Maroc: Raid sur le kif

Par Invité ,

Trois hélicos ont déversé des herbicides sur des plantations de cannabis le 29 juin dernier. Mais si le kif a été carbonisé, c’est désormais toute une population qui est privée de moyens de subsistance.Boulizem, dans la commune de Beni Ahmed Charquia, c’est un peu le bout du monde. En partant de Chefchaouen, le douar est accessible par une nouvelle route, déjà dans un état de délabrement avancé, et de mauvaises pistes. Les sept derniers kilomètres sont terribles, même en 4x4 : une sorte de sentier pierreux amélioré, plus adapté aux sabots des mules qu’aux pneus d’une Land Rover. Avant d’accéder au douar, il faut faire une pause pour abreuver le véhicule en essence de contrebande dans un village misérable et poussiéreux, véritable bidonville rural : ici on plante le cannabis depuis peu et les paysans n’ont pas encore engrangé assez de dirhams pour construire en dur à côté de leurs bicoques en tôle. Enfin, au détour d’un virage, la cuvette de Boulizem apparaît telle une oasis vert tendre au creux d’une vallée aride. Sauf que le tapis vert des plants de kif est parsemé d’impressionnantes taches brunes comme si la moitié du douar avait brûlé… Nous sommes arrivés à destination après deux heures et demie de « route ». A d’autres, il aura suffi de quelques minutes en hélicoptère.

 

Apocalypse now sur le douar

 

Ce mardi 29 juin, trois engins décollent d’un terrain de foot transformé en héliport près de Bab Taza. Vers 13 heures, ils survolent le douar perdu et piquent du nez vers les cultures pour asperger le sol d’une substance blanche. Dans le village, c’est la panique. Les femmes crient, les enfants qui n’ont jamais vu d’hélicoptère de leur vie se mettent à pleurer. Une vidéo réalisée par un habitant ce jour-là et que vous pouvez retrouver sur

résume bien l’ambiance presque Apocalypse now, sans le napalm : le survol en rase-mottes des hélicos, le bruit des hélices, le lâcher de pesticides sur les champs et les hommes qui invoquent le prophète en fond sonore…

Le mardi noir de Beni Ahmed Charquia

 

Ce jour-là, comme chaque mardi, la plupart des paysans se sont rendus au souk. Zakaria (1), lui, est resté. Alors qu’il s’est assoupi dans une cabane, il est réveillé par le vacarme assourdissant des rotors. Le cultivateur se précipite alors à l’extérieur… avant de s’écrouler. Un hélicoptère vient de l’arroser d’herbicide. Choqué, il restera prostré trois jours, incapable de se relever. Deux semaines plus tard,

 

Zakaria ne parvient toujours pas à raconter son calvaire. « Le mal est dans le cœur », se contente-t-il de nous dire d’un air désolé.

 

A Boulizem, les paysans sont tous sous le choc et ne sont guère plus prolixes. Une catastrophe (sur)naturelle s’est abattue sur le village et il n’y a pas de cellule psychologique pour soutenir des habitants complètement anéantis. Après nous avoir montré ses champs calcinés et son potager brûlé, Ahmed éclate en sanglots. L’attaque ne l’a pas seulement privé de sa source de revenus mais aussi de tous ses moyens de subsistance : sans ses tomates, ses vignes, ses olives, Ahmed ne sait pas comment il va nourrir sa famille cet hiver.

 

« On appelle ce mardi, la journée noire », raconte Abdallah Madani, président de l’association de développement de Beni Ahmed Charquia. « Presque toutes les cultures ont été touchées dans le village et ce qui est encore débout est en train de crever », dit-il en nous montrant des plants de cannabis dont les feuilles touchées par le pesticide sont devenues jaunes.

 

image_25429_07_2010_12_58_06.jpgTrois hélicos ont déversé des herbicides sur des plantations de cannabis le 29 juin dernier. Mais si le kif a été carbonisé, c’est désormais toute une population qui est privée de moyens de subsistance.

