Grossesse et cannabis


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Grossesse et Cannabis
 
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Tout d'abord avant de commencer cette news
Un sujet est ouvert sur le cannabis et la grossesse en section "Discussion Thérapeutique",
vous désirez y participer c’est par ICI


Un article paru en 2013 sur Sensi Seed qui parle aussi de consommation de cannabis pendant la grossesse ICI
 
Un autre paru en 2012  ICI
 
Une étude menée sur la population jamaïcaine ICI disponible en français ICI

Consultations Jeunes Consommateurs CJC ICI
Drogues info service ICI


 
Quel recherche sur le cannabis consommé pendant la grossesse qui ne sont pas a prouver.
 
DENVER (AP) -
Le législateurs Colorado qui luttent pour donner un sens à des preuves scientifiques incomplètes sur la consommation de marijuana par les femmes enceintes et allaitantes ont abandonné un projet de loi pour ajouter des avertissements dans les magasins de cannabis sur l'utilisation de la marijuana maternelle.

Les législateurs ont rejeté un projet de loi qui aurait exigé dispensaires d’afficher des panneaux d'avertissement à propos des "dangers pour le fœtus causés par le tabagisme ou l'ingestion de la marijuana pendant la grossesse." Ils ont entendu les témoignages de femmes qui ont utilisé la marijuana pour traiter les nausées pendant la grossesse, mais des médecins ont aussi appelé à des avertissements supplémentaires.

Le Représentant républicain. Jack Tate a promis de réessayer pour élaborer des avertissements supplémentaires après avoir entendu des femmes enceintes qui consomment de la marijuana.

"Il est très, très important pour les femmes d'être des consommatrices informés pour prendre des décisions de soins de santé», a déclaré Tate.

Mais les législateurs ont également entendu des femmes qui disent que les avertissements existants sont adéquats. Le Colorado et l'État de Washington, les premiers états avec des shop de cannabis récréatif, exigent a la fois que les consommateurs obtiennent des avertissements écrits qui comprennent des suggestions: femmes enceintes et allaitantes devraient éviter le cannabis.

Sadie Lane, chef de file pour les “Colorado Foothills Moms for Marijuana“, a témoigné quelle cannabis utiliser pendant la grossesse, les femmes ont besoin de parler aux médecins, non opérant pour un shop de cannabis, sur l'utilisation du médicament pendant la grossesse.

"Montrez-leur deux côtés et laissez-les prendre la décision avec leur médecin», a déclaré Lane.

Un rapport publié par le Département de la santé publique du Colorado et de l'environnement cette semaine note que l’ingrédient psychoactif de la marijuana, le THC, est transmis aux enfants à travers le placenta et le lait maternel. Mais les médecins qui ont compilé l'enquête de la recherche existante ont également noté que les conséquences sanitaires de l'exposition au THC ne sont pas pleinement compris.

Les auteurs du rapport ont trouvé:

- des preuves "mixte" pour le lien de cannabis à des malformations congénitales.

- des preuves "insuffisante" que l'utilisation de la marijuana pendant la grossesse fait des descendants plus susceptibles d'utiliser du cannabis eux-mêmes comme les adolescents.

- des preuves "modérée" que l'utilisation de la marijuana au cours de la grossesse est associée à des problèmes d'attention, troubles cognitifs ou faible QI dans la progéniture.

- des preuves "mixte" que l'utilisation de la marijuana pendant la grossesse est associée à un faible poids de naissance.

Pourtant, les médecins ont conclu, "Il n'y a aucune quantité sûre connu de l'utilisation de la marijuana pendant la grossesse ».

Le rapport, publié lundi, reflète des conclusions nationales sur les risques sur la santé et la marijuana.

Un rapport de 2013 “American Academy of Pediatrics“,  la marijuana figure parmi les médicaments les plus courants liés à une exposition prénatale qui peuvent poser des risques importants pour la santé, y compris des problèmes pendant l'enfance de comportement et d’attention éventuelement.

