Cannabis thérapeutique : “90% des malades restent toujours sur le bord de la route”


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Cannabis thérapeutique : “90% des malades restent toujours sur le bord de la route”

 

 

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Un plan de cannabis (Reuters/Andres Stapff)

 

 

Le ministère de la Santé a annoncé, jeudi 9 janvier, l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du Sativex, un médicament à base de cannabis. Une première en France depuis la prohibition de 1961. Bertrand Rambaud, président de l’association UFCM I-Care (Union francophone pour l’utilisation des cannabinoïdes en médecine), lutte depuis plusieurs années pour un retour de l’usage médical du cannabis. Entretien.

 

Cette autorisation de mise sur le marché (AMM) du Sativex, vous surprend-elle ?

 

Ce que l’on n’avait pas vu venir c’était la signature du décret. Maintenant, on savait que ça allait arriver incessamment sous peu. Ca s’est fait par la pression de l’Union européenne, tout simplement. La France s’était engagée, il y a une dizaine d’années, à signer un protocole d’uniformisation de la pharmacopée européenne. Cela signifie, en gros, que l’on doit trouver les même produits en pharmacie partout. GW Pharmaceuticals, la firme qui est à l’origine de Sativex est montée dans les instances européennes en rappelant que ce retard n’était pas normal. La France s’est trouvée acculée à signer un décret. GW l’avait aussi fait pour l’Italie.

 

 

Les Italiens n’autorisent-ils également que le Sativex ?

 

Non. En plus du Sativex, l’Italie est en train de mettre en place un système permettant de commercialiser le Bedrocan. C’est une entreprise en Hollande qui produit quatre variétés de fleurs séchées. On peut acheter par exemple “x” grammes de fleurs, sans préparation, puis ensuite on peut fabriquer des gélules, on peut les vaporiser ou encore faire des “teintures mères” (préparation pour extraire, avec de l’alcool, un principe actif d’une drogue végétale) .

 

 

Comment utilisez-vous le cannabis médical jusqu’à présent ?

 

Moi, je suis séropositif depuis trente ans. J’en suis à la quatorze ou quinzième trithérapie. Je ne supporte plus les traitements. On est suivi par des nutritionnistes et des nutri-détoxicologues. Eux nous disent que ce qui nous maintient en vie – nos traitements – sont également un poison pour le corps. Ils disent “si vous trouvez un élément naturel bio pour vous soulager des douleurs allez-y”. Aujourd’hui, parce que c’est du cannabis, il ne faudrait pas qu’on aille vers le naturel mais le chimique. On trouve que c’est incohérent dans le système de soins.

 

 

Que disent les malades que vous conseillez ?

 

Je suis en contact avec beaucoup de malades depuis hier. Même si l’arrivée du Sativex n’est pas pour demain matin, même si les critères sont très restrictifs, on se réjouit tous pour tous les malades qui ont la sclérose en plaque. Cette décision reste néanmoins une avancée majeure. Mais pour les autres, qui ont le VIH, un cancer, la maladie de Crohn… Bref les 40 pathologies recensés par l’IACM (Association internationale pour le Cannabis médical) il n’y a absolument rien de prévu. Pour l’instant, ils n’ont pas envie de voir d’autres molécules arriver et je pense qu’il vont faire les choses à la française.

 

 

C’est à dire ?

 

Debout sur les freins et n’importe comment. Souvenez-vous que la méthadone a été expérimentée pendant 22 ans. 22 ans ! Parce qu’à époque, donner des opiacées à des drogués, d’un point de vue moral, c’était considéré comme leur redonner de la drogue… Pour le Sativex, ils annoncent des tests mais il y a déjà eu des études à Lille, sur des patients ayant la sclérose en plaque. Si la ministre de la Santé est un peu courageuse, elle doit faire en sorte qu’on ne laisse pas, comme aujourd’hui, 90% des patients qui en ont besoin de cannabis médical sur le bord de la route. Pour le moment, on n’en prend que 10% en compte. Nous les malades, on est pas en train de s’amuser. Nous sommes juste en train de trouver un moyen de nous soulager.

 

 

Votre association est en relation avec les autorités publiques ?

 

On était en relation à un moment donné avec Daniel Vaillant (ex ministre de l’Intérieur), mais les autorités ne nous tiennent pas informés du tout. On n’a pas de contact officiel qui nous donne des informations. On aimerait bien que ça arrive. On va surement demander un rendez-vous à la personne en charge du dossier au ministère de la Santé.

 

 

A quand remonte cette interdiction des canabinoïdes en France ?

 

1961. Ce fut la prohibition du cannabis au niveau mondial après une décision de l’Onu. A partir de ce moment-là, tout ce qui était cannabis/chanvre a été interdit. Cela vient des Etats-Unis qui dénonçaient “les méchants mexicains”, “l’herbe du diable”, etc. Cela correspond aussi à l’émergence de l’industrie pétrochimique. Le chanvre était un adversaire redoutable face à ça car, avec le chanvre, on fait de tout : du plastique, de l’isolant, des vêtements,… C’était le grain de sable qui risquait de tout faire capoter. Je me dis, en fin de compte, qu’on arrive aujourd’hui à la fin des réserves de pétroles. Et ce qu’on voit arriver c’est la fin de la prohibition. A l’époque de Christophe Colomb les cordages, les voiles, tout était fait avec le chanvre à l’époque. Pour découvrir l’Amérique, on y allait pas à la rame. Cette plante a servi à développer l’humanité.

 

 

Source: https://www.lesinrock...route-11458840/

 

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Yop,

 

Je comprends l'état français, c'est vrai, faudrait surtout pas que les gros pharmaceutiques perdent de l'argent sur la vente de leurs médicaments, ce serait proprement scandaleux que des riches le soient moins à cause d'une drogue et comme on le sait, la drogue c'est mal !

Putain et dire que quand je conseil à mon entourage de soulager leurs douleurs (cancers à répétition dans ma famille) en vaporisant de la weed, que certaines espèces sont tout à fait apte à les soulager, je passe pour une hippie droguée jusqu'aux yeux grâce à l'état français.

 

Je suis dégoûtée encore une fois qu'ils pensent plus à leur petit confort qu'aux souhaits des malades !

Modifié par Melvira
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