Pendant ce temps, au Canada...

Par Invité ,

align=lefthttps://www.cannaweed.com/upload/server_7/0f87d8.jpg[/img]Des cafés fumants !

 

Ville verte avec sa nature à portée de main, Vancouver soulève la controverse pour son herbe. Le cannabis est en effet à l'honneur dans plusieurs cafés très fréquentés. Comparaison des mÅ“urs québécoises et ouest-canadiennes.

 

Selon certains de ses habitants, Vancouver serait enveloppée par la fumée illicite de la marijuana. «Ici, 80 % des gens fument du pot et l'autre 20 % ne l'avoue tout simplement pas!» lance à la blague un jeune Britanno-Colombien affairé à rouler un énorme pétard. Plusieurs établissements qui vendent et permettent de consommer du cannabis ont pignon sur rue à Vancouver et espèrent ne pas être la proie des forces de l'ordre. À Montréal, le café Chez Marijane, de type «apportez votre joint» a pour sa part vu rapidement ses aspirations s'envoler en fumée sous les pressions incessantes des policiers. D'est en ouest, la tolérance au cannabis se fait sentir selon les régions.

 

Source : Montréal Campus

Sur l'artère Commercial Drive, connue pour son atmosphère jeune et enfumée, plusieurs pot-cafés connaissent des journées très lucratives. Actifs depuis quelques mois grâce au bouche-à-oreille, les commerces s'affichent maintenant ouvertement. Le silence de la municipalité peut sembler curieux, mais pas pour le maire de Vancouver, Larry Campbell. Il ne se gêne d'ailleurs pas pour confier aux médias que ces pratiques considérées comme illégales ne constituent pas un dossier prioritaire. Selon lui, de nombreux touristes se réjouissent de la présence de ce type de cafés dans le secteur, que certains se plaisent à surnommer le «Vansterdam».

 

align=righthttps://www.cannaweed.com/upload/server_7/95d435.jpg[/img]Depuis son ouverture en mai 2004, le café Da Kine est le plus populaire de tous. L'endroit propose un menu varié de cannabis, que le client peut consommer sur place ou pour emporter, à condition qu'il soit âgé de plus de 19 ans. Ce règlement «virtuel» s'inspire de la législation pour la vente d'alcool, appliquée en Colombie-Britannique. Imprégnée par le récent souvenir d'une fumette dans un café vancouvérois, une jeune uqamienne, qui a passé près de quatre mois dans la ville, conserve un souvenir sympathique. «C'est fou comme ça fume là-dedans. On ne trouverait jamais ce type d'endroit à Montréal!»

 

Nulle plainte n'a été déposée à ce jour. La nouvelle clientèle pro-marijuana se tient plutôt tranquille. Mais, par un matin de la mi-septembre, le service de police de Vancouver est sorti de sa passivité. Au guet devant le fameux Da Kine, les agents ont observé l'achalandage. Les 30 premières minutes s'écoulent, puis 60… Après 90 minutes, 230 clients auraient visité le commerce selon le calcul des policiers. Ces derniers ont pénétré dans le café et ont saisi une quantité impressionnante de marijuana. Ils ont estimé le chiffre d'affaires quotidien de la propriétaire, Carole Gwilt, à environ 30 000 $!

 

Quelques heures plus tard, la mine basse devant son Da Kine plongé dans une soudaine accalmie, la femme n'a qu'un souhait: s'entendre avec la municipalité pour continuer à vendre son cannabis. «Je rends service à la communauté, car les vendeurs de drogues itinérants désertent à présent le quartier et la sollicitation auprès des jeunes est moins fréquente», explique-t-elle, tout à coup pleine d'assurance.

 

La tolérance montréalaise

 

À des milliers de kilomètres de là, la conseillère en cannabis Sonja Kleiman ne semble pas impressionnée par la nouvelle tendance ouest-canadienne. Dans le va-et-vient de la boutique montréalaise de la Fondation Marijuana, elle rencontre une clientèle hétéroclite, qui vient chercher son papier à rouler, qui devient membre du Parti Marijuana ou qui, simplement, raconte ses angoisses vis-à-vis de la surveillance accrue de ses plantations par les hélicoptères de la Sûreté du Québec. À son avis, le laxisme des Britanno-Colombiens n'est qu'une réponse au système coercitif auquel ils sont assujettis. «En Colombie-Britannique, les gens sont coincés entre le Parti conservateur et le comportement répressif des États-Unis à l'égard de la marijuana. Les cigarettes sont aussi extrêmement coûteuses et elles sont interdites dans tous les espaces publics». Selon elle, les gens se révoltent et confrontent la loi en ouvrant de tels commerces. «Ã€ Montréal, les fumeurs de cannabis consomment tranquillement chez eux. Ils n'ont pas besoin de provoquer personne, raconte-t-elle avec son accent anglophone. Il y a aussi une grande tolérance dans les bars, les salles de spectacles et les parcs.»

Pour la militante pro-cannabis, l'ouverture de ces cafés à Vancouver peut aussi bien faire reculer la cause qui lui tient tant à cÅ“ur. «La dernière fois que j'ai visité la ville, j'ai pénétré dans l'un de ces cafés. J'ai eu la très désagréable surprise de trouver un endroit insalubre où des junkies se piquaient dans les toilettes. Si ces endroits ne sont pas de qualité, ils vont faire mauvaise presse à la marijuana.»

 

Agent de relations humaines dans un centre de réadaptation pour alcooliques, toxicomanes et joueurs compulsifs, Alain Dubois s'inquiète de l'impact de ces pot shops sur la société. Même s'il se dit en faveur de la légalisation, il craint que ces cafés contribuent à banaliser les effets de la marijuana. «N'oublions pas que le cannabis cause beaucoup plus d'effets secondaires que la cigarette», rappelle l'expert de la drogue.

 

Cannabis, avenir et cafés

 

Le sénateur conservateur Pierre-Claude Nolin en a assez de l'hypocrisie des gouvernements. «Je ne demande pas la décriminalisation de la marijuana. Je dis qu'il faut carrément réglementer le produit. Arrêtons de jouer à l'autruche!» Si le phénomène des pot shops prend racine à Vancouver, c'est que, selon lui, la ville est quelques années en avance en matière de tolérance. Il rappelle que le Club Compassion de Vancouver, qui fournit du cannabis à des fins thérapeutiques, existe depuis huit ans. À l'inverse, les nouveaux commerces affrontent la loi, mais dans l'objectif de faire de l'argent. «En tant que médiateur, je ne peux pas être d'accord, car ces actions sont encore considérées illégales», lance le sénateur. Ce dernier a présenté en 2002 un document de discussion controversé sur le cannabis, où il démontrait que rien ne justifiait la criminalisation de la substance.

 

Quant à l'avenir de ces boutiques aux émanations controversées, il confie que la mouvance n'est pas prête de s'achever. Il croit que la société devance actuellement le gouvernement et que ce dernier devra suivre le courant. Un sourire en coin, le sénateur Nolin ne peut s'empêcher de faire une prédiction. «La prochaine ville sur la liste, c'est Montréal.»


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