L'Institut national sur l'abus des drogues (drug abuse) dit que les études animales ont suggéré que fumer de la marijuana durant la grossesse peut nuire au développement du cerveau. Mais l'institut dit aussi que plus de recherche est nécessaire "démêler les effets spécifiques de la marijuana et des autres facteurs environnementaux, y compris la nutrition maternelle, l'exposition à une mauvaise alimentation, et l'utilisation d'autres substances par les mères."

Le Colorado, l'un des quatre États a avoir légalisé l'usage récréatif de cannabis, la marijuana nécessite de porter des étiquettes disant, "Il peut y avoir des risques supplémentaires pour la santé associés à la consommation de ce produit pour les femmes enceintes, qui allaitent et qui souhaitent le devenir."

Dans l'État de Washington, les acheteurs de marijuana obtiennent des flyers d’avertissements ou il est écrit "ne doit pas être utilisé par les femmes enceintes et/ou qui allaitent."

La Société médicale du Colorado a soutenu le projet de loi Tate et les avertissements élargis dans un excès de prudence.

"Nous sommes en train d'ouvrir la porte sur la recherche" sur l'utilisation de la marijuana maternelle, a déclaré le Dr Brent Keeler.

Source:hightimes.com

 
Voici un rapport du “centre canadien de lutte contre les toxicomanies“ sur les effets du cannabis pendant la grossesse,
ce pdf est disponible ICI
ou tout simplement le lire ci dessous.
 
 
“Le présent rapport est le deuxième d’une série sur les effets du cannabis sur divers aspects du fonctionnement et du développement de la personne. Révision d’un rapport précédent, il aborde les effets sur l’enfant de la consommation de cannabis pendant la grossesse et fait état des nouvelles recherches qui valident et approfondissent nos connaissances sur la question. Les autres rapports, eux, portent sur les effets de l’usage chronique sur le fonctionnement cognitif et la santé mentale, le cannabis au volant et les troubles respiratoires causés par le cannabis. Cette série s’adresse à un large public, notamment les professionnels de la santé, les décideurs et les chercheurs.“


Dissiper la fumée entourant le cannabis
 

Points clés
  
 •    Le cannabis est la substance illicite la plus souvent consommée pendant la grossesse.
  
 •    L’exposition prénatale au cannabis altère le développement cognitif et le rendement scolaire.
  
 •    Les effets se font aussi sentir sur le comportement : troubles de l’attention, hyperactivité et impulsivité.
  
 •    De nouvelles données révèlent également une probabilité accrue de tabagisme, d’abus de substances et de délinquance chez les adolescents exposés au cannabis avant leur naissance.
  
 •    L’information sur les effets du cannabis pendant la grossesse est essentielle pour aider les professionnels de la santé à conseiller leurs patientes et ainsi améliorer la santé et le bien-être des enfants de ces patientes.
 
Le présent rapport est le deuxième d’une série sur les effets du cannabis sur divers aspects du fonctionnement et du développement de la personne. Révision d’un rapport précédent, il aborde les effets sur l’enfant de la consommation de cannabis pendant la grossesse et fait état des nouvelles recherches qui valident et approfondissent nos connaissances sur la question. Les autres rapports, eux, portent sur les effets de l’usage chronique sur le fonctionnement cognitif et la santé mentale, le cannabis au volant et les troubles respiratoires causés par le cannabis. Cette série s’adresse à un large public, notamment les professionnels de la santé, les décideurs et les chercheurs.
 
Contexte
 
Le cannabis, aussi appelé marijuana, est la substance illicite la plus consommée au Canada. En effet, selon l’Enquête canadienne sur le tabac, l’alcool et les drogues de 2013, 10,6 % des Canadiens de 15 ans et plus en ont pris au moins une fois dans la dernière année (Santé Canada, 2015), soit un taux similaire à celui de 2012 (10,2 %). La consommation de cannabis est généralement plus répandue chez les jeunes : le taux d’usage dans la dernière année est de 22,4 % chez les jeunes de 15 à 19 ans et de 26,2 % chez les jeunes adultes de 20 à 24 ans. Ajoutons qu’environ 27 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus qui ont pris du cannabis dans les trois derniers mois ont affirmé qu’ils en consommaient tous les jours en 2012 (Santé Canada, 2013).
 
