The Wire, Sevran, la dépénalisation et la décentralisation

Par Invité ,

Dans la saison 3 de The Wire, confronté à l’explosion de la violence dans son secteur, le major Colvin, de la police de Baltimore, décide de tenter dans le plus grand secret une expérience de dépénalisation. Son raisonnement est simple: il promet aux dealers qu’il les laissera mener leur petit commerce comme ils l’entendent à condition qu’ils mettent fin à leurs guerres intestines et installent leurs revendeurs dans trois "zones libres", baptisées "Amsterdam", qui seront surveillées par la police pour éviter les dérapages.Les résultats sont spectaculaires: la criminalité baisse de 14%. Mais très vite, ses supérieurs hiérarchiques sont informés de l’opération, à laquelle ils décident immédiatement de mettre un terme par peur des retombées politiques et ce quels que soient les résultats obtenus. Commentaire acerbe du chef adjoint de la police Rawls (l’excellent John Doman): "C’est vraiment con que ça foute nos carrières en l’air, mais bravo."

 

https://www.youtube.com/watch?v=n4j_oSeWZyU&rel=0&fs=1

 

Fiction certes, mais pas que. D’abord, ce n’est pas un hasard si c’est à Baltimore qu’a vu le jour la série de David Simon et Ed Burns, respectivement ancien journaliste et policier. Gangrénée par la misère et la violence, la ville portuaire fut l’une des plus exposées aux problèmes de drogues dans les années 80 et 90. A tel point que, confronté à ce problème sans précédent, le premier maire noir de la ville, l’ancien procureur Kurt Schmoke, sera également le premier maire d’une grande ville américaine à se faire l’avocat de la dépénalisation et à mettre en place des programmes de réduction des risques pour les tocixomanes. Dans The Wire, Kurt Schmoke apparaît justement dans l’ultime épisode de la saison 3, après les révélations du major Colvin.

 

Une ville pauvre confrontée à la violence et aux problèmes de drogues, un maire audacieux, un ancien flic antiprohibitionniste… Cela ne vous rappelle rien? Difficile pourtant d’être passé à côté ces derniers jours: à Sevran, en Seine-Saint-Denis, rendue tristement célèbre par les trafics de la cité des Beaudottes, le maire écologiste Stéphane Gatignon vient de publier avec l’ex-flic Serge Supersac un plaidoyer pour la légalisation: "Pour en finir avec les dealers".

 

Et ce n’est pas un hasard là non plus si ce livre fait plus de bruit que tous les précédents sur le sujet. Car ses auteurs connaissent la réalité du terrain, sur la ligne de front de la guerre à la drogue. Et si l’ancien communiste et l’ancien flic en sont venus à plaider ensemble pour une forme de vente contrôlée par l’Etat, ce n’est pas par idéologie, pour que les bobos puissent fumer en paix, mais plus pragmatiquement pour faire revenir la paix dans leurs quartiers:

 

Sortir de la société de prohibition, c’est libérer des territoires entiers de l’emprise des trafics et de la violence. Les politiques y sont opposés parce qu’ils sont persuadés que 95% des gens sont contre, mais il faut parler des choses complexes, sinon, on n’aurait jamais mis fin à la peine de mort.

 

Un argumentaire que n’aurait pas renié le major Colvin. D’ailleurs le maire de Sevran conseillait en novembre sur son blog de regarder la série The Wire: "Vous trouverez difficilement meilleur moyen de comprendre de quoi il s’agit."

 

On touche probablement là à l’une des pierres angulaires du consensus prohibitionniste français. Que ce soit aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse, Au Royaume-Uni, en Espagne… ce sont des pouvoirs locaux qui ont osé briser le tabou de la guerre à la drogue. Distribution d’héroïne médicale à Liverpool, coffee shops à Amsterdam, "scène ouverte de la drogue" à Zurich, salles de shoot à Vancouver, cannabis thérapeutique en Californie… des maires, des gouverneurs, des parlements locaux ou des responsables policiers ou du système de soins ont osé prendre des initiatives qui n’auraient jamais pu l’être à l’échelle d’un pays.

