On légalise l’été prochain, et il reste énormément de choses à déterminer.
Crédit photo : Matt Joycey / Vice
La première mouture du projet de loi fédéral sur la légalisation du pot a été présentée en avril, celle du Québec doit être présentée cet automne, et on demeure présentement en plein brouillard sur des questions importantes.
Parmi elles, il y a la question des produits dérivés, qui a été complètement écartée par le gouvernement Trudeau.
Il n'y a que cinq produits qui seront permis lorsque la loi entrera en vigueur : le cannabis frais et séché, l'huile de cannabis, la plante et la graine. Pour les produits comestibles et le haschisch, ça pourrait venir plus tard, a indiqué par courriel l'Agence de santé publique du Canada (ASPC) sans préciser de moment. Il pourrait être question de quelques mois après l'adoption du projet de loi, selon La Presse.
Une ouverture pour les criminels
Le gouvernement veut se laisser le temps de bien faire les choses en légalisant d'abord le weed, ensuite les dérivés.
« Je pense que ça démontre une approche qui est prudente par rapport aux produits comestibles », assure Joël Lightbound, le secrétaire parlementaire de la ministre fédérale de la Santé, en entrevue avec La Presse.
Or, les gouvernements provincial et fédéral martèlent depuis le début de l'opération que la légalisation du cannabis sera l'occasion d'enrayer le marché noir.
En ne légalisant pas rapidement les comestibles et dérivés comme le haschisch, on laisse la place au monde criminel, croit Jose Dominguez, maître cultivateur au sein de la compagnie de production de cannabis médical Canveda. Il presse le gouvernement de régler le dossier le plus rapidement possible.
« C'est déjà un énorme marché, observe-t-il. Je comprends que c'est une question d'évolution, la légalisation. On ne peut pas mettre tout parfait à partir du jour un, mais c'est définitivement quelque chose qui doit être mis de l'avant assez rapidement pour être capable de prendre le marché au marché noir. »
Permis pour la consommation personnelle
Le gouvernement n'a pas été particulièrement explicite à ce sujet, mais il semble que les produits comestibles et le haschisch seront permis au moment de l'adoption du projet de loi, à condition que le consommateur fasse preuve de débrouillardise.
Dans le projet de loi, sous la section « altération permise », il est indiqué que « tout individu peut altérer les propriétés chimiques ou physiques du cannabis », pourvu qu'il n'emploie pas de solvant.
Ça interdit d'emblée les jujubes, la wax, le shatter et les autres produits du genre. Mais ça permet de se faire ses propres brownies au pot avec de l'huile de cannabis, par exemple.
Ça permet aussi de transformer son cannabis en haschisch, ce qui peut se faire aisément sans solvant pour certains types. Des techniques de séparation mécanique avec de l'eau et de la glace, des filtres en tissus, ou même de la bonne vieille huile de coude peuvent être employés.
Questionnée à ce sujet par VICE, l'ASPC a d'abord indiqué que le haschisch ne serait « pas permis lorsque le projet de loi sur le cannabis entrera en vigueur ».
Après insistance de notre part, le service des relations avec les médias de l'Agence nous a demandé de nous référer à une section de questions-réponses sur le site du gouvernement, où l'on réitère que la modification personnelle sans solvant est permise.
La question se pose alors : permettre la consommation d'un produit, sans le vendre, n'est-ce pas ouvrir la porte encore plus grand au marché noir, qui saurait tirer profit de ses clients n'ayant pas la motivation de bricoler ses dérivés?
Avec les informations d'Émilie Larivée-Tourangeau.
Source: vice.com/fr_ca