Selon un nombre croissant de données, le cannabis nuirait à plusieurs sphères de la vie des personnes touchées, notamment la santé mentale et physique, les fonctions cognitives, la capacité à conduire un véhicule et le développement avant et après la naissance des enfants. Le présent rapport – volet d’une série sur les effets du cannabis sur divers aspects du fonctionnement et du développement de la personne (voir Beirness et Porath-Waller, 2009; Diplock et Plecas, 2009; Kalant et Porath-Waller, 2014; Porath- Waller, 2009) – aborde les effets de l’ exposition prénatale au cannabis sur l’ issue de la grossesse, le développement neurocognitif, le comportement et la santé mentale des enfants. Le rapport analyse d’ abord les données disponibles, puis les incidences sur les politiques et les pratiques.
 
La principale source d’ information sur le sujet, ce sont trois études de cohorte prospectives longitudinales sur les effets qu’a le cannabis consommé pendant la grossesse sur le développement et le comportement de l’ enfant. Il y a d’ abord l’ Étude prospective prénatale d’ Ottawa (Ottawa Prenatal Prospective Study, ou OPPS), initiée en 1978 et portant sur des familles caucasiennes principalement issues de la classe moyenne (Fried, 2002). De son côté, le Projet sur les pratiques relatives à la santé maternelle et au développement de l’enfant de Pittsburgh (Maternal Health Practices and Child Development Project [MHPCD] in Pittsburgh) a débuté en 1982 avec une cohorte composée en grande partie d’enfants de femmes afro- américaines de milieux socioéconomiques défavorisés (Day, Sambaoorthi, Taylor et coll., 1991). Enfin, plus récemment, il y a eu l’étude Generation R (Generation R study), lancée en 2001 et menée sur une cohorte multi-ethnique de mères et d’enfants provenant principalement d’un milieu socioéconomique favorisé des Pays-Bas (El Marroun, Tiemeier, Steegers et coll., 2009). Entamées alors que les femmes étaient enceintes, les trois études ont ensuite suivi les enfants jusqu’à la petite enfance (Generation R), l’adolescence (MHPCD) et le début de l’âge adulte (OPPS).
 
Comme ces trois études adoptent une méthodologie prospective longitudinale, plutôt que rétrospective, elles suivent un même groupe de mères et d’enfants sur une longue période. Cette pratique permet d’évaluer avec abileté le degré d’exposition au cannabis, le moment où a eu lieu l’exposition et une foule d’indicateurs relatifs au mode de vie (p. ex. l’état de santé de la mère, sa situation socioéconomique et sa consommation de drogues autres que le cannabis) pendant la grossesse et d’analyser les écarts qui surviennent dans le comportement et le fonctionnement des enfants au fil du temps. De son côté, l’étude rétrospective permet de comparer des groupes de sujets aux paramètres développementaux légèrement différents, puis de tirer des conclusions, après avoir évalué l’exposition, à un moment quelconque, à des facteurs de risque potentiels (dont l’ usage de cannabis).
 
Précisons que la prudence s’impose dans la comparaison des résultats des études OPPS et MHPCD à ceux de Generation R. La teneur en Δ9-tétrahydrocannabinol (THC) des préparations à base de cannabis n’ a cessé d’ augmenter au cours des dernières décennies (Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, 2014; National Centre for Natural Products Research, Université du Mississippi, 2013). Il se peut donc que les enfants participant à l’ étude Generation R aient été exposés à un niveau de THC plus élevé que les enfants des deux autres études.
 