 

 

Les champs de pastèques comme les figuiers ont été carbonisés sans discernement par la pluie chimique. Mais il y a peut-être plus grave. Aujourd’hui, des enfants se baignent dans l’oued qui a été touché par les pesticides. Et Abdekalder, un paysan qui arbore le regard terriblement dur de ceux qui ont tout perdu, tient à nous montrer son puits à ciel ouvert… au centre d’une zone douchée par un hélicoptère. Et quand on lui demande comment il va nourrir ses cinq enfants, il n’a qu’une formule à l’esprit : « Dieu seul sait ce qu’on va devenir ! »

 

Son père, le vieil Abdellatif est plus bavard. Il dit qu’il voudrait demander des indemnités pour les figuiers et les oliviers détruits. Mais il ne sait pas à qui s’adresser ; et quand il a commencé à réclamer, on lui a répondu « Sed foumek », dit-il en mimant le geste de ses doigts sur sa bouche…

 

La loi du silence et la peur des représailles n’empêchent pas ces paysans de se confier. Ils savent bien qu’ils sont en tort mais ne comprennent pas pourquoi ils sont visés alors que les puissants barons de Bab Berred ou de Ketama continuent de prospérer. Ils voudraient au moins qu’on leur permette aujourd’hui de survivre. 1 500 habitants sont désormais privés de tout moyen de subsistance et soumis à des risques sanitaires. Mais visiblement tout le monde s’en fout.

 

Deux semaines après la « journée noire », nous étions les premiers à visiter le village. Pas un agronome n’est venu constater les dégâts et conseiller les paysans ; pas un médecin n’est venu consulter les personnes contaminées ; pas une ONG n’a protesté… Seul le PAM s’est fendu d’un timide communiqué regrettant les moyens employés.

 

Double peine pour les paysans

 

Certes la cause des cultivateurs de kif n’est pas l’une des plus populaires à défendre dans le Royaume. Mais les méthodes employées pour les faire renoncer à cette culture semblent totalement disproportionnées. Un paysan qui cultive le kif sait qu’il risque des années de prison. Mais la punition est beaucoup plus lourde quand on s’attaque à la terre avec des pratiques qui sont tout sauf écologiques. La répression ressemble singulièrement à une double peine ; et les premières victimes collatérales de ces bombardements chimiques – qui n’ont rien de chirurgicaux – sont les familles.

 

L’épandage aérien est un mode opératoire nouveau au Maroc. Le premier « raid » a eu lieu l’année dernière. Relatées par Tel Quel en septembre 2009, des opérations de pulvérisation d’herbicide au sol par des ouvriers armés de réservoirs portatifs ont été menées pour éradiquer le kif dans la région de Taounate. Mais habituellement, les autorités se contentent d’éradiquer les plantations à la faucille, à la tronçonneuse ou au tracteur. Ces méthodes « douces » facilitent aussi bien sûr les arrangements…

 

Le drame de l’histoire, c’est que les paysans de cette région n’ont pas réellement d’alternatives. Sans cet or vert, les Rifains vivraient dans une misère noire. La région est l’une des plus densément peuplées du pays (124 habitants au kilomètre carré contre 37 en moyenne dans le Royaume) et les terres y sont parmi les plus ingrates : relief accidenté, sols pauvres, précipitations aléatoires et une irrigation balbutiante… Rien ne pousse bien ici, sauf le kif ! Abdallah Madani, président de l’association de développement de Beni Ahmed Charquia résume la situation : « Cette année, le blé a eu un très mauvais rendement. Les oliviers et les figuiers ne servent qu’à la consommation personnelle. Ici, le cannabis est la seule source stable de revenus… »

 

Après les émeutes, les hélicos

 

