Le cannabis aux Pays-Bas, voyage en «absurweed»

Le cannabis aux Pays-Bas, voyage en «absurweed»
Par Frett ,

Rencontre avec les tenanciers de coffee shops à Bréda, tous furieux contre la législation actuelle qui interdit la production du cannabis vendu dans leurs échoppes. « Une brèche pour les organisations criminelles », mais la commune est engagée dans une expérimentation qui doit tenter de couper l’herbe sous le pied des mafieux.

 

 

Photo: Les coffee shops aux Pays-Bas sont juste tolérés dans le droit hollandais. Pire : la vente au détail est acceptée, mais pas la production de cannabis. Les coffee shops doivent donc se fournir (secrètement) en marchandise illégale. - Sylvain Piraux

 

Il pleut ce midi sur Bréda, ville des Pays-Bas située à une heure de Thalys d’Anvers. Nous sommes en pleine semaine, à peine sorti de la torpeur de la matinée, mais le coffee shop Fly’n’hy est ouvert. Et bien rempli. Toutes les tables sont occupées, ainsi que le comptoir. Une odeur de cannabis s’échappe des portes grandes ouvertes sur la rue. Le parfum vénéneux de la « beuh » se mélange à l’atmosphère humide de la ville.

 

De petits groupes (surtout des hommes) fument des joints en sirotant des boissons sucrées dans une ambiance « lounge ». Un serveur nous prend à l’écart. Merlyn a un débit verbal de mitraillette. On le lance sur le sujet de la législation : « C’est fou ! On a faux du début à la fin. Nous, aux Pays-Bas, nous nous croyions progressistes. Mais ça, c’était il y a vingt ans. Aujourd’hui on se croirait de retour au Moyen-Âge », s’emporte le jeune employé du Fly’n’hy.

 

Dans le viseur de Merlyn, l’angle mort de la législation néerlandaise sur les drogues douces : la « back door », ou porte de derrière en français. Cette expression désigne « le » problème des coffee shops. Célèbres dans le monde entier – on se presse tous les week-ends à Amsterdam pour visiter la ville et parfois fumer un petit cône… – ils ne sont pourtant que tolérés dans le droit hollandais. Pire : la vente au détail par les coffee shops agréés est acceptée, mais pas la production de cannabis. Les coffee shops doivent donc se fournir (secrètement) en marchandise illégale. C’est le problème de la « back door » de ces établissements. Ce qui rentre par la porte arrière est frappé d’un tabou.

 

« On crée les conditions de notre illégalité »

Nous vendons environ 100 grammes par jour ici, c’est impossible de n’avoir qu’un si petit stock. On crée les conditions de notre illégalité

« La “weed” est totalement illégale jusqu’à ce que je la vende à un client, à raison de cinq grammes maximum par jour et par personne. Ce faisant, nous créons des démons », analyse Merlyn. Amnesia, White Widow, Lemon Haze… la liste des variétés d’herbe est longue. Le prix est similaire pour toutes : de 10 à 15 euros le gramme. « Nous avons le droit de disposer de 500 grammes de stock dans les coffee shops. Mais nous en vendons environ 100 grammes par jour ici, c’est impossible de n’avoir qu’un si petit stock. On crée les conditions de notre illégalité. »

 

Les griefs s’accumulent : « Il n’existe aucun contrôle qualité », « les producteurs veulent seulement faire de l’argent »… N’en jetez plus, pour le serveur du Fly’n’hy, « cette législation est très étrange… »

La production est-elle vraiment illégale ? Poursuit-on réellement ces Néerlandais à la main verte qui alimentent les quelque 570 coffee shops du pays ? La réponse est oui, selon les autorités. « Chaque année, entre 4.000 et 5.000 plantations sont démantelées (4.670 en 2017, 3.913 l’année dernière…) », rapporte Pieter Tops, professeur en administration publique à l’Université de Tilburg et enseignant à l’Académie de Police des Pays-Bas.

 

« Et chaque année aussi, quelques centaines de personnes sont expulsées de chez elles pour culture illégale de chanvre. » « Les gouvernements régionaux et fédéral exercent un travail de sape », assure Eric Passchier, porte-parole de la police de Zélande / Brabant septentrional. « Notre travail de sape est un concept large qui dépasse la criminalité liée aux drogues douces. Cela concerne l’ecstasy et d’autres drogues dures, les gangs de motards, mais aussi les menaces envers les politiciens et bien plus encore… La police conduit naturellement ses propres recherches contre la production et l’import-export de drogues. » La simple possession de plus de 5 grammes d’herbe ou de haschisch sur soi est punissable de 3.500 euros d’amende.

