Chanvre : La Suisse éclatée

Par Invité ,

 

Le classement des cantons en fonction du pourcentage de leur population ayant signé l’initiative Pro-Chanvre est un indicateur précieux sur la ventilation de l’opinion suisse en matière de cannabis. Il révèle les zones géographiques où nous devons renforcer notre travail d’information et les bastions à entretenir soigneusement. En moyenne, 1,43% des habitants (incluant les mineurs et les étrangers) ont signé notre initiative. Les trois cantons les plus impliqués dans l’initiative sont Zurich, Berne et Lucerne. Les trois terres de mission sont Tessin, Thurgovie et Neufchâtel. Les écarts sont énormes, en proportion trois fois plus de Zurichois que de Tessinois s’engagent à nos cotés.

 

Source : Chanvre-Info

Hormis le support massif des deux grandes métropoles et des villes longtemps tolérantes comme Bâle ou Lucerne, le traditionnel fossé entre la Suisse des villes et la Suisse des champs n’existe pas en matière de chanvre. Nidwald, le Valais ou Uri sont dans la première moitié du classement. Lugano, Neufchâtel, Genève, Saint-Gall, Fribourg ferment la marche. Serait-ce là l’effet direct des campagnes médiatiques calomnieuses qui ont accompagné les razzias sur les chanvriers de ces cantons ? Très certainement mais pas seulement, ces villes sont très influencées par le discours alarmiste propagé par les conservateurs chrétiens italiens, français ou autrichiens.

 

Les leaders de ces formations agissent contre nous plus par opportunisme électoral que par conviction. Mais ils ont persuadé leur base que la prohibition est une politique morale et efficace à condition d’y mettre les moyens et d’appliquer une tolérance zéro. Ces bons chrétiens croient qu’un Etat policier avec lois d’exception, colonies pénitentiaire pour mineurs, camp de travail et centre de sevrage forcé sera un paradis sans drogues illicites. Pas moi, un exemple en apporte la preuve évidente : les Etats-Unis.

 

Les Américains appliquent intégralement cette stratégie depuis cinq ans et ont testé des versions à peine plus light depuis Nixon. Les USA restent pourtant dans le peloton de tête de la consommation de drogues, de la production, du deal, de l’importation, du blanchiment, du crime organisé, de la violence urbaine et policière. Malgré les milliards gaspillés et les millions de vies brisées, les théoriciens de l’abstinence et de la guerre à la drogue conservent leur influence.

 

Leur croisade ne s’arrêtera pas au cannabis ou à la coke, le tabac et le sexe hors mariage sont sur leurs tablettes puis reviendront le tour de l’alcool, de la prostitution, de la pornographie... Seul les clercs et les médecins doivent avoir le droit de soulager le corps et l’esprit et ainsi les moutons seront bien gardés. Leurs alter-ego fondamentalistes musulmans instaurent la même terreur dans leurs zones.

 

Nous devons opposer à cette barbarie la raison et l’humanisme. La politique des quatre super piliers proposée par les experts de la Commission fédérale sur les questions liées aux drogues constitue le projet d’encadrement des drogues et de la dépendance le plus pertinent et le mieux documenté que j’ai lu jusqu’à maintenant. Il faut en faire la promotion dans ces villes, dans toute la Suisse et au delà des Alpes. J’ai déjà commencé pour la France . Ce modèle préconise une réglementation stricte du marché du cannabis. Malgré la frilosité des politiques, les experts confirment que cette mesure est indispensable pour donner de la cohérence législative, sociale et sanitaire à la politique des drogues.

 

Sans oublier l’aspect économique. Des centaines de millions de canna-francs suisses s’échappent à nouveau de l’économie officielle. Certes, une partie de ces fonds revient dans nos banques mais l’impact en terme d’emplois, de taxes et d’impôts est bien moindre qu’avec la zone grise de la décennie passée et surtout qu’un système réglementé. Je conçois fort bien que notre société exhibitionniste et hédoniste paraisse trop immorale à des croyants sincères et humains. On doit pouvoir l’améliorer sans tomber dans les excès du passé. Une politique bénéfique sur quatre leviers majeurs est forcément morale.

 

Laurent Appel

 

 

Classement des cantons en fonction du pourcentage de leur population ayant signé l’initiative Pro-Chanvre :

 

1. Zurich 28 985 /1 228 600 = 2,35%

2. Berne 19 567 /947 100 = 2,06%

3. Lucerne 6 465 /350 600 = 1,84%

4. Schaffhouse 1 285 /73 400 = 1,75%

5. Nidwald 650 /38 600 = 1,68%

6. Bâle-Ville 2 911 /186 700 = 1,55%

Suisse 105 994 /7 364 100/ 4 800 000 = 1,43% de la population totale et 2,20% des électeurs inscrits

7. Valais 3 446 /278 200 = 1,37%

8. Zoug 1 332 /100 900 = 1,32%

9. Uri 438 /35 000 = 1,25%

10. Appenzell Rhodes-Int. 187 /15 000 = 1,24%

11. Soleure 3 009 /245 500 = 1,22%

12. Vaud 7 371 /626 200 = 1,17%

13. Argovie 6 460 /550 900 = 1,17%

14. Jura 776 /69 100 = 1,12%

15. Obwald 360 /32 700 = 1,10%

16. Grisons 1 988 /185 700 = 1,07%

17. Fribourg 2 466 /239 100 = 1,03%

18. Schwyz 1 324 /131 400 = 1,01%

19. Bâle-Campagne 2 602 /261 400 = 0,99%

20. Genève 3 818 /414 300 = 0,92%

21. Glaris 354 /38 300 = 0,92%

22. Appenzell Rhodes-Ext. 481 /53 200 = 0,90%

23. Saint-Gall 4 088 /452 600 = 0,90%

24. Neuchâtel 1 508 /166 500 = 0,90%

25. Thurgovie 1 773 /228 200 = 0,77%

26. Tessin 2 350 /311 900 = 0,75%

 


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