Pourquoi la légalisation du cannabis gagne-t-elle du terrain?


Messages recommandés

Pourquoi la légalisation du cannabis gagne-t-elle du terrain?

 

 

 

cannabis.png

 

D'après les spécialistes de la question, et même dans les plus hautes sphères institutionnelles, légaliser le cannabis apparaît comme la solution la plus efficace pour mieux atteindre l'objectif de santé publique. Voici pourquoi. sur le même sujet

 

Faut-il légaliser le cannabis ? La question est de plus en plus prégnante depuis que l'Uruguay, mais aussi l'État du Colorado et celui de Washington aux Etats-Unis ont décidé de franchir le pas. D'autant plus que la défense de la légalisation n'est pas l'apanage de personnes souhaitant encourager la consommation.

 

 

Bien des noms issus des plus hautes institutions ont ouvertement manifesté leur soutien à la libéralisation de cette drogue. C'est notamment le cas de l'ancien ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin, Daniel Vaillant, qui jure pourtant n'avoir jamais fumé, mais aussi ni plus ni moins de Barack Obama, qui a déclaré en début de semaine que "fumer de l'herbe" ne lui semble pas plus dangereux que "de boire de l'alcool".

 

La répression ne fonctionne pas

 

La raison de cet infléchissement dans la "guerre aux drogues" lancée dans les années 1970 par l'ONU et l'ancien président américain Richard Nixon est double. La répression ne fonctionne pas.

"La France est le pays européen le plus répressif en matière de lutte contre le cannabis, et pourtant, nous sommes les plus gros consommateurs en Europe,"
explique Christian Ben Lakhdar, économiste des drogues à l'Université catholique de Lille et ancien expert de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).

Entre 2005 et 2010, le nombre des interpellations a doublé, sans qu'il n'y ait d'impact. "Cela aurait dû avoir un effet haussier sur le prix lié à la prime de risque exigée par les trafiquants. Or la seule hausse du prix observée est plutôt liée à une augmentation de la qualité du produit", relève le chercheur, qui fait état de statistiques de l'OFDT.

De fait, le marché est de mieux en mieux alimenté par la production locale qui fait l'objet d'une véritable sélection des meilleures graines et bénéficie des techniques hydroponiques, c'est-à-dire une culture optimisée en lieu clos et à lumière constante.

Pour lui, la politique de lutte contre la toxicomanie basée sur la répression est un "échec total". Constat partagé par ces pays qui dépénalisent, voire légalisent la production et la vente, non par laxisme, mais pour des raisons de santé publique et économiques.

 

La légalisation est bonne pour les finances publiques

 

D'après les travaux publiés en 2003 par Pierre Kop, professeur agrégé d'économie à la Sorbonne, et compilés par la suite par Christian Ben Lakthar, on peut estimer à 910 millions d'euros le coût social total du cannabis à la France.

Ce chiffre prend en compte les accidents de la route causés par la consommation de la plante ou de ses dérivés, le coût de la prévention, le coût pour la sécurité sociale, mais aussi ceux de l'engorgement des tribunaux et des prisons, des douanes et des enquêtes de police.

"Au final, 55% à 60% de ces 910 millions d'euros sont imputables au régime légal", note Christian Ben Lakhtar. En clair, le système répressif mis en place pour lutter contre le trafic et la consommation de cannabis coûte entre 450 et 500 millions d'euros à l'État chaque année, soit 5 milliards d'euros sur dix ans.

Aux prix actuels, c'est-à-dire entre 5 et 7 euros pour un gramme de résine et entre 7 et 9 euros pour un gramme d'herbe, on estime le marché total à 1 milliard d'euros par an. Au niveau de TVA actuelle, ce serait donc quelque 200 millions d'euros de recettes supplémentaires qui viendraient s'ajouter aux économies liées à la fin de la répression.

 

Dépénalisation ou monopole d'État ?

 

Alors pourquoi la question gêne-t-elle autant la classe politique, à l'image de François Hollande qui a cherché à éviter le sujet lorsqu'il était candidat à la présidentielle de 2012 ? Parce qu'au-delà de la peur d'une mauvaise réaction de l'opinion publique, un système idéal est très complexe à mettre en place.

Daniel Vaillant, lui, est pour un monopole d'État, à l'image de ce qu'était la SEITA. C'est-à-dire que l'État produirait et vendrait lui-même le cannabis.

"Mais attention à la variable cruciale qu'est le prix", met en garde l'économiste pour qui il ne faut pas perdre de vue l'objectif de santé publique, et non de renflouement des caisses de l'État. De fait, un prix trop élevé n'aurait aucun effet sur le narcotrafic, l'une des cibles originelles de la "guerre aux drogues". De même qu'un prix trop bas visant à lutter contre le marché noir inciterait à la consommation, selon lui.