 

Souvent semi-clandestines à l’origine, certaines de ces expériences ont prospéré, d’autres non. Mais toutes avaient en commun d’être basées sur l’expérience de terrain, de répondre de manière pragmatique à une situation d’urgence, sans se soucier des réactions à court terme de l’opinion publique. Plus tard, certaines sont devenues des politiques nationales, servant même d’exemple à l’étranger.

 

En France, pays de tradition centralisatrice, ce type d’expériences est inenvisageable, expliquant pour partie notre incroyable retard en matière de prise en charge des toxicomanes. On l’a à nouveau vu à propos du récent débat sur les salles d’injection supervisées pour usagers de drogues. Les maires des deux plus grandes villes de France, l’un PS, Bertrand Delanoë, l’autre UMP, Jean-Claude Gaudin, les membres de Elus, Santé Publique & Territoires, représentant 60 villes de France, se sont dits prêts à accueillir de telles expériences. Mais probablement effrayé par la réaction de l’électorat de droite, le Premier ministre a prématurément sifflé la fin de la récré. Malgré l’avis des scientifiques de l’Inserm qui soulignaient les résultats encourageants de ces dispositifs, l’expérience n’aura jamais lieu.

 

Résultat, la France est l’un des pays les plus répressifs en matière de lutte contre la toxicomanie et l’un de ceux où les jeunes consomment le plus de cannabis. Et tous les majors Colvin de notre beau pays auront beau présenter des résultats concerts, ce sont toujours les commandants Rawls en attente de réelection qui y auront le dernier mot.

 

Source : Arnaud Aubron - Les Inrock

 


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De la tuerie, the Wire, Amsterdam dans la série c'est le marché noir "controlé" par les keufs quoi...

 

Mais bon ça concerne l'héro et tout pour les vrais tox etc...

 

Mais série à voir absolument...

 

PEACE

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info a la une !!!

 

sa fait 5 ans que la saison a étai diffuser

 

 

 

en tous cas le principe est simpa

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Salut, c'est quoi ça xD :

 

Citation :

 

Sortir de la société de prohibition, c’est libérer des territoires entiers de l’emprise des trafics et de la violence. Les politiques y sont opposés parce qu’ils sont persuadés que 95% des gens sont contre, mais il faut parler des choses complexes, sinon, on n’aurait jamais mis fin à la peine de mort.

 

Mais si 95% de l'opinion publique (c'est un fake ce pourcentage, il y a que les catho conservateur dans leur state ?) est contre la légalisation, c'est parce que ces même politique on répandue de fausse idée lors de cette prohibition, et ça maintenant ça les aide. La violence, c'est même ce qui en faite gagner certain a la présidence, si si, je le jure.

 

Et li ne faudrait pas oublier que la France lors de la première interdiction (dans les années 30), à l'époque la France avait son petit business avec l'opimes, défendait que si on prohibait, la violence allait augmenter, on allait créer des désordre dans le monde et mettre à mal l'économie et dire que c'est les même gens qui sont contre maintenant !

 

On touche probablement là à l’une des pierres angulaires du consensus prohibitionniste français. Que ce soit aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse, Au Royaume-Uni, en Espagne… ce sont des pouvoirs locaux qui ont osé briser le tabou de la guerre à la drogue. Distribution d’héroïne médicale à Liverpool, coffee shops à Amsterdam, "scène ouverte de la drogue" à Zurich, salles de shoot à Vancouver, cannabis thérapeutique en Californie… des maires, des gouverneurs, des parlements locaux ou des responsables policiers ou du système de soins ont osé prendre des initiatives qui n’auraient jamais pu l’être à l’échelle d’un pays.

 

La j'ai rien à dire, à par que c'est dommage que ce soit toujours dans gens qui représente un pouvoir (que ce soit un maire, ou un président d'association) qui sont à l'origine de ces mouvement et non nous, les gens concerner par ces problèmes.

 

Et voila pour résumer :

 

En France, pays de tradition centralisatrice, ce type d’expériences est inenvisageable, expliquant pour partie notre incroyable retard en matière de prise en charge des toxicomanes. On l’a à nouveau vu à propos du récent débat sur les salles d’injection supervisées pour usagers de drogues. Les maires des deux plus grandes villes de France, l’un PS, Bertrand Delanoë, l’autre UMP, Jean-Claude Gaudin, les membres de Elus, Santé Publique & Territoires, représentant 60 villes de France, se sont dits prêts à accueillir de telles expériences. Mais probablement effrayé par la réaction de l’électorat de droite, le Premier ministre a prématurément sifflé la fin de la récrée. Malgré l’avis des scientifiques de l’Inserm qui soulignaient les résultats encourageants de ces dispositifs, l’expérience n’aura jamais lieu.

