Casser la mécanique de la violence dans les quartiers

Casser la mécanique de la violence dans les quartiers
Par Invité ,

J’ai longtemps hésité avant de commenter la tribune de Pierre Pelot publiée mardi sur Rue89. C’est un cri violent, sans nuance, un piège à trolls et commentaires bien hardcore. Ce brûlot expose brutalement une nette montée de la tension inter communautaire Je ne commenterais pas la forme, mais le fond.

 

Depuis mon retour en France il y a trois ans, j’observe aussi cette dégradation, surtout dans les zones de mélange entre la classe moyenne paupérisée, blanche mais pas seulement, et les populations les plus précarisées, très majoritairement issues de l’immigration récente.

 

L’immense majorité des Français se contrefout de ce qui se passe dans les ghettos des lointaines cités dortoirs. Mais les quartiers défavorisés des communautés urbaines et même des centres-villes connaissent aussi les nuisances liés au trafic de drogues, en premier lieu du cannabis, qui représente au moins 50% de l’activité criminelle dans ces zones.

Plus difficile de cacher les nombreuses frictions et la haine qui y monte chaque jour d’avantage. Le business crée une tension palpable qui exacerbe toutes les relations humaines et favorise la violence et la peur.

 

 

Narcotisation des quartiers

 

C’est la « narcotisation » de la société, bien décrite en Colombie par Vincent Taillefumier et Christine Renaudat dans « Les tribulations d’un gramme de coke », ou à Baltimore dans la série « The Wire »citée par Pierre Pelot. Les réflexes conditionnés de violence et d’agressivité liés au business envahissent toutes les relations humaines.

 

L’application à géométrie variable de la prohibition génère une rancœur contre les autorités, aussi bien chez les consommateurs écœurés par la chasse à la boulette que chez les riverains qui constatent l’inefficacité de la répression sous sa forme actuelle.

Elle provoque aussi la colère de tous les habitants des quartiers si des policiers fortement soupçonnés d’être corrompus échappent aux sanctions, comme cela a été le cas à Marseille.

 

 

Effets secondaires

 

Les nuisances du trafic provoquent souvent chez les habitants de ces quartiers une volonté de distinction, pour ne pas être assimilés à ces gangs. Cela débouche de plus en plus sur une pratique ostentatoire de l’islam ou d’autres religions, et un repli identitaire sur le mode de vie des pays d’origine, agrandissant ainsi le fossé entre les différents groupes et renforçant les peurs.

La tentation de l’auto-défense, en s’armant à l’américaine, se fait plus grande. Il suffit de lire certaines réactions sur ce fil ou sous d’autres affaires comparables. Les plus extrémistes parlent maintenant de préparer une « Reconquista », les armes à la main.

 

Je connais des gens absolument pas engagés dans des activités criminelles ou politiques qui cherchent à acheter des armes de gros calibre pour se protéger. Ils vont sans doute trouver.

D’autres penchent plutôt pour les patrouilles de « vigilants » ou les milices de défense, comme en Italie ou en Hongrie. Certains préfèrent le modèle des sociétés de sécurité avec gardes armés comme en Afrique du Sud. Il y a aussi la tentation de faire appel à plus méchant pour dégager la racaille, genre mafia de l’Est, avec gros risque de racket après le « nettoyage ».

 

 

Obstination inutile du gouvernement

 

Le gouvernement place ses espoirs dans une nouvelle offensive de la guerre à la drogue. Depuis Joseph Franceschi en 1983 (putain, trente ans !), tous les ministres de l’Intérieur et les responsables de la sécurité ont annoncé l’offensive finale, la der des ders, contre le marché noir de la drogue.

Comment 68% des Français peuvent-ils encore avoir une opinion favorable sur le nouveau général Nivelle de la prohibition, Manuel Valls ? La situation se dégrade dangereusement, mais aucun consommateur de cannabis n’a l’intention de s’abstenir à cause de cela.

 

Les plus responsables ont proposé la dépénalisation de la consommation et la tolérance de Cannabis social clubs comme alternative immédiate pour contrer le trafic. Leur leader, Dominique Broc, sera en procès le 8 avril prochain, et la réponse semble claire : pas de négociations.

 

Dans ce contexte, il semble très difficile d’obtenir, comme Asud et ses nombreux soutiens le demandaient récemment, une concertation sur la politique des drogues en vue d’une régulation publique du marché du cannabis, comme au Colorado et dans l’état de Washington, ou encore de la légalisation contrôlée proposée par Daniel Vaillant, et plus récemment par Esther Benbassa.

Il n’y a pourtant aucune autre alternative pragmatique et crédible. Il est vraiment urgent de s’en rendre compte avant que la prohibition ne pourrisse la situation, au point qu’elle n’explose. Mes quartiers vont craquer !

Laurent Appel

Journaliste (ASUD)

 

Sources : Rue 89

 

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Salut

 

Cet article me révolte ! de quel droit nos politiques laissent pourrir nos citées qui deviennent le berceau de notre cancer de demain.et déjà d'aujourd'hui !

Stoppons le trafic en libérant le canna de ces chaines, utilisons l'argent de la répression pour des actions sociales et nettoyons ces lieux car les français qui y vivent ne méritent pas cette torture morale qu'il subissent au quotidien.

Les populations qui vivent de ce trafic vont devoir apprendre à vivre en société et créer des entreprises légales et les citées se remettront à revivre, peut -être fera -t -il bon vivre la bas.... L'espoir fait vivre ;)

 

Longue vie au CSCF.

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les politiques se gardent bien de se mettre une partie de leur électorat à dos .

Ils ne dinent pas avec des fumeurs , mais avec des patrons de boites pharmaceutiques , les grands propriétaires de vignobles , ou encore les distributeurs de tabacs .

"Ce n'est pas le moment !!" , c'est comme le non cumul des mandats , ça se fera plus tard !!.

Quand on pense au gars qui a été jugé il y a peu , qui cultivait et fumait pour simplement rendre sa maladie moins pénible , mais non ! , les juges ont suivi le réquisitoire du ministère publique .

Matériel saisi , plants détruits , et aucune solution pour le soigner !!.

 

Dominique Loumachi, myopathe de 40 ans, cultive et consomme du cannabis pour soulager ses douleurs depuis 1992. Ce mercredi 13 mars, il a été condamné à 300 euros d'amende avec sursis par le tribunal correctionnel de Belfort. Par cette décision, la justice refuse donc de reconnaître à un patient le droit de consommer du cannabis à des fins thérapeutiques.

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