L'Ecole et le pétard, émission Envoyé Spécial sur FR2 le 4/12

Par Invité ,

Télé Ciné Obs du 27 novembre au 4 décembre

jeudi 4 décembre

 

20h55 - France 2 Magazine. "Envoyé spécial": "I'Ecole et le pétard"

 

Chanvre à part

 

Malgré la législation la plus répressive d'Europe, la France est le pays où la consommation de cannabis progresse le plus vite. Voyage au cÅ“ur du mal-être adolescent.

 

Pantalon trop grand, cheveux trop longs, Julien traîne une dégaine d'adolescent mal dans sa peau. Il tente de faire passer sa démarche hésitante pour une attitude cool. A 8h3O, en attendant le bus, comme tous les jours, le lycéen fume son premier pétard. Il sait retourner les messages des adultes à son avantage: l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, la cigarette provoque le cancer, mais le shit, aucune contre-indication. Cette consommation quotidienne de cannabis a pourtant des conséquences sur la scolarité de Julien. Il en a pleinement conscience puisque cette année, il redouble sans récriminer. Notes en baisse, démotivation et absentéisme sont d'ailleurs reconnus comme des signaux d'alerte à prendre en compte par les parents et le corps enseignant. Le " syndrome amotivationnel ", Julien connaît, mais nul ne sait s'il fume trop d'herbe parce qu'il est déprimé ou s'il est déprimé parce qu'il fume trop. Nous sommes ici bien loin du joint convivial qui tourne dans les soirées entre copains. Même la vraie passion de ce gamin souffre de sa dérive: les répétitions de son groupe de musique se transforment invariablement en longues pauses pétard. L'orchestre justifie son laisser-aller avec un argument imparable: "Si on fumait pas, on se ferait chier. "

 

Avec un sens de l'équilibre remarquable, le reportage de Laurent Cibien et Pascal Carcanade parvient à ne pas abuser de la rhétorique du fléau. Refusant de jouer avec les fantasmes du public, à aucun moment leur travail ne prend parti: ils se contentent d'observer une situation. Loin d'un catastrophisme convenu, ce film trouve le ton juste avec une ligne de conduite digne d'intérêt: rd dramatiser ni banaliser. Le débat sur le cannabis et les jeunes ne saurait se résumer à un clivage politique entre une gauche qui banaliserait la consommation et une droite stigmatisant une " épidémie chez les jeunes " et prônant la tolérance zéro. Les journalistes s'attachent aux réalités du terrain et partent d'un constat simple: le cannabis reste le produit illicite le plus goûté, et cette expérimentation se trouve être en hausse constante chez les jeunes. Paradoxe: la France est le pays où le cannabis progresse le plus vite alors qu'elle dispose de la loi la plus répressive d'Europe! Les réalisateurs ont donc choisi de s'intéresser aux premiers concernés: les ados qui fument trop. Sans la moindre démagogie, ils leurs donnent la parole, leur permettant, sinon de nous faire comprendre leur mal-être, du moins de nous aider à le toucher.

 

Malgré les apparences, Julien ne se fout pas de tout. Le lycéen n'a pas accepté de témoigner à visage découvert. Lejeune homme n'a aucune complaisance envers lui-même et sait qu'il lui faut se ressaisir. Par chance, les amis de son groupe de musique font le même constat et se préparent à un avenir où le pétard prendra moins de place: "Arrêter, c'est l'année ou jamais, sinon, on est foutus, on est exclus du système. " La prise de parole entre les parents et les adolescents devient essentielle dans cette évolution. Elle doit permettre de dépasser l'incompréhension réciproque. Spécialiste des toxicomanies, Anne Coppel reconnaît pourtant que les parents disposent rarement des outils de dialogue sur le sujet. L'interdit qui pèse sur le cannabis brouille les messages là où un discours simple serait nécessaire. Les adultes savent dire à leurs enfants qu'" on ne boit pas un demi avant d'entrer en classe ", ils doivent pouvoir énoncer la même règle pour le cannabis. Aucune prévention n'est efficace sans le dialogue, sans l'adhésion des jeunes. Ni le tabou ni la complaisance ne peuvent aider à accompagner les gros fumeurs de cannabis vers la sortie de leur " enfermement ". Afin d'éviter qu'un acte rebelle et identitaire d'adolescent ne se transforme en sérieux problème pour le jeune adulte, la solution éprouvée reste de lui parler comme à une personne responsable.

o Louis Morice

 

 

Photos : fille fumant un joint ; gros plan mélange cannabis-tabac dans une main ouverte.

Légende : Selon l'Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies, plus de la moitié des jeunes âgés de 17 à 19 ans ont déjà fumé un joint. La première consommation de cannabis a lieu de plus en plus tôt: en moyenne entre 15 et 16 ans.

 

Trompe-cafard

 

 

Dans un nuage de fumée, le pétard du fêtard prend la forme d'un trompe-cafard pour de nombreux adolescents. Cette évolution inquiète les spécialistes. Selon une récente enquête de l'Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies, plus de la moitié des jeunes âgés de 17 à 19 ans a déjà fumé un joint. Ce nombre a doublé par rapport à 1993. La première consommation de cannabis a lieu de plus en plus tôt, en moyenne entre 15 et 16 ans. Le plus troublant est que ces adolescents ne se contentent pas de " goûter ": un sur sept fume régulièrement du cannabis. En France, l'OFDT estime à 120000 le nombre de consommateurs quotidiens de cannabis chez les 14-18 ans.

 

Seule bonne nouvelle de l'étude, " compte tenu des niveaux atteints, ces chiffres laissent présager une stabilisation dans les évolutions au cours des prochaines années ". Afin de dépasser le bilan, il faudra vaincre les préjugés en vigueur et surtout faire en sorte que le débat ne se déroule pas d'un côté entre adultes et de l'autre chez les ados mais qu'il devienne l'occasion d'un vrai dialogue entre générations. o L. M.

 

 

Sources : CIRC Paris


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