 

Voila, a plus tard, et merci pour cette article KNA.

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+1 viweed

Toujours le même débat, on sait tous nous fumeurs, que la prohibition c'est bidon.

Le problême c'est que l'opinion publique français a des années de bourrage de crânes relayé par des politiques ,suceurs d'américain, incultes sur le sujet, olligarchiques et conservateur, et que encore aujourd'hui alors que ce débat germe un peu partout, on a un groupe d'individus "élus par le peuple" (ça me fait doucement rigoler) qui en fait ce bat contre son peuple et refuse toute discussion. A l'image d'un homme de pouvoir qui refuse tout débat sur un sujet dont il ne veut pas entendre parler, d'un gamin capricieux qui cri et se bouche les oreilles quant on le gonfle, nous on a un gouvernement arriviste arriéré, qui s'accroche a la dernière ligne droite qui lui reste, pour faire n'importe quoi , comme d'hab. (une folle envie de mandales à tours de bras)

RDV aux urnes en 2012.

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"pour les vrais tox quoi"
...

 

déjà c'est pas "tox" stp, réserve ça pour les nazes de l'UMP et consorts, chez moi on dit U.D. (pour usager-e-s de drogue-s).

 

Je suis toujours halluciné de voir comment certains consommateurs de cannabis, qui est aussi une drogue comme le pinard, et comme le café quoi qu'on en dise, considèrent leurs homologues consommateurs de drogues plus dures, et ça, c'est le résultat aussi de la prohibition, des 40 années de combat de l'état basées sur le mensonge et l'instauration de la peur des produits, entre autre. Les fumeurs de weed qui ont décidé de ne consommer que de la weed ne sont pas les seuls à en être victimes. Je précise que je consomme de l'herbe, du H. Je préfère le shit mais c'est mon avis perso... (et d'ailleurs le mot "shit" me dérange un peu, parce que le bon haschich c'est loin d'être de la "merde"!

 

Bref, le résultat de tout ça c'est la mise au ban des consommateurs d'autres drogues, et une petite gueguerre des uns contre les autres.

 

Alors Peace, oui, mais une paix totale, et pas juste sur ton point de vue qui est certes défendable, mais qui n'est pas le seul.

Alors si Peace, tolérance et acceptation de l'autre vont avec, sortie des conventions imposées par la guerre contre les drogues et surtout ouverture d'esprit et respect.

 

Il serait peut être temps de sortir des voies toutes tracées par les prohibitionnistes et de porter l'importance qui lui est due à l'usage des bons mots, la sémantique...

J'ai un ami suisse qui s'est battu pendant des années pour que les médias arrêtent d'utiliser le mot marijuana à tout bout de champ (mot qui a été inventé si je ne m'abuse pendant une période de mensonges éhontés des USA pour pas que leur jeunesse ne fume, à l'époque du film de propagande Reefer Madness, où le meurtre et la folie sont associés à la consommation de weed, aberrant n'est-ce-pas...) et utilisent le mot "chanvre" à la place. Et ça a fonctionné, du coup les fumeurs en Suisse ne sont plus vraiment vu de la même façon par tout le monde... (à part les fachos, et dieu sait qu'il y en a en Suisse...)

 

Cela dit, ce dont parle la série, ça se passe exactement comme ça dans les faits en Hollande (je ne sais pas si c'est encore le cas aujourd'hui, mais en 1996, c'était le cas), à Rotterdam, et c'est dans une église que ça se passe, avec l'aval des flics, et seuls trois dealers avaient le droit de vendre... Dans l'église, ils donnent (donnaient) du matériel stérile afin que les UD ne se refilent pas de maladies, et je crois même qu'il y a (ou avait) des intervenants bénévoles, professionels de la santé, au cas où y ait un souci (OD)... Enfin ça c'est raconté dans le n°12 d'ASUD Journal. Un journal au demeurant pour la légalisation depuis son existence (1992) et qui existe encore aujourd'hui, ils approchent du numéro 50.

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