C'est une petite maison nichée dans la campagne arrageoise. Un logement tout à fait normal occupé par un jeune de 26 ans inséré dans la société. Mais au détour d'un placard, une odeur particulière se dégage. Comme des milliers de personnes en France, Stéphane (1) est entré dans l'illégalité et cultive des pieds de cannabis chez lui.
Source: La voix du nord
https://www.cannaweed.com/upload/server8/03e40.jpg[/img]Stéphane a la main verte. Depuis plusieurs mois, le jeune homme cultive des pieds de cannabis chez lui, dans un placard spécialement aménagé pour ce type d'activité, prohibée en France et sévèrement réprimée (²). Sous des lampes à sodium et des ampoules de 600 watts, les graines ont poussé pour former une plante aux feuilles reconnaissables entre mille. Pas la feuille d'érable, rien à voir. Au-dessus d'un radiateur, une branche de cannabis sèche.
« Encore une semaine d'obscurité pour le pied et je pourrai récolter et faire sécher », observe l'herboriste en « herbe », les yeux rivés sur ses thermomètres et PHmètre, afin de jauger la température et l'hygrométrie (le taux d'humidité). Pour 300 E, Stéphane s'est équipé : lampes, ballast, terreau. Il a tout trouvé dans les magasins et autres boutiques de jardinage. Le responsable de l'une de ces enseignes nous a confié qu'une grosse partie de sa clientèle achetait ces lampes en « kits » pour cultiver, « et c'est rarement pour faire pousser des tomates ».
Outre le matériel, Stéphane a aussi commandé les graines, forcément. Acquises 50 à 60 euros le lot de dix. « Je les ai achetées sur Internet : trois jours après, elles arrivaient dans ma boîte aux lettres, dans une enveloppe banale », détaille cet Arrageois titulaire d'un CDI, vies sociale et professionnelle très stables.
Certains trafiquent... et sont condamnés
Comme des milliers de personnes en France, Stéphane fait pousser du cannabis chez lui. Uniquement pour sa consommation personnelle, là où d'autres en font une activité lucrative, sanctionnée par le tribunal. À raison de 10 E le gramme, on voit pourquoi certains se lancent, hélas... La semaine dernière, un Avionnais a été condamné pour trafic de cannabis. Il cultivait une trentaine de pieds dans sa cave, loin de ce que Stéphane produit. « Je fais au mieux trois récoltes par an, soit 100 g maxi, assure-t-il. C'est juste pour mon plaisir, pour fumer un joint le soir, en rentrant du travail ».
Stéphane a choisi de faire pousser chez lui le cannabis pour plusieurs raisons. D'abord, les allers-retours aux Pays-Bas coûtent cher, et le trajet est risqué à la frontière belge. Deux pays où la possession de cannabis est réglementée, et la vente très encadrée (aux Pays-Bas). Ensuite, « l'herbe achetée sur le marché noir en France est souvent coupée avec n'importe quoi, du sable parfois, pour alourdir et faire payer plus cher. C'est dangereux, il n'y a aucun contrôle et c'est cher ».
L'abus dangereux
Sur la question de la légalisation du cannabis en France, reprise du bout des lèvres par quelques partis politiques à la marge et les Verts, ce cultivateur à domicile a son avis : « Un type qui boit un verre de vin par jour, on ne dit pas que c'est un alcoolique je ne comprends pas pourquoi un gars qui fume de temps en temps un joint devrait être vu comme un drogué. Ce qui est dangereux, c'est l'abus. Il faut être raisonnable. De toute façon, il a été prouvé scientifiquement qu'il n'y a pas de dépendance physique au cannabis ». Certes, mais la dépendance psychologique a été établie, tout comme la baisse de motivation, surtout chez les jeunes et les ados.
Et Stéphane de rappeler que la France est le pays européen où l'on fume le plus de joints : « La politique répressive y est pour quelque chose, je pense. Aux Pays-Bas, l'herbe est tolérée, contrôlée cet état prélève une taxe et ça crée des emplois. Et il n'y a pas eu d'explosion de la toxicomanie ». Alors il va continuer sa petite activité. À l'insu des autorités, qu'ils sont si nombreux à défier.
1 prénom d'emprunt
² La détention de stupéfiants est punie de dix ans de prison et 7 500 000 E d'amende (article 222-37 du Code pénal). Pour la production illicite de stupéfiants, c'est vingt ans. Des peines maximales, bien sûr, selon le casier.