Pourtant cette culture dégrade aussi les sols, mais elle a permis – même si l’écrasante majorité des revenus qu’elle génère finit dans les poches des barons et des trafiquants européens – la relative prospérité d’une région déshéritée… Il y a trente ans, entre Bab Taza et Beni Ahmed Charquia, la spécialité locale, ce n’était pas le kif mais les poux et la galle. L’échec des cultures de substitution, la corruption des policiers et la pression internationale ont provoqué une escalade dans la stratégie de répression. Après les émeutes de Bab Berred, les autorités semblent avoir choisi de frapper l’imagination en s’attaquant à des zones isolées (il y a moins de risques de révoltes) avec des moyens spectaculaires. Comme le note un observateur averti de la région : « Utiliser des hélicoptères, c’est montrer que l’Etat a la maîtrise du ciel. C’est du domaine de la symbolique. »

 

Mais les produits utilisés sont tout sauf symboliques. On ignore encore quel pesticide a été employé et nos demandes en ce sens au ministère de l’Intérieur sont à ce jour restées sans réponse. Il est possible, selon des spécialistes contactés, qu’il s’agisse du Roundup, un herbicide qui a déjà été utilisé par aspersion aérienne pour détruire les champs de coca en Colombie. Ce produit est contesté par des scientifiques pour ses effets secondaires potentiellement nocifs. Mais quel que soit le pesticide utilisé, il n’a pas contaminé que le kif. En voulant s’attaquer à des cultures illégales avec des moyens néfastes pour la santé des populations, les autorités adoptent à leur tour un comportement immoral et dangereux.

Par Éric Le Braz, photos Brahim Taougar

 

(1) Les prénoms des personnes interrogées ont été changés.

 

Source : Actuel.ma

 

info relayée par elbrazzz merci à lui

 

la vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=CBo1fXG98PM


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Merde, j'ai mal pour eux...

Quels cons mettre la vie en danger de nombreuses personnes pour niquer quelques plants...

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Crime contre l'humanité, crime contre la planète !!!!

 

Merci la pression de l'Europe (France ? Sarkasme ?), autant pour le trafic que pour la politique.

 

Bien sur que c'est du Monsantokivousveutdubien qu'ils ont balancé, plus efficace y'a pas, avec un peu de malchance, c'est la version améliorée "Amérique du sud" .... hyper toxique ce truc.

 

cf wikipedia

 

Toxicité

 

Les produits Roundup contiennent plusieurs substances : la substance active qui est le glyphosate, et des substances dites « inertes » telles que le POEA (polyethoxylated tallowamine), AMPA, ou l'isopropylamine ; ces substances peuvent varier suivant le produit commercial.

 

Une étude de l'université de Caen[3], publiée dans Chemical Research in Toxicology fin décembre 2008, met en évidence l'impact de diverses formulations et constituants de cet herbicide sur des lignées cellulaires humaines (cellules néonatales issues de sang de cordon, des cellules placentaires et de rein d'embryon). Les auteurs signalent diverses atteintes de ces cellules humaines (nécrose, asphyxie, dégradation de l'ADN...), induites soit par le glyphosate, soit par un produit de sa dégradation (AMPA), soit par un adjuvant (POEA) qui facilite son incorporation par les plantes cibles, soit par des formulations commerciales de l'herbicide[4],[5]. Cette étude a été critiquée par l'AFSSA notamment pour des raisons méthodologiques et pour l'interprétation des résultats fin mars 2009. L'agence estime que « les auteurs [de l'étude] sur-interprètent leurs résultats en matière de conséquences sanitaires potentielles pour l’homme, notamment fondées sur une extrapolation in vitro-in vivo non étayée » [6].

[modifier] Le glyphosate

 

L'Agence américaine de protection de l’environnement (US Environmental Protection Agency, EPA) détaille les effets nocifs sur la santé que pourrait provoquer l’exposition à de fortes doses de cette substance : « Congestion des poumons, accélération du rythme de la respiration » à court terme, « endommagement des reins, effets sur la reproduction » à long terme[7].