Prévalence de l’usage de cannabis pendant la grossesse
 
Le cannabis est la substance illicite la plus souvent consommée pendant la grossesse : c’est ainsi que, selon une moyenne des données tirées d’une enquête nationale sur la consommation de substances et la santé réalisée en 2011 et 2012 aux États-Unis, 5,2 % des femmes enceintes âgées de 15 à 44 ans avaient pris du cannabis dans le dernier mois, soit un taux légèrement plus élevé que celui obtenu après une compilation des données de 2009 et 2010 (3,6 %) (Substance Abuse and Mental Health Services Administration [sAMHSA], 2013). C’est pendant le premier trimestre que le taux d’usage de cannabis serait le plus fort avec 10,7 %, puis le deuxième avec 2,8 % et et le troisième avec 2,3 % (SAMHSA, 2013).
 
Au Canada, environ 11 % des Canadiennes en âge de procréer (de 15 à 44 ans) signalaient avoir pris du cannabis dans la dernière année (Santé Canada, 2012). D’après le Rapport sur la santé périnatale au Canada de 2008, 5 % des femmes avaient pris de la drogue au cours de leur grossesse; le rapport ne précise toutefois pas le pourcentage relatif au cannabis (Ordean et Kahan, 2011).
 
Le cannabis est une matière verdâtre ou brunâtre ressemblant au tabac et consistant en sommités fleuries, fruits et feuilles séchés du plant de cannabis, le Cannabis sativa. Le haschisch, ou résine de cannabis, est la sécrétion résineuse brun foncé ou noire des sommités fleuries du plant de cannabis. Il produit divers effets aigus : entre autres, il rend euphorique et détend, change la perception, déforme la notion du temps, entraîne des déficits d’attention, des pertes de mémoireet des tremblements et affaiblit les capacités motrices. Le cannabis est régi par la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, ce 
qui veut dire que sa production, sa possession, sa distribution et sa vente sont illégales. Une exception est faite pour les personnes en possession de cannabis à des fins médicales, tel qu’approuvé par un médecin.
 
Un rapport du Groupe de travail sur la santé génésique (Reproductive Health Working Group) (2006) en Alberta indique que 2,3 % des femmes ayant accouché en 2006 ont dit avoir consommé de la drogue pendant leur grossesse, le cannabis étant leur substance de prédilection. Cela dit, il faut préciser que ces statistiques sont largement inférieures à celles de plusieurs autres études de cohorte prospectives longitudinales sur l’usage de cannabis pendant la grossesse qui, elles, ont relevé un taux de 10 à 16 % dans des échantillons de la classe moyenne et de 23 à 30 % dans des quartiers urbains défavorisés (Day, Leech et Goldschmidt, 2011; Fried, 2002).
 
Effets sur la grossesse, le développement fœtal et l’issue de la grossesse
 
Après contrôle de la consommation maternelle de tabac, d’alcool et d’autres substances et de plusieurs covariables démographiques, il ne semble pas exister de corrélation entre l’usage de cannabis pendant la grossesse et un risque accru de naissance prématurée, de fausse couche ou de grave anomalie physique (Day et coll., 1991; Fried, Buckingham et Von Kulmiz, 1983). Fried, Watkinson et Willan (1984) ont toutefois remarqué une baisse statistiquement significative d’environ une semaine dans l’âge gestationnel des enfants nés de mères de la cohorte OPPS qui prenaient du cannabis au moins six fois par semaine. Certains rapports font aussi état d’hypertélorisme (écartement excessif des yeux) et d’épicanthus grave (repli cutané de la paupière supérieure) (O’Connell et Fried, 1984) et d’un risque quintuplé de présenter des traits caractéristiques du syndrome d’ alcoolisation fœtale, p. ex. sillon sous-nasal aplati (creux entre le nez et la lèvre supérieure), lèvre supérieure mince et fentes palpébrales étroites (yeux en fente mince) (Hingson et coll., 1982), chez les enfants de mères grandes consommatrices de cannabis.
 