Organisations criminelles

Les coffee shops eux-mêmes sont soumis à des règles strictes : un stock maximal, une prolongation des licences tous les cinq ans devant les autorités communales…

 

Margriet van der Wal et Ed Pattche nous reçoivent dans l’arrière-boutique du coffee shop « Het Paradijs », en plein centre de Bréda. La première préside l’association ABC, sorte de groupe de pression des coffee shops de la ville ; le second possède le « Paradijs ».

 

« Les pouvoirs politiques ne sont pas fiers du succès des coffee shops », embraye Margriet van der Wal. « Et pourtant c’est bien un succès : les consommateurs préfèrent la qualité du produit, être bien conseillés, ne pas être intimidés comme lorsqu’ils achètent à des dealers de rue. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle beaucoup de Français et de Belges préfèrent venir se fournir aux Pays-Bas. Les coffee shops sont un succès aussi du point de vue sanitaire, puisque leur création remonte aux années 1960, lorsqu’on a séparé dans la loi drogues douces et dures. »

 

Le gouvernement a tellement poursuivi les petits cultivateurs qu’il a créé une brèche pour les groupes criminels

 

La présidente d’ABC déroule les règles auxquelles s’attachent les coffee shops : « Pas de publicité, pas de vente aux mineurs, pas de nuisances pour le voisinage… » La présidente du groupe de pression en a assez du problème de « back door » : « Le gouvernement a tellement poursuivi les petits cultivateurs qu’il a créé une brèche pour les groupes criminels, capables avec leurs réseaux de gagner jusqu’à 300.000 euros par jour. » Tournant le dos aux écrans de surveillance de la boutique, sur lesquels on distingue le flot continu des échanges « argent contre Marijuana », Ed Pattche opine du chef. Le patron se roule un pétard. « Nous, on l’achète à des petits cultivateurs et à des sortes de représentants de commerce », se rassure le patron. Vraiment ? « La plupart, je suis sûr que ce ne sont pas des groupes criminels. » Tout est dans la locution « la plupart »…

« Je ne peux pas être certain des personnes à qui j’achète », finit par reconnaître le patron aux bras tatoués. « Mais les criminels produisent beaucoup de kilos et la conséquence directe est une baisse de la qualité de l’herbe, c’est pour cela que je ne pense pas être fourni par ces groupes. »

 

Projet test, « véritable challenge »

Consciente du problème, mais divisée sur la question du cannabis récréatif, la classe politique néerlandaise a enfin pris le chemin d’une réforme du système. Lors d’une phase de test qui doit débuter en 2020, dans une dizaine de villes des Pays-Bas (dont Bréda), la vente de cannabis sera encadrée du cultivateur au consommateur. Les coffee shops de la ville voient ce test d’un bon œil. Margriet van der Wal résume les attentes de chacun : « Le gouvernement espère frapper au portefeuille les groupes criminels et nous espérons que nos commerces deviennent enfin “normaux”  ». Elle reconnaît que la réussite de ce test sera « un véritable challenge ».

 

Le cannabis aux Pays-Bas, sur la route de la «back door»

 
Les coffee shops des Pays-Bas sont autorisés à disposer d’un stock de 500 grammes de cannabis. - Sylvain Piraux
Les coffee shops des Pays-Bas sont autorisés à disposer d’un stock de 500 grammes de cannabis.
Rick Brand, patron du coffee shop « Le Baron » à Bréda, est un fervent militant d’un encadrement total du secteur.
Dans les coffee shops de Bréda, seuls les résidents locaux sont autorisés à consommer. Comme ces deux jeunes femmes, qui viennent ici fumer après leur journée d’étude ou de travail.
Le gramme coûte environ 10 euros, mais cela varie selon les variétés. Le cannabis est vendu sous forme d’herbe, de résine (haschich) ou de joints « prêt-à-fumer ».
Les points de vente sont filmés sous toutes les coutures. L’absence de nuisances pour le voisinage est un engagement à respecter pour tous les coffee shops néerlandais
Patron du coffee shop « Het Paradijs », à Bréda, Ed Pattche ne pense pas se fournir auprès de réseaux criminels. Même s’il ne peut pas exclure cette possibilité.
Paul Depla, maire de Bréda, souhaite que sa ville fasse partie de la prochaine expérience visant à encadrer la vente du cannabis de sa production jusqu’au consommateur. Il veut couper l’herbe sous les pied des trafiquants.

 

Nous quittons l’arrière-boutique du « Paradijs » pour rejoindre un autre coffee shop de la ville, « Le Baron ». La vitrine est occultée par des cactus et une fumée blanchâtre flotte à l’intérieur. La porte donne sur un couloir qui mène droit vers le comptoir. La plupart des clients font la file (qui ne désemplit pas) et repartent avec quelques grammes sous forme de pacsons d’herbe, d’une barrette de hasch ou de joints pré-roulés. Le commerce est tellement entré dans les mœurs que l’on paye bien souvent par carte bancaire. Certains passent la porte de la salle attenante et fument avec des amis. C’est ici que l’on rencontre Pari, 23 ans, et son amie Eva, 19 ans seulement. « On aime bien venir ici se détendre après une journée stressante », affirme la plus jeune, étudiante à Bréda. Que pense-t-elle de l’absence de traçabilité du stupéfiant qu’elle consomme ? « C’est vrai qu’au début on se pose des questions, on craint que le cannabis qu’on achète enrichisse des mafias… Mais honnêtement vous tirez une taffe et vous n’y pensez plus ! », lance cette grande blonde dans un sourire. « Vous voulez essayer ? »

 

Touristes interdits

Le patron ici, c’est Rick Brand. Un type immense, sweat à capuche sur les épaules. 10 ans qu’il possède « Le Baron ». Il n’a ni peur des photographes, ni des journalistes, qu’il reçoit souvent dans son établissement. « Si vous écoutez les gens, 70 % sont pour réglementer la “back door”. Dans une vraie démocratie, il y a longtemps qu’on aurait changé la loi », râle le boss. Fervent partisan de la phase de test qui prévoit de légaliser tout le processus, l’homme a un discours militant. A ses yeux, le cannabis n’est même pas une drogue. Plutôt un médicament. Il a même financé à ses frais un documentaire vantant les vertus de cette plante contre le cancer.

 

Le businessman assure que « les politiciens exagèrent la criminalité » dans le milieu des producteurs. Ce qui lui importe plus que tout, c’est la qualité du produit qu’il revend : « Je ne peux pas vraiment garantir cette qualité, c’est un problème. J’ai investi dans des microscopes très onéreux (3.000€ pièce), c’est l’un des seuls moyens que j’ai trouvé pour vérifier. Souvent, le cannabis est trop fort. Et parfois, il est mélangé à des produits de coupe très mauvais. Je le fume aussi pour contrôler la qualité, mais c’est désastreux pour ma santé. »

 

Rick Brand peste aussi sur la décision de sa commune d’interdire aux coffee shops de vendre aux étrangers. Avant 2012, les Belges et les Français représentaient la majorité des clients ! « C’est absurde parce que si vous allez à Tilburg, à quelques kilomètres à peine, ils acceptent tout le monde. Le cannabis devrait être pour tout le monde ! » Parole de chef d’entreprise.

Paul Depla, maire de Bréda: «Mon message au bourgmestre d’Anvers»

Mis en ligne le 29/04/2019 à 06:00

Par Louis Colart et L.Co.

 

Le travailliste Paul Depla dirige la ville de Bréda. « Je ne fume pas de joints », assure l’édile. Il l’assure, « je suis très heureux que le gouvernement ait encadré la production et la vente d’alcool, je pense que nous devons faire de même avec le cannabis. »

Depla : « Penser que l’on peut interdire cette consommation, c’est la même chose que penser qu’on peut interdire l’alcool. C’est une illusion. »

Depla : « Penser que l’on peut interdire cette consommation, c’est la même chose que penser qu’on peut interdire l’alcool. C’est une illusion. » - Sylvain Piraux
 

Paul Delpa, le maire de Bréda plaide pour l’encadrement de l’ensemble du business du cannabis

Que pensez-vous du modèle néerlandais ?

Quand vous regardez le système, il est assez hypocrite. Vous donnez une licence aux coffee shops pour vendre du cannabis ; les citoyens sont autorisés à acheter ce cannabis ; mais il est interdit de produire du cannabis. Si d’un côté vous autorisez la vente de cannabis et de l’autre vous interdisez sa production, vous obtenez un résultat certain : vous aurez un marché noir. Le cannabis vendu dans les coffee shops ne tombe pas du ciel, il ne vient pas du paradis…

 

Il y a pourtant un coffee shop à Bréda qui s’appelle « Het Paradijs »…

 

(rire) C’est sans doute l’exception à la règle. Le résultat de ce système hypocrite du gouvernement néerlandais, c’est le développement rapide d’un marché dominé par des organisations criminelles, qui ne recherchent que l’argent et le contrôlent par la violence. De nombreux Néerlandais sont plus ou moins impliqués dans une organisation criminelle. Tout cela parce que le gouvernement a oublié de réguler la « back door » des coffee shops.

 

Concrètement, quels sont ces problèmes pour l’ordre public ?