[modifier] Pollution

 

Le glyphosate et certains de ses métabolites secondaires (AMPA), se retrouvent dans les eaux de certaines régions françaises (55% des nappes superficielles et 2.7% des nappes souterraines)

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effroyable, révoltant....

 

Le problème : la corruption comme toujours et comme partout.

 

Les agriculteurs sont assassiné , les trafiquant amis du roi épargné.

C'est notre système qui veux ca et on l'accepte chaque jours.

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On paie tous un jours pour les pots cassés, ceux qu'ils ont fait il le payeront de toute manière tôt ou tard

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:shock: C'est vraiment du grand n'importe quoi !

 

Ils ont mis en péril des familles , en déversant leurs poison sans se soucier de quoi que ce soit , c'est plus que révoltant !

 

Tout ça juste pour empêcher la culture d'une plante tellement répandu , et qui fait parti de nos civilisations depuis tellement longtemps !

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Cette plante fais partie des civilisations depuis le commencement si je puis dire et quand je vois qu'aujourd'hui certaines personnes haut placées se permettent de faire sa et entre autre interdire sa culture ... ça me révolte mais à quoi bon parler on a beau parler autant qu'on veut ... ça reste du vent pour ces ignorants

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Sans mauvais jeux de mots ça vole bas!

 

:puke::puke::puke::puke:

 

Fu*k babylon system

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Le Maroc n'a pas les moyens d'assurer un minimum pour ces gens (Route, école, social et infrastructure) mais à les moyens de se faire bien voir politiquement parlant !!

 

C'est de la politique de politicien bas de gamme et facile comme en France, on cherche des boucs émissaires quand on n'arrive plus a résoudre les problèmes !!

Désolant

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Oubliont un peu le kif, et regardont les choses autremant !

 

 

Et si le but de ces operations n etaient pas plutot de mettre le feu au rif.

 

Les americains sont de plus en plus impliques au Maroc, bien sur les rifiens rebelles dans l ame ne se laisseront pas faire ( comme ils l ont demontres plusieurs fois au cours de l histoire

), en se rebellant ils seront directement estampilles comme " terroristes".

Et oui un nouveau frond pour" la guerre contre la terreur" pourrat etre ouvert, au porte de l Europe, ce qui justifira de nouvelle lois liberticides, une presence plus importante et continu de l empire ( donc hors de question de remettre en cause les bases americaines en peninsule iberique).

 

En gros cela servirat a legitimiser la politique Americaines aux yeux du peuple Europeens en disant: vous voyez les terroristes sont maintenants aux portes de l Europe.

 

 

ps; un petit exemple recent nous l a demontre en Coree, ou soit disant les nord coreens auraient torpille un navire de guerre sud coreens.

Comme par hasard le premier ministre japonnais desireux de fermer les bases americaines d Okinawa change d avis sous le pretesque d une nouvelle instabilite dans la region.Il demissionnat sous la pression populaire car l idee principal de sa campagne etait le demantellement des bases US.

 

Bonne journee!

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Ca sent la pénurie, je me demande comment va évoluer le marché noir.

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Ben c'est simple Sabate. Dégradation de la qualité des produits, augmentation des prix, pénuries.

 

Résultats? Catastrophique pour tous le monde... A gerber tout ca, vraiment....

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toujours les memes qui trinque ;-)

deja que c'était pas de trés bonne qualité,

ils metrons un peu plus de merde, a ce rytme

il peuvent prendre un abonnement chez les marchands de pneu :puke:

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:-( Dur de retenir c'est larme en lisant cette article.

 

pauvre peuple condamné a mort .

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Ca s' appelle tuer une fourmi au canon... moyens disproportionnés sans se soucier des "dommages collatéraux".. jolie la politique prohibitionniste...

 

Si l' on donnait à ces gens un travail ou simplement les moyens de vivre de leurs terres décemment, ils ne devraient pas enfreindre ces "lois" injustes..

 

Que vont-ils faire maintenant??

 

Mais venir en europe, bien sûr! Et grossir le flux de l' immigration impossible à gérer..

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