Légaliser le cannabis diminue le nombre de crimes violents et met les dealers au chômage

Légaliser le cannabis diminue le nombre de crimes violents et met les dealers au chômage
Par mrpolo ,

La guerre contre la drogue est un cercle vicieux : elle crée plus de violence et augmente le bénéfice des dealers.

 

Photo: Marijuana Chihuahua Dog by Chris Yarzab (CC BY 2.0) — Chris Yarzab, CC-BY

 

La guerre contre la drogue est une mauvaise chose. Non pas que chacun devrait en  consommer, mais plutôt parce que la prohibition nuit davantage à la société qu’elle ne l’améliore.

Plus encore, bien que je sois personnellement contre sa consommation, je défends le principe libertarien selon lequel chaque individu devrait être libre de disposer de son corps comme il l’entend, même pour des choses idiotes.

 

Les dernières recherches

Pour défendre cela d’un point de vue pragmatique, nous nous appuierons aujourd’hui sur une récente étude tout à faire surprenante, réalisée par Evelina Gavrilova, Takuma Kamada, et Floris Zoutman (respectivement deux économistes et un criminologue), dont voici le résumé :

« Nous étudions les effets des lois autorisant l’usage du cannabis thérapeutique (MMLs) sur la criminalité… À partir de données issues de l’Uniform Crime Reports (U.C.R), nous montrons que l’introduction de ces lois a fait baisser de 12,5 % le nombre de crimes violents (tels que les homicides, agressions et vols) dans les États limitrophes au Mexique. Nous montrons aussi que ces crimes diminuent à mesure qu’on se rapproche de la frontière (dans les comtés situés à moins de 350 km)…

L’analyse des données du Supplementary Homicide Reports (S.H.R) révèle que la diminution de ces crimes peut largement être attribuée à la baisse des meurtres liés à la drogue. Nous apportons les preuves que l’introduction d’une loi en faveur du cannabis thérapeutique dans un État donné permet, tel un effet propagateur, la diminution des crimes dans son État voisin.

Nos résultats corroborent l’idée que l’assouplissement de la réglementation sur le cannabis thérapeutique réduit l’activité des organisations de trafics mexicains dans la zone frontalière. Ces organisations font ainsi face à une concurrence légale, qui entraine ainsi une baisse significative de leurs profits dans l’un des marchés de la drogue les plus lucratifs. »

 

En un mot comme en cent : dépénalisez l’usage des drogues, et le nombre de crimes diminue.

Voici pour ceux qui souhaitent un exemple pertinent issu de l’analyse économique de l’étude :

 

« Le diagramme 2 représente le marché du cannabis. Par souci de simplification, nous partirons du postulat que la consommation de cannabis récréatifs et de cannabis thérapeutiques est parfaitement substituable, de sorte que l’offre et la demande des deux substances peuvent être représentées par une même courbe.

La courbe SDTO (Supply Drug Trafficking Organizations) représente la courbe d’offre pour les dealers (DTO), plus le nombre de dealers augmente, plus il y a de cannabis disponible.

S0 représente le nombre de dealers (courbe SDTO) auxquels on ajoute le nombre de producteurs locaux. On considère que ces deux groupes alimentaient déjà les réseaux avant l’application des lois sur le cannabis thérapeutique.

L’autorisation du cannabis thérapeutique permet l’arrivée de nouveaux producteurs locaux, ce qui correspond à la courbe en S1. On assiste à une réduction du prix, une augmentation de la quantité totale de cannabis disponible mais à la diminution des quantités vendues par les dealers.

La surface grisée du schéma correspond à la perte subie par les dealers. »

 

Ci-dessous, le graphique montre comment la légalisation entraîne des pertes importantes pour les dealers.

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On pourrait assimiler la zone grisée en une perte sèche comme lors de la mise en place d’une taxe. Il faut néanmoins garder en tête que les pertes subies par les trafiquants de drogue sont bénéfiques pour la société, à l’inverse des pertes dues à une mauvaise politique fiscale.

 

L’esprit de la guerre contre la drogue

Après le volet économique, basculons du côté administratif pour saisir l’esprit de la guerre contre la drogue à partir d’un fait réel :

 

« Si l’État de l’Illinois légalise l’usage récréatif du cannabis, les forces de l’ordre craignent une perte directe d’emplois d’une centaine d’agents, en particulier ceux à quatre pattes… Près de 275 unités cynophiles de police existent dans l’Illinois… Comme de nombreux chiens dans ces unités sont dressés pour ne pas être sociaux, et ce afin d’améliorer leur efficacité de travail, Larner a alors fait remarquer qu’une centaine d’entre eux devront être euthanasiés. »

 

Oui. Vous avez bien lu. Ceux qui font la guerre à la drogue menacent de tuer leurs chiens si jamais le cannabis est légalisé. (Note : après de sévères critiques, le chef du département de police en question a formellement nié que cela arriverait.)

Pas besoin de dire qu’il s’agit d’une version tordue des manigances du Washington Monument1. Comme cela s’est passé dans le Massachusetts il y a quelques années.

Terminons enfin par un regard malin, et à la fois précis, du système actuel :

 

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J’aime particulièrement le dernier cycle, celui qui montre que la violence engendre toujours plus de violence, bien qu’il aurait aussi pu afficher que cela entrainait aussi des profits encore plus grands pour les dealers.

La bonne nouvelle est que nous sommes en train de remporter cette bataille. De plus en plus d’États légalisent, et de plus en plus de personnalités nous soutiennent ( aussi bien des libertariens tels que John Stossel and Gary Johnson, mais aussi des sceptiques classiques comme  Pat RobertsonCory BookerMona CharenJohn McCain, ou encore Branson).

PS : le seul inconvénient lié à la légalisation est qu’elle devient pour les politiciens une nouvelle source de recette fiscale.

Traduction pour Contrepoints de How Marijuana Legalization Reduces Violent Crime and Puts Drug Smugglers out of Work.

Cet article a été publié une première fois en 2018

 
  1. Washington Monument Ploy, tactique politique consistant à couper les services publics les plus visibles, les plus populaires et/ou les plus utiles tout en ne touchant pas aux services publics les moins importants. Cela afin de faire pression sur le législateur.

 

Par Daniel J. Mitchell.

Source: contrepoints.org

 

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