En outre, les économistes des drogues ont le plus grand mal à évaluer les marges que font les trafiquants en fonction de la qualité et de la provenance du produit. Il est donc difficile de savoir à quel niveau de prix, dans des conditions de production respectueuses de la loi française, l'activité serait rentable. L'Uruguay, qui a fait le choix de produire lui-même, a décidé de s'aligner sur les prix du marché.

 

Porter atteinte à l'économie de la débrouille est risqué

 

Mais se pose alors aussi la question de l'impact social d'une telle révolution. Une étude réalisée en 1993 sous la direction de Michel Schiray pour le Conseil national des villes avait souligné l'importance de l'économie parallèle dans les quartiers sensibles, la qualifiant d'économie de la "débrouille". Or, on a du mal à évaluer l'impact d'une amputation des revenus du cannabis qui participent de cet amortisseur social dans les quartiers défavorisés.

Une des questions que s'était posé Dominique Vaillant était de savoir si les personnes impliquées dans le trafic pouvaient être embauchées par son "service public du cannabis". Avec un problème majeur : celui de la mise en concurrence de jeunes formés dans des écoles et universités, et donc aux rouages du commerce légal, avec des trafiquants plus habitués à l'économie parallèle, comme le souligne Christian Ben Lakhtar.

La question étant de savoir comment ces petits trafiquants s'en sortiraient sans ce "gagne pain". Le risque est celui de la fuite en avant. Michel Gandilhon, chargé d'études au pôle Tendances récentes et nouvelles drogues de l'OFDT, avait souligné l'explosion de la culture par des particuliers alimentant le marché local ainsi que la progression de l'autoculture pour subvenir à la consommation personnelle, qui a privé les organisations criminelles d'une partie de leurs revenus.

Résultat, elles ont mis l'accent sur d'autres drogues pour compenser le revenu manquant. Si ce phénomène se confirme, la maintien d'un système répressif sur ces autres drogues exigera des moyens supplémentaires, réduisant d'autant les économies réalisées grâce à la légalisation du cannabis et posant un nouveau problème de santé public.

 

Ne pas perdre de vue l'objectif de santé publique

 

Pour toutes ces raisons, la Commission mondiale pour la politique des drogues qui compte des personnalités telles que Kofi Annan, l'ancien secrétaire général de l'ONU, Paul Volcker, l'ancien président de la Réserve fédéral américaine qui a mis fin à la stagflation des années 1970, ou encore des chefs d'États, a appelé en 2011 à mettre fin à la "guerre aux drogues", dans leur ensemble :

"
Les dépenses considérables engagées pour la criminalisation et la mise en place de mesures répressives visant les producteurs, les trafiquants et les consommateurs de drogues illicites ne sont visiblement pas parvenues à freiner efficacement ni l'approvisionnement ni la consommation. (…) Les efforts de répression ciblant les consommateurs vont à l'encontre des mesures de santé publique visant à prévenir la transmission du VIH/sida, les décès par surdose et les autres dommages liés à la drogue
."

En ce sens, on peut étudier le cas du Portugal qui a lui-même décidé de dépénaliser toutes les drogues. Le pays européen ne voit désormais plus les consommateurs comme des délinquants mais comme des gens qui ont un problème de santé publique. Un objectif que la France a perdu de vue. "Pourtant, le législateur avait alors eu la présence d'esprit d'intégrer sa loi de 1970 contre les drogues non pas dans le Code pénal mais dans le Code de santé publique", rappelle Christian Ben Lakhtar.

 

Source: https://www.latribune...du-terrain.html

 

Ce message a été promu en article

  • Like 9
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Salut,

Merci pour l'article indy.

On pourrait se poser la question inverse pour se donner une idée de notre modèle français.

Pourquoi la prohibition en France ?

1 Pour que des costumes cravates aient leur place au sein du gouvernement .

2 Depenser des sommes colossales contre les trafiquants et les consommateurs pour le bien des électeurs.

3 Ne pas dépénaliser pour laisser faire le sale boulot aux trafiquants.

4 Pour réguler une paix social dans nos zup.

5 Prohiber le cannabis , permet aux organisations criminelles de faire des bénéfices et évite qu'elles nous inondent de drogues encore plus dure.

6 Pourquoi pourrions nous changer de politique? l'aspect économique.

 

En gros c'est plus simple la prohibition mais ça rapporte plus assez .

 

Bonne journée.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Yop,

 

Super article en revanche les commentaires sur le site de la source.... On voit bien que la désinformation est reine et que les "défenseurs" ne sont pas forcément super calés pour répondre aux attaques des détracteurs, malheureusement..