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Il semble par ailleurs que l’exposition prénatale au cannabis nuirait à la croissance fœtale et à l’issue de la grossesse, même si les résultats à cet effet sont quelque peu contradictoires. Ainsi, l’étude Generation R a révélé que la consommation de cannabis durant la grossesse était associée à un retard de croissance en milieu et en fin de grossesse ainsi qu’à un faible poids de naissance, et ce, indépendamment de plusieurs facteurs liés au mode de vie et à la situation socioéconomique (El Marroun et coll., 2009). Les résultats de cette étude semblent aussi pointer vers une relation dose-réponse telle que le lien entre une forte consommation de cannabis pendant la grossesse et un faible poids de naissance était particulièrement fort. De son côté, l’étude MHPCD a fait ressortir une relation négative ténue, mais importante, entre l’usage de cannabis durant le premier trimestre et la taille de l’enfant à la naissance (Day et coll., 1991).
 
Hayatbakhsh et ses collaborateurs (2011), eux, ont étudié une vaste cohorte d’Australiennes recevant des soins prénatals publics dans un grand hôpital de 2000 à 2006, et ont ainsi déterminés que l’usage de cannabis pendant la grossesse était un bon indicateur d’issues négatives (faible poids de naissance, prématurité, petite taille pour l’âge gestationnel et admission à l’unité néonatale de soins intensifs). Aucune corrélation n’ a pu être établie entre ces issues, d’ une part, et les caractéristiques sociodémographiques de la mère, son tabagisme ou sa consommation d’ alcool ou d’ autres drogues, d’ autre part. En comparaison, l’étude OPPS n’ a noté aucune différence dans la taille à la naissance entre les nouveau-nés de mères consommatrices de cannabis et ceux de mères abstinentes (Fried et O’Connell, 1987). Ajoutons qu’une méta-analyse de 10 études appuie dans une faible mesure le lien entre l’usage de cannabis pendant la grossesse et une diminution du poids ou un faible poids à la naissance (English, Hulse, Milne, Holman et Bower, 1997).
 
Effets sur les fonctions neurocognitives
 
L’usage de cannabis pendant la grossesse a des effets ténus sur les fonctions neurocognitives des enfants. Ainsi, à partir de trois ou quatre ans, les enfants des études OPPS et MHPCD dont les mères avaient consommé beaucoup de cannabis pendant leur grossesse présentaient des altérations de la mémoire, des aptitudes verbales et perceptives et du raisonnement verbal et visuel, après contrôle d’autres facteurs confusionnels possibles1 (Day et coll., 1994; Fried et Watkinson, 1990). De son côté, l’étude Generation R n’a constaté aucune altération attribuable au cannabis lors du suivi des enfants, vers l’âge de trois ans (El Marroun, 2010). On a aussi noté, pendant l’étude MHPCD, une altération du raisonnement quantitatif et verbal et de la mémoire à court terme chez les enfants de six ans dont les mères avaient fumé une ou plusieurs cigarettes de marijuana par jour pendant leur grossesse (Goldschmidt, Richardson, Willford et Day, 2008). Les études OPPS et MHPCD montrent toutes deux que, chez les enfants d’environ neuf ans, un lien a été établi entre, d’ une part, l’ exposition prénatale au cannabis et, d’ autre part, des perturbations du raisonnement abstrait et visuel, de faibles performances aux tâches impliquant les fonctions exécutives (c.-à-d. l’intégration visuo-motrice, la formation de concepts non verbaux et la résolution de problèmes) et des troubles en matière de lecture, d’orthographe et de réussite scolaire (Fried, Watkinson et Gray, 1998; Fried et Watkinson, 2000; Goldschmidt, Richardson, Cornelius et Day, 2004; Richardson, Ryan, Willford, Day et Goldschmidt, 2002). Il a été démontré que la vulnérabilité des fonctions visuo-cognitives subsiste en début d’adolescence chez les enfants fortement exposés au cannabis (Fried, Watkinson et Gray, 2003).
 
