Toulouse - Chanvre et Violettes : « un nom pour dédramatiser l’usage du cannabis »

Toulouse - Chanvre et Violettes : « un nom pour dédramatiser l’usage du cannabis »
Par mrpolo ,

En juin 2012, une association nommée Chanvre et Violettes a été créée à Toulouse. Elle ne fait pas partie du mouvement des cannabis social clubs qui prônent l’auto-production, mais vise l’information autour du cannabis. Kenzi, 22 ans, étudiant en cinéma, fait partie de l’association. Entretien.

 

 

Quels sont les objectifs de votre association ?

 

Notre objectif, c’est de pallier l’absence d’information et de prévention autour de cannabis. Depuis la loi de prohibition de 1970, il n’y a pas d’information, on ne peut se baser sur aucune donnée concernant la qualité des produits ou les modes de consommation

Sur la prévention, le but c’est de réduire les risques liée à une mauvaise consommation, excessive ou à une mauvaise période de la vie.

Par exemple, nous incitons les consommateurs à utiliser des vaporisateurs. Ils permettent de chauffer le produit à la bonne température pour libérer les molécules de tétrahydrocannabinol ( THC) , autour de 180°c. Parce que les cigarettes chauffent à 600°C, ce qui élimine 60 % du THC, et puis, il y a le goudron et les produits nocifs des cigarettes.

 

Tous les membres de l’association sont-ils consommateurs ? Producteurs ?

 

Non, cinq de nos cinquante adhérents ne consomment pas. Ce sont des parents, conjoints de consommateurs qui sont là par solidarité. Ou d’anciens consommateurs qui ont arrêtés.

Personnellement, je ne suis pas producteur, mais certains membres de l’association le sont probablement.

 

Concrètement, comment agissez-vous ?

 

Tout d’abord, notre association relaie la Gazette du Chanvre à Toulouse, on la distribue. On organise aussi des événements mondiaux ou nationaux liés au cannabis à Toulouse, comme l’appel du 18 joints, ou la marche du chanvre. Mais ça reste restreint en France, les consommateurs ne manifestent pas, de peur de se faire arrêter. La marche du chanvre est un événement mondial, et en Amérique du Sud, c’est l’occasion d’organiser de gros débat. En France, c’est une question taboue, le débat n’est pas possible, il est mort-né !

Auparavant, nous tenions un stand sur la marché Saint-Aubin à Toulouse le dimanche, ce que nous allons remettre en place bientôt.

 

Qu’attendez vous politiquement ? La légalisation, la dépénalisation ?

 

Au sein de l’association, on défend surtout l’idée qu’il faut changer la législation.On ne demande ni la légalisation ni la dépénalisation, nous ne sommes pas assez nombreux pour demander vraiment quelque chose.

Il y a un problème de cohésion sociale, car un dizième de la population consomme du cannabis. Tous ces gens sont potentiellement des hors-la-loi. Depuis le changement de majorité, Cécile Dufflot et Vincent Peillon ont un peu essayé d’ouvrir les débats, mais ça n’a pas fonctionné.

Nous n’attendons pas grand-chose du gouvernement, qui a fait un virage à droite, très tôt après son élection. En revanche, les parlementaires commencent à s’emparer du sujet.

 

Depuis quelques temps, un mouvement est né, les cannabis social clubs, des associations qui prônent l’auto-production. Qu’en pensez-vous ?

 

Nous soutenons le CSF [Cannabis social club français NDLR] et le mouvement, mais l’association Chanvre et Violettes n’en fait pas partie. Leur logique, c’est d’informer sur des produits plus sains, au lieu de fumer du shit pourri coupé à la paraffine, ils font concrètement avancer le débat.

Personnellement, je suis également membre du bureau du cannabis social club français, dont la dissolution a été demandée par le parquet.

 

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Défendez-vous un usage du cannabis à titre thérapeutique ?

 

Pour moi, il n’y a pas vraiment de distinction entre usage thérapeutique et récréatif, cela n’a pas de sens. Au sein du cannabis social club, il y a un médecin qui explique que le cannabis, c’est de l’auto-thérapie. La plupart des consommateurs qui utilisent le cannabis pour soulager leurs douleurs avaient déjà fumé avant à titre récréatif.

Au départ, l’association chanvre et violette est issue d’un collectif lié au Cannabis sans frontières et Collectif d’information et de recherche cannabique. Les premières personnes à se rassembler en Midi-Pyrénées autour de cette question étaient des malades du SIDA. Aujourd’hui, une partie des adhérents de l’association souffre de maladies comme des scléroses en plaque ou des glaucomes.

 

Vous dîtes que le cannabis est tabou, comment êtes-vous perçus par les pouvoirs publics et la population ?

 

Lorsqu’on tenait un stand au marché, il nous arrivait de parler à des personnes âgées, pour lesquelles le chanvre ce n’était pas une drogue, mais le cannabis oui ! Avec le nom de l’association, nous essayons de dédramatiser les choses : le chanvre et la violette sont deux fleurs, tout ce qu’il y a de plus normal ! Il arrive que des personnes nous accusent de faire l’apologie du cannabis, mais c’est très rare. Une fois, il y a même des policiers qui sont venus nous voir pour nous dire qu’ils étaient plutôt d’accord avec notre démarche.

Avec la préfecture, ça se passe très bien aussi. On fait très attention à ne pas brusquer les gens, nous sommes déjà assez mal perçus dans la société pour ne pas aggraver notre cas !

 

Sur les marchés, des gens ont-ils essayé de vous acheter du cannabis ?

 

Cela arrive, mais nous leur répondons plutôt d’adhérer à l’association, peut-être que dans quelques temps, grâce à ce mouvement, ils pourront aller acheter leur cannabis dans les pharmacies !

 

Personnellement, consommez-vous du cannabis tous les jours ? Est-ce à usage thérapeutique ?

 

Oui je fume tous les jours, du moins quand j’ai suffisamment d’argent pour cela. D’ailleurs quand je dois arrêter, je constate la faible dépendance qu’entraîne sur moi le cannabis. J’ai commencé à consommer il y a 5 ans, seulement pendant les soirées.

Ensuite, j’ai pris des antidépresseurs, et j’ai voulu me sevrer, alors ma consommation de cannabis est devenue plus régulière. Aujourd’hui, pour moi, c’est un double usage, thérapeutique et récréatif à la fois : comme antidépresseur, mais aussi pour rire, pour m’éclater.

 

Source: carredinfo.fr

 

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