Les festivals à l'heure H

Par Invité ,

Initiative pour la dépénalisation du chanvre: la récolte de signatures démarre aujourd'hui à Paléo.

 

LES FAITS Le 14 juin, le Conseil national décidait de ne pas entrer en matière sur la révision de la loi sur les stupéfiants. Le projet, pourtant approuvé par les Etats, passait donc à la trappe. Le point le plus controversé était la légalisation du cannabis. Suite à ce refus, le comité «Protéger la jeunesse contre la narcocriminalité» s'est créé et a lancé une initiative pour dépénaliser la consommation de chanvre. Composé de représentants de tous les partis, il arpentera tous les festivals de l'été à la quête des 100 000 signatures qui doivent être récoltées en dix-huit mois.

 

Source: 24 HeuresQuelques effluves «herbés» vont parcourir les festivals de l'été. Mais des relents plus politiques les accompagneront. Dès ce soir à Nyon et lors de tous les événements musicaux de ces prochaines semaines, des militants recueilleront en effet des signatures pour la légalisation du cannabis.

 

Le débat sur le chanvre n'est donc pas parti en fumée. Suite au refus de la Chambre du peuple de dépénaliser le cannabis, un comité s'est créé et porte le nom, pour le moins pompeux, de «Comité national de vote hors partis: protéger la jeunesse contre la narcocriminalité». Son objectif: modifier la Constitution fédérale et introduire un article autorisant la consommation et la culture du chanvre pour son propre usage. Le texte demande également que la Confédération édicte des prescriptions concernant la production et le commerce de telles substances. Il stipule encore que des mesures doivent être prises par l'Etat pour protéger la jeunesse, notamment en interdisant la publicité pour le cannabis.

 

Pas de clivage gauche-droite

 

Et ce comité n'est pas hors partis comme le laisse croire sa dénomination, mais interpartis. La composition de la présidence prouve d'ailleurs que cette question dépasse largement une confrontation gauche-droite. Les quatre coprésidents sont issus des principales formations du pays, à l'exception de l'UDC. Il s'agit des trois conseillers nationaux Christa Markwalder (Rad, BE), Geri Müller (Verts, AG), Ursula Wyss (PS, BE) ainsi que du PDC argovien Claudio Gentilesca. Christa Markwalder ne se dit pas surprise par ce panachage. Pour la radicale bernoise, la question du cannabis est un débat qui va au-delà des clivages politiques: «C'est un problème de société qu'on ne peut pas résoudre en pénalisant les consommateurs.» Mais les clivages linguistiques existent: «Ce sera plus facile de récolter des signatures en Suisse alémanique. Cette question intéresse moins les Romands», affirme Christa Markwalder.

 

Toutefois dans le comité de soutien à cette initiative, on trouve tout de même deux francophones: les conseillères nationales Valérie Garbani (PS, NE) et Anne-Catherine Menétrey (Verts, VD). La Vaudoise le reconnaît: «Sur les stupéfiants, les Romands font de la résistance.» L'écologiste appuie cette démarche, mais elle souhaite aller plus loin: «La loi présentée au Conseil national était globale car elle ne concernait pas que le cannabis. Elle parlait aussi des autres drogues, de la distribution d'héroäne et de la prévention.» Anne-Catherine Menétrey insiste sur l'importance de relancer un débat autour de la loi. Il aura bel et bien lieu. Les démocrates-chrétiens ont en effet déposé une initiative parlementaire allant dans ce sens. Mais la conseillère nationale Thérèse Meyer souligne que le texte du PDC prévoit clairement l'interdiction de la consommation de cannabis.

 

Récolte dans les festivals

 

La Fribourgeoise est-elle choquée que des récoltes de signatures se fassent durant les festivals? «Les initiants mettent tout en Å“uvre pour réussir et cela montre où l'on trouve du cannabis», se contente-t-elle de répondre. «On pense que les gens qui participent à ces événements sont plus ouverts que la moyenne», affirme de son côté Laurent Pirard, membre de la Coordination suisse du chanvre. «Il faut accepter que le chanvre fasse partie du mode de vie de près de 10% de la population suisse», souligne le Vaudois. Il sera d'ailleurs présent ce soir à proximité de l'entrée de Paléo pour tenter d'obtenir des paraphes. Les responsables du festival ont été informés de cette démarche et elle ne leur pose aucun problème: «Il y a toujours eu un vent de liberté qui a soufflé sur le festival. Et le débat sur le cannabis est général et public», souligne Philippe Duvanel. Le porte-parole de Paléo mentionne toutefois que les récoltes de signatures n'ont jamais lieu sur le site même, de peur que les festivaliers ne soient sans cesse importunés: «Et nous rappelons aussi à nos visiteurs qu'actuellement ces produits sont prohibés.» Les policiers traqueront d'ailleurs les amateurs de fumette. Et eux ont accès au site.

 

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Auteur: VINCENT BOURQUIN


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