Avant d’être le bourgmestre de Bréda, j’étais celui de Heerlen (commune située à l’est de Maastricht, à la frontière allemande, NDLR). Chaque année, je devais démanteler plus de 140 plantations de « weed ». Malgré notre détermination, nous savons que nous ne les démantelons pas toutes. Mais cela illustre l’étendue de l’infiltration du marché noir dans une ville comme Heerlen (90.000 habitants, NDLR). Si vous regardez à Bréda, l’année dernière, un jeune homme a été abattu dans l’appartement où il dealait. En 2015, dans notre région, il y a eu 15 meurtres par balle, neuf étaient liés à l’industrie de la drogue. Certains incendies sont causés par des plantations illégales : les assureurs estiment qu’un incendie de maison sur cinq est causé par une plantation illégale.

 

Votre ville est l’une des six à dix communes candidates pour faire partie de la phase de test pour légaliser l’entièreté de la chaîne de production.

En effet. Le gouvernement des Pays-Bas va délivrer, à environ 10 entreprises, des licences pour produire le cannabis. Ces firmes ne produiront que pour les coffee shops. Enfin, les coffee shops ne pourront vendre que le produit de ces entreprises. Le processus fonctionnera en circuit fermé.

 

Quand allez-vous commencer ?

Nous espérons que le Parlement autorisera l’expérimentation avant l’été 2019. Ensuite, nous aurons un temps de mise en place. Il faudra compter une année.

 

Quels sont les problèmes rencontrés au cours de la mise en place de cette expérimentation ?

Premièrement, la difficulté pour réunir un soutien politique suffisant. Au niveau national, certains partis sont diamétralement opposés sur la question des drogues douces. Au niveau local, nous voyons les choses différemment, car nous observons clairement les ennuis causés par le système actuel. Deuxièmement, ce qui est compliqué, c’est la préexistence du marché illicite. Ce marché offre à certains de très confortables revenus. Et les patrons de ce marché vont le perdre lorsqu’on va passer d’un modèle illégal à un modèle encadré.

 

Comment vont réagir ces « green mafias » ?

Les organisations qui profitent du système actuel vont forcément réagir aux changements que nous préparons en ce moment. Mais comment… ?

 

Vous êtes inquiets à ce sujet ?

Nous devons nous en inquiéter. Nous n’avons pas d’écho pour l’instant, mais on peut s’attendre à des réactions et il faut y être préparé.

 

Pourquoi avoir décidé, à Bréda depuis 2012, d’interdire la vente de cannabis aux étrangers ?

Nous estimons que les coffee shops sont destinés au marché local. En Belgique, le cannabis est interdit. Si les Belges peuvent venir acheter du cannabis chez nous, il n’y a plus d’intérêt à mettre en place des lois pour le consommateur belge.

 

Pourtant, c’est possible dans d’autres villes. À commencer par Amsterdam.

Oui, mais c’est une autre histoire. Amsterdam n’est pas une ville située à proximité d’une frontière. Les touristes passent le week-end à Amsterdam et ensuite entrent dans un coffee shop. Ce qu’il se passait à Bréda, mais aussi à Maastricht, c’était que des gens venaient en voiture d’Anvers, Gand ou Liège… pour se rendre dans les coffee shops et immédiatement repartir. Après avoir acheté ou fumé. Ce tourisme a causé énormément de problèmes dans nos villes. Les coffee shops répondent à un besoin local. Ils ne sont pas destinés à résoudre les problèmes belges. J’imagine bien que c’est intéressant pour les coffee shops d’avoir davantage de consommateurs, mais ce n’est pas ma priorité. Ils génèrent suffisamment de bénéfices, je n’ai pas à me soucier de ça.

 

La situation serait-elle plus simple si la Belgique décidait de légaliser le cannabis ?

Bien sûr ! Penser que l’on peut interdire cette consommation, c’est la même chose que penser qu’on peut interdire l’alcool. C’est une illusion. Tâchons de le contrôler plutôt que l’interdire. C’est aussi mon message au bourgmestre d’Anvers, Monsieur De Wever : il est installé en face d’une industrie nationale de bière, la Brasserie De Koninck ; si vous regardez à l’aspect de santé, boire de l’alcool est bien plus nocif que fumer du cannabis. Si l’on se soucie vraiment de la santé publique, entamons un débat sur les drogues les plus dangereuses : par exemple, le tabac et l’alcool. Pas le cannabis, qui est même un médicament. Soyons honnêtes : en Belgique, beaucoup de gens en consomment.