L’ étude MHPCD a montré que l’ exposition à de fortes doses de cannabis pendant le premier trimestre permet de prévoir, chez les enfants de 14 ans, de moins bons résultats à des tests de réussite scolaire, surtout en lecture (Goldschmidt, Richardson, Willford, Severtson et Day, 2012). Il est intéressant de noter le lien entre cette conclusion et les conséquences qu’ a l’ exposition prénatale sur la performance à un test d’ intelligence fait à l’ âge de 6 ans, les troubles de l’attention et les symptômes dépressifs à 10 ans et une initiation précoce à la marijuana. Ajoutons que, chez les jeunes de 16 ans, les décits dans la vitesse de traitement de l’information, le transfert interhémisphérique de l’ information et la coordination visuo-motrice sont associés à l’exposition prénatale au cannabis, et selon l’étude MHPCD, ces effets se feraient sentir suite à une exposition faible à modérée (Willford, Chandler, Goldschmidt et Day, 2010).
 
Des études de neuro-imagerie faites auprès de jeunes participants de 18 à 22 ans à l’étude OPPS a permis de constater que l’exposition in utero a des répercussions négatives sur les circuits neuronaux impliqués dans certains aspects des fonctions exécutives, dont l’inhibition de réponse et la mémoire de travail visuo-spatiale (Smith, Fried, Hogan et Cameron, 2004, 2006). Ces conclusions sont particulièrement intéressantes, car elles prouvent les effets néfastes à long terme de l’exposition prénatale au cannabis sur les fonctions neurocognitives de l’enfant; à noter toutefois que cette exposition ne semble pas influer sur le niveau général d’intelligence (Fried et coll., 1998, 2003).
 
 1Dans les trois études longitudinales, les analyses ont tenu compte de nombreuses covariables telles le sexe de l’enfant et son ethnicité, le milieu familial, la situation socioéconomique de la mère, l’exposition prénatale au tabac et à l’alcool et la consommation actuelle de la mère.
 
Effets sur le comportement
 
Les effets de l’exposition prénatale au cannabis sur le comportement sont documentés, mais on ignore à quel moment ils se manifestent. Selon l’étude Generation R, l’exposition prénatale est associée à un risque accru de problèmes d’ agressivité et d’ attention dès l’ âge de 18 mois chez les filles, mais pas chez les garçons (El Marroun et coll., 2011). L’étude OPPS, elle, n’a relevé aucune corrélation négative entre l’exposition au cannabis et l’attention chez les enfants de quatre ans (Fried et Watkinson, 1990), alors que l’étude MHPCD signale une altération de la vigilance chez les enfants exposés de cet âge (Noland et coll., 2005). Quand les enfants atteignent l’âge de six ans, les effets de l’usage de cannabis pendant la grossesse sont beaucoup plus marqués. C’est ainsi que, contrairement aux enfants de mères abstinentes, les enfants nés de mères consommatrices de cannabis en particulier de grandes consommatrices – sont plus hyperactifs, distraits et impulsifs (Fried, Watkinson et Gray, 1992; Leech, Richardson, Goldschmidt et Day, 1999). À 10 ans, les enfants exposés au cannabis avant leur naissance présentent, selon leurs mères et enseignants, un niveau d’ hyperactivité, d’ inattention et d’ impulsivité accru et un niveau plus important de délinquance et de problèmes d’extériorisation que les enfants non exposés en période prénatale (Fried et coll., 1998; Goldschmidt, Day et Richardson, 2000). L’étude MHPCD a récemment montré que les enfants de femmes consommant beaucoup de cannabis (au moins un joint par jour) pendant leur premier trimestre étaient presque deux fois plus susceptibles d’ avoir un comportement délinquant à 14 ans que les enfants non exposés ou alors exposés à des quantités moindres (Day et coll., 2011). Ajoutons que les auteurs de l’étude MHPCD ont aussi remarqué que, chez les enfants exposés, le lien entre exposition prénatale et comportement délinquant semble inué par les effets du cannabis sur les symptômes dépressifs et par les troubles de l’attention. Par contre, chez les 13 à 16 ans, les effets de l’exposition prénatale sur certains aspects de l’attention (l’adaptabilité, l’encodage et la concentration) semblent s’ estomper (Fried et coll., 2003).
 
