Tunisie : 30 ans de prison pour un "joint", la condamnation "absurde" qui scandalise tout le pays


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Tunisie : 30 ans de prison pour un "joint", la condamnation "absurde" qui scandalise tout le pays

Les trois jeunes accusés ont été condamnés à une peine de 30 ans de prison ferme pour consommation et détention de stupéfiants dans un lieu public. Emoi et indignation dans toute la Tunisie. 

 
France Télévisions
 
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Photo d'illustration cannabis, Paris, le 18 octobre 2020. (UGO PADOVANI / HANS LUCAS)

Photo d'illustration cannabis, Paris, le 18 octobre 2020. (UGO PADOVANI / HANS LUCAS)

 

La condamnation à 30 ans de prison de trois personnes en Tunisie pour consommation de cannabis a été vivement dénoncée ces derniers jours par des organisations de défense des droits humains et sur les réseaux sociaux. Le juge d’instruction du tribunal de première instance du Kef a condamné 3 jeunes hommes à une peine de 30 ans de prison ferme pour consommation et détention de stupéfiants dans un lieu public. Le jugement, rendu le 30 janvier, "ne porte pas uniquement sur la consommation de stupéfiants, mais aussi l'usage d'un terrain de sport pour la consommation de drogue", a indiqué à l'AFP dimanche le porte-parole du tribunal, Mohamed Faouzi Daoudi.  La loi tunisienne prévoit une peine sévère pour la consommation de stupéfiants dans l'espace public, le porte-parole citant "la loi 52 et les chapitres 7 et 11". Les trois accusés, âgés de moins de 30 ans, peuvent faire appel du jugement.

"Cela n'arrive pas qu'aux autres"

Le verdict a été dénoncé par Amnesty International, la directrice du bureau régional de l'ONG, Amna Guellali, jugeant "inacceptables par principe toutes les condamnations émises concernant la consommation et la possession de stupéfiants". Il s'agit d'"un moyen de dissuasion visant les jeunes, non pas pour introduire des réformes sinon pour briser la jeunesse", a-t-elle ajouté. La Ligue tunisienne des droits de l'Homme a pour sa part dénoncé un "verdict injuste", le responsable de sa branche au Kef, Nour Khammassi, réclamant une "révision des chapitres de la loi 52".

La classe politique s'est aussi saisie de l'affaire. "Une erreur de jeunesse ne doit pas détruire leur avenir. Je m’engage avec d’autres collègues, à présenter dans les plus brefs délais un nouveau projet de loi. Nous allons œuvrer avec conviction pour la révision urgente de la  loi. Ensemble sauvons ces jeunes et rappelons-nous qu'ils ne sont pas des criminels, mais des cibles et des victimes de criminels qui eux, doivent être traduits en justice", a réagi le député et ancien ministre Hichem Ben Ahmed

"Comprenez-vous la Constitution ?"

Sur les réseaux sociaux, et sous le hashtag en arabe "#la prison-non, changez la 52", de nombreux utilisateurs se sont élevés contre le verdict et ont appelé à manifester. L'universitaire Raja Ben Slama a de son côté vivement critiqué les juges du tribunal du Kef sur sa page Facebook, pour "un verdict absurde et contraire aux droits humains, à la Constitution, aux conventions et à tout ce qui est humain". "Comment comprenez-vous la Constitution, la démocratie et les droits humains?", les interroge-t-elle.

 
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