Guerre au cannabis, aux pauvres et aux banlieues

Par Invité ,

 

Le Collectif d’information et de recherche cannabique (CIRC) n’est pas étonné que Nicolas Sarkozy ait profité des récentes émeutes urbaines pour renforcer l’arsenal répressif et proposer une réforme de la loi de 1970 destinée à mieux lutter contre la consommation de cannabis, pour des sanctions plus efficaces, plus systématiques.

Les intentions du chef de l’UMP et ministre de l’Intérieur, et du Reste, sont claires, même si elles ne sont pas exprimées explicitement. Bien des détails de langage venus de ses services et rapportés dans le Monde (daté de novembre 2005) sont éloquents par les quelques motifs avancés.

 

Ainsi ceci : « Le trafic de stupéfiants est souvent à la base de la délinquance dans les banlieues. » Il suffit de suivre ce doigt pointé vers les quartiers en difficulté pour appréhender une intention non avouée, du moins l’exploitation politicienne des derniers événements ayant enflammé certaines banlieues. Ou encore ceci : « Pour consommer, il faut de l’agent… », ce qui est une tautologie, valable non seulement pour le cannabis et autres substances, illicites ou licites, mais pour tout produit de consommation en général. « … et quand on ne travaille pas, il faut s’en procurer par des méthodes que la loi réprouve. »

 

Cette dernière justification a de quoi surprendre. Est-ce à dire que, quand on travaille, et qu’on gagne donc sa vie honnêtement, on pourrait s’en procurer par des moyens que la loi ne réprouverait pas ? Tous les cannabinophiles seraient ravis de pouvoir acquérir herbe et shit par des moyens légaux ! Le CIRC ne demande pas autre chose.

 

Cette remarque vise surtout à amalgamer cannabis, consommation et trafic de cannabis, avec banlieues et délinquance, sans-emploi, chômage et pauvreté, le tout dans une même peur diffuse et irrationnelle autour des classes jugées dangereuses, propre à servir des ambitions personnelles ayant le sécuritaire et l’autoritarisme antisocial comme credo politique, comme le révèlent ces quelques motifs.

 

Néanmoins, le CIRC ne contestera sûrement pas le premier de ces motifs, à savoir que cette loi de 1970 est totalement inadaptée, non seulement à la consommation de cannabis, mais aussi à la consommation des drogues en général, et par ce fait obsolète, quoique toujours appliquée au quotidien – les chiffres des interpellations et condamnations pulvérisent chaque année les records atteints précédemment.

 

Mais cette loi de 1970 est obsolète plus encore dans son esprit, dans sa philosophie, que dans sa lettre. Rediscuter de cette loi serait une bonne chose en soi, seulement si c’est pour l’abroger.

 

Le CIRC

 


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