Des données de plus en plus nombreuses indiquent que l’exposition prénatale au cannabis jouerait un rôle dans l’ initiation et la fréquence de la consommation de substances à l’adolescence. Selon Porath et Fried (2005), les enfants de 16 à 21 ans (en particulier les jeunes hommes) de mères consommatrices risquaient davantage, en fonction de la dose reçue, de commencer à fumer du tabac et du cannabis et de le faire tous les jours, comparés aux enfants de mères abstinentes. Day, Goldschmidt et Thomas (2006) ont obtenu des résultats analogues : comparés aux enfants de mères abstinentes, à l’âge de 14 ans, les enfants dont les mères prenaient beaucoup de cannabis pendant leur grossesse faisaient non seulement un usage plus fréquent de cette substance, mais commençaient aussi à en consommer plus tôt. Ces résultats se remarquaient aussi quand les enfants avaient 22 ans, et il existait un lien entre la probabilité de consommer du cannabis et l’étendue de l’exposition prénatale (Sonon, Richardson, Cornelius, Kim et Day, 2015).
 
Effets sur la santé mentale
 
De nouvelles données associent l’exposition prénatale au cannabis à une symptomatologie dépressive et anxieuse. Après contrôle de l’exposition prénatale à d’autres drogues et des facteurs de risque de dépression infantile, les enfants nés de mères consommatrices de cannabis présentaient, à l’âge de 10 ans, beaucoup plus de symptômes dépressifs et anxieux que les enfants de mères abstinentes (Gray, Day, Leech et Richardson, 2005; Leech, Larkby, Day et Day, 2006). L’exposition prénatale à la marijuana pourrait affecter la santé mentale des enfants et, de ce fait, leur santé et bien-être à long terme; les recherches longitudinales à ce sujet doivent donc être approfondies.
 
Mécanismes d’action
 
Les mécanismes à l’origine des effets de l’exposition prénatale au cannabis sont de mieux en mieux compris depuis la découverte et l’étude du système endocannabinoïde (système formé de récepteurs cannabinoïdes endogènes et de neurotransmetteurs analogues au THC). La recherche sur le sujet révèle que le système endocannabinoïde joue un rôle déterminant dans plusieurs processus développementaux du cerveau embryonnaire, comme la prolifération et la différenciation des cellules. Le cannabis consommé envahit ce système, ce qui affecte sa capacité en termes de développement neural « normal ». Les cannabinoïdes arrivent à passer la barrière placentaire et peuvent aussi nuire à l’expression de gènes clés du développement neural, entraînant ainsi des perturbations des neurotransmetteurs et du comportement (Gomez et coll., 2003). La présence de récepteurs cannabinoïdes dans le placenta et le cerveau du fœtus expliquerait aussi les effets néfastes de l’exposition prénatale au cannabis (Park, Gibbons, Mitchell et Glass, 2003), étant donné la corrélation entre ces récepteurs et certaines fonctions cérébrales comme la cognition et la mémoire (Kumar, Chambers et Pertwee, 2001). Des études animales ont permis de déterminer que les cannabinoïdes peuvent parfois modifier l’activité dopaminergique et perturber le fonctionnement de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (Kumar et coll., 2001), ce qui inuerait sur l’humeur et le comportement neurologique des enfants.
 
D’ autres études ont aussi montré que l’ exposition prénatale aux cannabinoïdes entraînerait des modications aux systèmes gabaergique2, glutamatergique, sérotonergique et opioïdergique des enfants (Fernández-Ruiz, Berrendero, Hernández et Ramos, 2000; Jutras-Aswad, Dinieri, Harkany et Hurd, 2009; Trezza, Cuomo et Vanderschuren, 2008). De telles modifications à ces systèmes pourraient expliquer les effets qu’a le cannabis sur les enfants qui y sont exposés. Il se peut aussi qu’un facteur génétique encore indéterminé soit à la base tant des habitudes de vie de la femme enceinte (dont la prise de cannabis) que du développement neural et du comportement de son enfant. Cette avenue doit être étudiée davantage.
 