 

Je pars du principe que vu le retard (mental) de nos dirigeant concernant ce point, une légalisation/dépénalisation n'est pas envisageable, en revanche ce qu'il serait intelligent de faire, ce serait de l'étudier, de le transformer et pouvoir l'utiliser dans la médecine.

J'préfère encore me faire "cogner dessus" par les bleus que de voir des gens mourir ou souffrir alors que le "remède" est sous notre nez depuis toujours.

 

En plus je parle même pas des millions d'euros dépensés pour décrédibiliser le canna' alors que la simple revente... Bref, on se fait enfler, comme d'habitude ^^

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Merci Indy,

pour le partage et les article connexes, si certains qui regardent la télé voient de bons reportages ou autre passer a la TV faites tourner ;)

Pops la paix social c'est bullshit j'ai habité en ZUP et je peux te dire que dans 90% des cas tu vends pas pour te prendre pour T.M mais juste histoire de pouvoir mettre du beurre dans les pattes, et qu'a choisir beaucoup préfèreraient avoir un taf "normal" plutôt que ça !

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Salut

 

Dans le genre j'avais regardé il y a peu un reportage vraiment sympa sur le sujet qui semblait assez objectif

 

https://youtu.be/3_CNLafhmaw

 

D'ailleurs les autres reportages de la série (un œil sur la planète) sont vraiment intéressants

 

Y'en a d'autres bien classiques aussi genre The Union ou celui sur Jack Herer :) (section cannabis médical y'en a un cool qu'un membre a traduit lui même, super boulot)

Modifié par MetaliK
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

slt à tous

apparement , il y aurait eu un débat sur la chaine parlementaire (emission ça vous regarde) ,le 23/01 , il y a un torrent du debat....

à+ :roulage: bon grow de toute façon lol :-P

Modifié par inoxe
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Hello,

 

 

"Cela aurait dû avoir un effet haussier sur le prix lié à la prime de risque exigée par les trafiquants. Or la seule hausse du prix observée est plutôt liée à une augmentation de la qualité du produit"

J'ai bien ri pour le coup de la qualité! Plus le temps passe plus le shit du black est infâme et c'est à la source que tout se passe, quand le shit arrive du bled c'est déjà la plus piètre qualité possible, je comprend pas comment ils arrivent à rendre du bédot fait à sec aussi dégeulasse. Les meilleurs teuteu que j'ai fumé c'est mes ice-o (loin d'être la meilleure qualité possible) et ils sont à des années lumières devant tout ce qui se vend dans les rues.

 

 

Or, on a du mal à évaluer l'impact d'une amputation des revenus du cannabis qui participent de cet amortisseur social dans les quartiers défavorisés.

L'impact c'est de rouler en clio plutôt qu'en merco et de porter du celio à la place du D&G, CK et autres trucs fashion de dealer. Moi ça me fait bien marrer tout ça, vous croyez sérieusement que le vendeur de bédot il le fait pour sa famille? Le benef il sert juste à la flambe.

 

Ce que je veux dire c'est qu'on s'en tape salement des dealers, ils ont fait le choix de vendre de la merde par profit et arrivisme, et faudrait encore se soucier d'eux? Les types qui se sont mis à vendre blanche/brune, à part du ferme pour la désintox ils méritent rien d'autre. Et me chantez pas le couplet du quartier défavorisé blablabla, j' y ai vécu 20 ans et je suis pas devenu un déchet comme ces gus et la plupart des gens issu du quartier non plus (malgré le fait de vivre dans un pays blindé de raciste).

Quand les gens tu leur parle de légalisation, c'est l'image du scarla qui bazarde son michelin en bas d'une tour qu'ils ont en tête et pas du commercant légal qui connait ses produits sur le bout du doigt. Là c'est tout de suite plus compliqué d'être convaincant...

 

Le pays européen ne voit désormais plus les consommateurs comme des délinquants mais comme des gens qui ont un problème de santé publique.

Si seulement c'était comme ça en France...Ca serait un énorme bond en avant. Mais c'est plus facile de punir et taxer que d'aider et accompagner les addict à se remettre sur le droit chemin.

 

Dépénalisation ou monopole d'État ?

Je dirai aucun des deux. La dépénalisation va pas assez loin .Le monopole d'état...vous voulez payez votre gramme à 20 euros? Non? Car ça arrivera si on laisse le secteur entre leurs doigts crochus, ça tournera comme la tabac.

Je suis pour une libéralisation totale du marché, breeding, coffee (on peut imaginer plusieurs sources d'approvisionnement, producteurs locaux et coop, surplus d'autoprod, importation) , csc, médicinal, autoprod, si on a pas l'ensemble pour réguler le marché avec diverses alternative au circuit purement commerciale, ça va foirer quelque part au niveau qualité/prix ou impact sur le marché noir.

 

Bon j'arrête là j'ai les crocs.

@soon!

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites