Le cannabis lors de la grossesse et de l’accouchement : un remède naturel


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Le cannabis lors de la grossesse et de l’accouchement : un remède naturel

 

by Stefanie on December 30th 2015
 
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Inspirée par un débat animé par Ina May Gaskin, la « mère de l’authentique profession de sage-femme » qui s’est tenu il y a quelques mois ici à Amsterdam, j’ai décidé de me pencher sur la question de l’usage du cannabis lors de la grossesse et de l’accouchement. Bien que madame Gaskin n’ait pas discuté de la consommation de cannabis avec nous, elle a cependant fait quelques remarques qui ont attiré mon attention sur le sujet. Voici un aperçu de l’information que j’ai rassemblée, jetez-y un coup d’œil.

Le cannabis lors de la grossesse et de l’accouchement
Bien avant qu’il ne soit banni, le cannabis était un remède, ou un médicament, utilisé en obstétrique pour ses effets calmants et anti-nausées. Le cannabis peut faire des miracles pour les femmes enceintes souffrant d’hyperemesis gravidarum (HG). Il n’existe aucun produit pharmaceutique pour traiter cette affection, mais le cannabis peut apporter un soulagement immédiat.

 

Hyperemesis gravidarum (vomissements graves durant la grossesse)
L’hyperemesis gravidarum est un trouble grave affectant les femmes enceintes qui est caractérisé par des nausées et vomissements graves et persistants, de jour comme de nuit, et lorsque l’estomac est vide. Il peut causer une perte de poids, et s’il n’est pas traité, peut s’avérer fatal pour la mère et l’enfant. Environ 0,5 % à 2 % des femmes enceintes présentent les symptômes sérieux de l’hyperemesis gravidarum.

 

Des rapports d’études de cas de femmes enceintes décrivent à quel point le cannabis est le remède le plus efficace – et le seul – pour aider à soulager les symptômes. Il élimine les nausées et les vomissements, stimule l’appétit et aide à digérer. Quelques Etats américains autorisent l’usage de cannabis médical pour traiter l’hyperemesis gravidarum. Selon mes recherches, ce n’est cependant pas encore le cas en Europe.

Dr Wei-Ni Lin Curry a souffert de cette condition, et voici comment elle a décrit sa propre situation :
« Deux semaines suivant la conception de ma fille, j’ai commencé à souffrir de nausées et de vomissements intenses, le jour comme la nuit. … Je vomissais de la bile de toutes les couleurs, jusqu’à ce que je commence à vomir du sang. … J’étais tellement désemparée et en détresse que je me suis rendue deux fois à la clinique d’avortement, mais chaque fois, je ne pouvais me résoudre à compléter les procédures. … Finalement, j’ai décidé d’essayer le cannabis médical. … Une ou deux petites bouffées le soir, quelques fois le matin si c’était nécessaire, m’apportaient une journée de bien-être. Je me suis remise à manger, à boire, à fonctionner, j’ai cessé de vomir continuellement et d’expulser du sang par mes deux orifices, j’étais guérie. … Le cannabis a non seulement sauvé ma [vie] menacée par cet épisode d’hyperemesis, mais aussi celle de l’enfant que je portais. »

La Dre Curry a conduit une courte étude pilote sur le sujet dont les résultats peuvent être consultés ici (en anglais seulement).

Le cannabis durant l’accouchement
Traditionnellement, le cannabis et le chanvre étaient utilisés pour provoquer de manière naturelle le travail ou arrêter les saignements, pour soulager les douleurs ou encore pour stimuler le processus de lactation.

 

Ce qui fonctionne pour certaines femmes peut ne pas convenir à d’autres. Il existe des variétés de cannabis qui permettent une expansion de la conscience, alors que d’autres procurent un effet relaxant et apportent une sensation de légèreté. Lors de l’accouchement, le cannabis peut rendre certaines femmes anxieuses et même paranoïaques, alors que chez d’autres, il apporte relaxation, sens de l’humour, curiosité et ouverture. Ces effets bénéfiques sont souvent documentés, et Susun Weed, une herboriste américaine célèbre, confirme que le cannabis aide les femmes lors de l’accouchement grâce à ses effets calmants, relaxants et en stimulant la curiosité et le sens de l’humour.

 

Ina May Gaskin affirme également que le sens de l’humour et le rire sont absolument bénéfiques durant l’accouchement. On croit que le cannabis a une grande influence sur les contractions ainsi que sur les hormones, et qu’en plus, il apporte une nouvelle perspective sur la naissance et l’accouchement.

 

Durant l’accouchement, une grande part du travail est liée à l’instinct et les processus en jeu se situent au-delà de la conscience. Le cannabis peut aider la femme à avoir confiance dans l’acte même de donner naissance et ne pas tenter de tout rationaliser. Mme Gaskin fait aussi référence au fait que durant l’accouchement, la femme doit sentir le moins d’inhibition possible et qu’elle doit être encouragée à se fier à son instinct.

Indices historiques quant à l’usage du cannabis par les sages-femmes 
Les références historiques quant à l’usage thérapeutique du cannabis pour traiter une variété de troubles féminins remontent au 7e siècle av. J.-C. Dans le libre « Cannabis Treatments in Obstetrics and Gynaecology: A Historical Review », Dr Ethan Russo écrit que des parties de la plante, incluant les fleurs et les graines, étaient utilisées en Chine et en Perse pour provoquer les contractions, prévenir les fausses-couches et l’accouchement d’un mort-né et réduire les hémorragies postnatales.

 

Selon leurs traditions, les Vikings et les Allemands médiévaux utilisaient le cannabis pour soulager les douleurs de l’accouchement.

 

Au milieu du 19e siècle, les teintures de cannabis étaient un produit populaire au sein des cultures occidentales, et ont commencé à apparaître une foule de prescriptions de remèdes à base de cannabis. Par exemple, quelques gouttes diluées dans de l’eau chaude étaient suffisantes pour calmer les douleurs de l’accouchement, ainsi que pour apaiser l’hystérie et les crampes menstruelles. À cette époque, pratiquement tous les chimistes préparaient leur propre teinture.

Études sur l’usage du cannabis dans la profession de sage-femme
Avec ses collègues, la Dre Melanie Dreher a étudié durant plusieurs années les habitudes de consommation de cannabis des femmes enceintes en Jamaïque. Selon ses résultats, la plante est utilisée traditionnellement pour soulager les nausées et stimuler l’appétit. Certes, la consommation de cannabis n’est pas officiellement encouragée en Jamaïque, bien au contraire, mais en dépit de cela, les Jamaïcaines considèrent que la coutume thérapeutique de consommer du cannabis représente une aide et un remède pour elle et l’enfant qu’elles portent.

 

La Dre Dreher a quant à elle conclu au terme d’une étude de 30 ans sur la consommation de cannabis durant la grossesse qu’il n’existait aucune preuve scientifique de nocivité sur les fœtus humains.

 

Dans leur livre « Marijuana : mythes et réalités : une revue des données scientifiques », John P. Morgan et Lynn Zimmer déclarent que la « [m]arijuana n’a pas d’incidence véritable sur le poids et la taille à la naissance, la gestation… ni sur la présence d’anomalies physiques » chez les nouveau-nés. Des études effectuées en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et en Australie semblent corroborer ces résultats.

À propos d’Ina May Gaskin
Retournons à présent à cette femme qui m’a donné envie de me pencher sur les faits historiques et actuels concernant l’usage du cannabis durant la grossesse et l’accouchement.

 

Les lecteurs de notre blogue ne connaissent peut-être pas Ina May Gaskin en sa qualité de « mère de l’authentique profession de sage-femme », mais plutôt comme celle qui a cofondé The Farm, une communauté internationale de hippies promouvant les principes de non-violence et de respect de la Terre, située à Summertown, au Tennessee. D’autres la connaissent peut-être comme étant la première femme à avoir été intronisée au Panthéon de la Contre-Culture du High Times, honneur qui lui a été décerné en 2000.

 

Ina May Gaskin n’est pas une sage-femme ordinaire, loin de là ! Elle a le mérite d’avoir ravivé le débat entourant les naissances naturelles, et avec d’autres sages-femmes, elle a ouvert son propre centre de naissance sur place, à The Farm, où son livre « Spiritual Midwifery » occupe une place centrale. Elle a aussi fondé une initiative américaine appelée « The Safe Motherhood Quilt Project » pour commémorer les femmes qui sont mortes de complications durant la grossesse et l’accouchement et pour diffuser plus largement ce problème particulier.

 

Son travail a fait l’objet de films tels « Birth Story » et « The Business of Being Born ». Il est juste de dire qu’elle fait partie des sages-femmes les plus reconnues mondialement. Sa contribution à la profession de sage-femme est immense, et on lui doit, entre autres, ces deux citations qu’elle mentionne souvent : « moins, pour plus » et « la nature a meilleure raison ».

 

Il est peut-être temps pour les sages-femmes contemporaines de faire un saut dans le passé afin de mieux préparer l’avenir. Le cannabis peut jouer un rôle important dans la grossesse et l’accouchement, mais avant de le commercialiser à cette fin, il est nécessaire d’effectuer plus d’études cliniques indépendantes, et ne pas se limiter à des rapports d’études de cas et des sondages, bien qu’ils soient aussi importants. Je suis consciente du débat qui entoure ce sujet, ce n’est pas le premier, et ne sera sûrement pas le dernier.

 

En 2012, ma collègue Seshata a écrit un article sur le sujet, « Cannabis et grossesse », que je ne voudrais pas garder pour moi. Vous pouvez le lire ici.
 
Source: sensiseeds.com

 

Un sujet en discussion thérapeutique réunissant beaucoup d'articles, avis, études,... concernant le cannabis et la grossesse, pour y participer c'est par ICI :)

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