 

En France, Etat avec une tolérance zéro, beaucoup de gens fument de l’herbe. Bien entendu, le meilleur choix serait que personne n’en consomme, idem pour l’alcool. Mais quel est le meilleur deuxième choix ? Réguler la vente et la production pour que les organisations criminelles ne profitent pas de ce marché, ou bien le livrer aux criminels et à la rue ? Soyez honnêtes et regardez les problèmes en face, plutôt que de faire comme Don Quichotte combattant les moulins.

 

Pieter Tops: «La majorité du cannabis vendu dans les coffee shops est d’origine criminelle»

Mis en ligne le 29/04/2019 à 06:00

Par L.Co.

 

Pieter Tops est un professeur néerlandais d’administration publique à l’Université de Tilburg et enseignant à l’Académie de police des Pays-Bas. Il travaille principalement sur la démocratie locale et la lutte contre la criminalité.

Pieter Tops.
Pieter Tops. - D.R.

 

Pour Pieter Tops la façon d’encadrer au mieux le secteur du cannabis c’est un cadre au niveau international et « une lutte efficace contre les organisations criminelles du secteur ».

 

Quelle sont les connexions entre les organisations criminelles de Belgique et des Pays-Bas actives dans le secteur du cannabis ?

La production et le commerce de cannabis en Belgique sont sous contrôle des organisations criminelles néerlandaises depuis longtemps. Mais, plus récemment, des organisations belges en particulier ont repris en main la distribution sur le marché de leur pays, selon l’Institut de recherche international sur les politiques criminelles.

 

Le cannabis produit illégalement en Belgique alimente-t-il partiellement les coffee shops néerlandais ?

C’est tout à fait possible. D’autant plus si la production illégale en Belgique est sous contrôle des organisations criminelles néerlandaises.

Combien d’efforts et d’argent coûte la lutte contre la production illégale de cannabis à l’Etat néerlandais ?

Nous n’avons aucun chiffre fiable à ce sujet…

 

A-t-on une idée de la part du cannabis vendue dans les coffee shops qui serait issue d’organisations criminelles ?

C’est sans aucun doute la grande majorité du produit vendu, même si aucun pourcentage ne peut être avancé.

 

Les personnes qui militent pour un encadrement du secteur du cannabis par les Etats avancent que cela permettrait d’affaiblir le crime organisé. En est-on certain et sous quelles conditions cela fonctionnerait-il ?

Cela fonctionnerait si nous mettions en œuvre deux conditions indispensables. La première serait d’encadrer le secteur du cannabis récréatif au niveau international ; la seconde de lutter considérablement contre les organisations criminelles du secteur. Et ce malgré l’encadrement.

Jonathan Pfund, de la police fédérale: «Des organisations criminelles délocalisent en Belgique»

Mis en ligne le 29/04/2019 à 06:00

Par L.Co.

 

Jonathan Pfund est attaché de presse à la police fédérale belge.

Jonathan Pfund.
Jonathan Pfund. - D.R.
 

Les marchés du cannabis aux Pays-Bas et en Belgique sont-ils liés ? Et comment ?

Les marchés sont bien entendu intrinsèquement liés, que ce soit au niveau de la production, de la distribution ou de la consommation du cannabis. En ce qui concerne la production, de nombreux producteurs néerlandais utilisent le territoire belge afin de produire du cannabis. Et ce, en raison notamment de la concurrence féroce entre organisations criminelles néerlandaises.

 

Les organisations criminelles qui font pousser du cannabis en grande quantité sur le territoire belge destinent-elles leur marchandise uniquement au marché belge ?

Il est certain qu’une partie importante de la production réalisée en Belgique est vouée à l’exportation, essentiellement vers les Pays-Bas. Il est très difficile d’estimer l’importance de cette production mais l’on peut encore raisonnablement affirmer qu’au plus grande est la taille d’une plantation, au plus grandes sont les chances que la production de cette plantation soit destinée à l’exportation, y compris en vue d’une distribution au sein des coffee shops, il s’agit d’une possibilité qui ne peut être exclue.

 

Le fait que les coffee shops soient tolérés aux Pays-Bas, mais pas la production de cannabis, complique-t-il le travail policier des pays voisins ?

Il est un fait que l’existence de ce réseau de distribution particulier a une influence en termes de criminalité en Belgique. Bon nombre de consommateurs belges se rendent ainsi aux Pays-Bas en vue d’y acquérir des stupéfiants, générant un flux illégal de drogues entre nos deux pays. Pour ce qui concerne la production, le marché du cannabis néerlandais fait l’objet d’une concurrence féroce ce qui conduit certaines organisations à délocaliser leurs sites dans les pays voisins, dont la Belgique.

 

Source: plus.lesoir.be

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