvais résultats scolaires arrivent, il est déjà trop tard.

 

Par ailleurs, la parole des parents ne suffit pas. Si des enfants peuvent y être sensibles, pour d'autres le discours parental est "rasoir". C'est difficile aussi de leur faire comprendre qu'on a pu fumer du cannabis nous aussi mais que les conséquences sont autrement plus lourdes car, aujourd'hui, les produits sont plus concentrés en principe actif. Il manque des relais, pour eux comme pour nous. »

 

Quant à la police, je ne pense pas qu'elle soit dans son rôle en interpellant les jeunes usagers. Mon fils a souffert d'être fouillé en public, il s'est senti humilié alors qu'il était déjà mal. Le cannabis engendre déjà la paranoïa. Je n'ose imaginer ce qui se serait passé dans sa tête s'il avait été en garde à vue. Je pense que je l'aurais perdu complètement. »

 

 

 

BEUH, BARETTES, ETC.

 

Le cannabis est une plante dont le principe actif responsable des effets psychoactifs est le THC (tétrahydrocannabinol). Il est vendu sous trois formes :

 

> L'herbe (marijuana, beuh, etc.) se fume généralement mélangée à du tabac et roulée en cigarette (joint, pétard...).

 

> La résine (haschich, shit, chichon...) se présente sous forme de plaques compressées, des barrettes qui se fument généralement mélangées à du tabac.

 

> L'huile, plus concentrée en principe actif, consommée à l'aide d'une pipe.

 

 

 

C'EST PLUS CLAIR

 

- PÉNALISATION

 

Un an de prison, c'est la peine maximum encourue pour consommation de cannabis. En 2010, 122 439 personnes ont été interpellées pour usage de cannabis, 15 302 pour usage- revente et trafic. (Source : OFDT)

 

- DÉPÉNALISATION

 

Le consommateur de cannabis ne risque plus de sanction pénale mais le commerce de cannabis reste interdit. Certains politiques prônent une dépénalisation douce. La peine de prison est remplacée par une contravention.

 

- LÉGALISATION

 

À ne pas confondre avec la dépénalisation. Légaliser le cannabis revient à organiser une vente légale du cannabis, comme pour le tabac et l'alcool. Avec taxe sur la vente pour financer la prévention.

 

- ÇA SE COMPARE

Près de quatre adolescents sur dix, âgés de 15-16 ans, déclarent avoir, au moins une fois déjà, fumé du cannabis.

 

Six sur dix (63 %) ont déjà fumé du tabac (les filles d’ailleurs plus que les garçons, 68 % contre 58 %.

Et neuf sur dix de l’alcool ; 67 % en ont consommé dans les trente derniers jours (38 % du tabac et 24 % du cannabis) ; 44 % des adolescents interrogés ont connu un épisode d’alcoolisation ponctuelle importante au cours des 30 jours précédant l’enquête.

(Enquête ESPAD 2011)

 

Source

Modifié par dadar
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Yop,

 

Vaut mieux légaliser en ces temps de vaches maigres......et controler l'utilisation par le biais de canabistrots.....ou tout simplement développer les CSC et demander à être controlé, labélisé ou autre....

 

Ce serait tellement mieux pour tout le monde et ça permettrait de gratter quelques millions d'euros pour les caisses de l'état....que du positif quoi...et du coup, fini le shit frelaté du Maroc et bienvenue la bonne weed de nos campagnes......

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  • 2 semaines après ...

Je suis français et je suis navré de dire que nous sommes des larves.. On regarde les médias nous dire à la télé que "Marion a un problème avec la drogue, sa fille consomme du cannabis, elle rate ses examens.." et voilà on y crois, on me cherche pas plus loin que se qu'on nous fais croire.. À croire que les français ne peuvent pas se faire un avis eux mêmes..

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