2 Le GABA (acide gamma-aminobutyrique) est un neuromédiateur inhibiteur.
 
Conclusions et répercussions
 
Le développement précoce du cerveau met en jeu une série complexe de phénomènes influencés par des facteurs prénataux et environnementaux; ces phénomènes ont parfois des effets en aval qui affectent le développement postnatal et le comportement (pour des comptes rendus, voir Finnegan, 2013; Leyton et Stewart, 2014). Les données scientifiques montrent que l’ exposition prénatale au cannabis (en particulier une forte exposition) a des effets néfastes, se manifestant dès l’âge de trois ans, sur les fonctions cognitives, le comportement, la santé mentale et la consommation de substances à l’adolescence. Les altérations cognitives liées au cannabis auraient des répercussions sur les résultats scolaires de l’ enfant, qui pourrait donc avoir besoin de cours de rattrapage, d’enrichissement ou de mise à niveau pour prévenir de futurs problèmes d’apprentissage.
 
Faire de la prévention sur l’usage de cannabis pendant la grossesse permettrait de réduire considérablement de telles atteintes cognitives. De plus, avec des programmes de prévention et d’intervention visant à limiter l’exposition au cannabis avant la naissance, on pourrait diminuer le nombre de jeunes ayant des troubles de santé mentale et autres comportements problématiques comorbides, comme la consommation de substances et la délinquance.
 
Au moins la moitié des grossesses en Amérique du Nord seraient non planifiées (Walker, Rosenberg et Balaban-Gil, 1999). Compte tenu de ce chiffre et du fait que près de 11 % des Canadiennes en âge de procréer (de 15 à 44 ans) avaient consommé du cannabis au cours de la dernière année en 2011 (Santé Canada, 2012), certains enfants risquent d’être exposés au cannabis avant leur naissance. L’usage de cannabis pendant la grossesse est un facteur de risque prénatal évitable. D’ailleurs, la littérature avance qu’il serait prudent d’aviser les femmes enceintes et celles qui pensent le devenir des risques liés à la consommation de cannabis pendant la grossesse. C’est pourquoi les professionnels des soins de santé périnatals doivent être bien au fait des dernières recherches et données cliniques. Il n’ empêche qu’une enquête récente faite auprès de gynécologues, d’obstétriciens, de sages- femmes et d’omnipraticiens pratiquant en France a révélé un immense besoin en formation sur la prise en charge de l’usage de cannabis durant la grossesse. Cette enquête a en effet montré que seulement 51 % des professionnels de la santé questionnent leurs patientes enceintes sur leur consommation et qu’environ 68 % disent ne pas connaître suffisamment les risques du cannabis pendant la grossesse pour conseiller leurs patientes et ne pas disposer des moyens nécessaires pour informer leurs patientes consommatrices et leur prodiguer des soins (Gérardin, Victorri-Vigneau, Louvigné, Rivoal et Jolliet, 2011).
 
Cela dit, pendant sa grossesse, la femme pourrait être plus ouverte et motivée à modifier certains comportements, dont ses habitudes de consommation. C’est pourquoi les professionnels de la santé doivent davantage explorer ces questions avec leurs patientes et offrir des renseignements de manière neutre et compatissante aux femmes en âge de procréer et à leurs conjoints.
 
Malgré la forte prévalence de l’usage de marijuana chez les femmes en âge de procréer, on connaît toujours mal l’incidence potentielle de cette substance sur le cerveau en développement et son influence à long terme sur la cognition, le comportement et la santé mentale. Compte tenu de la grande accessibilité au cannabis, de sa concentration accrue en THC, d’une perception des risques plus limitée et de l’arrivée de puissants produits cannabinoïdes de synthèse, il est essentiel de poursuivre les recherches sur les conséquences à long terme de l’exposition prénatale à cette substance.
 
Références
disponibles sur pdf

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