Mildt: quel président pour la lutte contre la drogue?


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Frédéric Péchenard, l’ancien directeur général de la police nationale de Nicolas Sarkozy, était un temps pressenti pour le poste. Finalement, la présidence de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) devrait se jouer entre l’élu PS Serge Blisko, médecin généraliste, et la psychiatre Sylvie Wieviorka.

 

Deux mois et demi que le gouvernement Ayrault fait attendre son monde. Deux mois et demi que la Mildt (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) vogue sans capitaine à sa barre, depuis le départ de son ancien président, Etienne Apaire, nommé le 5 mai dernier inspecteur général adjoint des services judiciaires. A ce stade-là, on ne pourra pas reprocher au gouvernement d’avoir pris le temps de choisir la personnalité la plus idoine pour ce poste exposé.

 

Etienne Apaire a passé cinq ans sous le feu des critiques, accusé de suivre à la lettre une politique gouvernementale qui accentuait la répression sans pour autant diminuer les risques. Dès lors, les acteurs de la prévention ont fait part de leurs craintes quant à la nomination à venir. La sénatrice communiste Laurence Cohen (Val de Marne), rapporteuse du budget de la Mildt dans le cadre du projet de loi de finances, a présenté une charte pour que s’ouvre “une nouvelle page de la prise en compte des addictions dans la société, une nouvelle façon de les appréhender“. Dans ce but, un site vient d’être ouvert au public avec un appel à signatures pour cette charte de recommandation.

 

Ces associations s’étaient déjà mobilisées quand, en mai, le nom de l’ancien directeur général de la Police nationale, Frédéric Péchenard, avait circulé pour occuper le poste. Une nomination qui n’aurait eu aucun sens selon la Fédération addiction : “nommer un fonctionnaire de police à la présidence de la Mildt viendrait en contradiction avec la priorité donnée à l’éducation et à la justice sociale“.

 

Aujourd’hui, deux candidats se dégagent. Pierre Blisko, député socialiste de Paris entre 1997 et 2012, ancien médecin généraliste. Très impliqué dans les questions de prise en charge des addictions, il a coprésidé une mission d’information Assemblée nationale – Sénat sur les toxicomanies en 2010-2011.

 

De l’autre côté, une femme, Sylvie Wieviorka, 62 ans. Elue municipale à Paris depuis 2001, membre du conseil de Paris et adjointe au maire de IIe arrondissement, cette psychiatre est spécialisée dans la toxicomanie. Elle a quitté en juin le poste de directrice du centre Pierre Nicole de Paris, pionnier dans la prise en charge des addictions et des traitements de substitution aux opiacés, où elle a exercé durant 22 ans. Sa position au sujet des salles de consommation à moindre risque, dont elle soutient l’expérimentation, séduit les milieux associatifs. Dès 1999, alors membre du Conseil économique et social, elle produit un rapport qui recommande le financement des centres de soins spécialisés aux toxicomanes par l’assurance maladie. Contactée par Les Inrocks, elle confie ne rien savoir de la procédure en cours, si ce n’est que la réponse sera donnée fin août et qu’elle ignore les critères retenus par le premier ministre. Prudente, elle confie à mi-voix que cette nomination serait une formidable opportunité pour elle, dans la continuité de son engagement des vingt dernières années.

 

“Il est temps de redéfinir une politique précise”

 

Alors que la Mildt évolue sans président, sans porte-parole et sans ligne directrice depuis maintenant plus de deux mois, la date précise de nomination du nouveau président reste inconnue. Au grand regret de Laurence Cohen, qui espérait que le lancement de la Charte “pour une autre politique des addictions” inaugurerait un débat, voir des “Etats Généraux” autour de la politique de réduction des risques. Contactée par Les Inrocks, elle s’avoue aujourd’hui déçue.

 

” J’ai demandé à Jean-Marc Ayrault un entretien à ce sujet. Je suis surprise de n’avoir pas eu de réponse. Ce silence va à l’encontre des propos tenus qui promettaient la concertation. Le Premier ministre est sûrement très occupé, mais maintenant que son cabinet est formé, il devrait rencontrer les acteurs concernés”.

 

Pour elle, les querelles de personnes ne doivent pas occulter le débat sur la direction choisie. Ce qui compte, c’est l’orientation prise par la MILDT :

 

Sommes-nous dans un organe politique, comme sous la présidence de monsieur Apaire, qui accentue la répression ? Ou alors dans un travail de prévention, de réduction des risques ? Il est temps de définir une politique précise”.

 

Comme d’autres, elle attend d’être fixée sur ce point avant de se déclarer en faveur d’un des candidats.

 

 

source: lesinrocks.com Camille Vigogne Le Coat

 

 

 

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