L'évasion de Bernard Rappaz au Népal

L'évasion de Bernard Rappaz au Népal
Par Indi-Punky ,

Reconversion, le chanvrier valaisan Bernard Rappaz veut planter du seigle et du quinoa dans les villages les plus hauts du monde.

 

Depuis sa sortie de prison l’année dernière, le chanvrier valaisan Bernard Rappaz s’est fait discret. Après trois ans passés au pénitencier de Crêtelongue près de Sion, sa vie d’homme libre a repris son cours.

 

Condamné à une peine de 5 ans et 8 mois pour son commerce de chanvre dans les années 2000, il demeure toutefois en liberté conditionnelle: «Tous les mois, je dois rencontrer quelqu’un de l’administration pénitentiaire, précise-t-il. J’aurai totalement fini de purger ma peine au mois de mai 2016.»

 

Aide aux paysans de montagne

 

Ces premiers mois de liberté n’ont pas été simples pour lui. Ayant perdu sa ferme à Saxon (VS), sans réelles ressources autres que des aides ponctuelles, il s’est installé dans le village d’Isérables à 1000 mètres d’altitude. Là, il a peaufiné un projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps: monter une association pour venir en aide aux paysans de montagne du Népal, pays qu’il a visité à cinq reprises entre 1994 et 2008. Il a obtenu le parrainage de l’animateur Jean-Marc Richard et de l’écologiste genevois Philippe Roch. «En liberté conditionnelle, explique-t-il, on a le droit de voyager à l’étranger, alors j’ai préparé un voyage au Népal avec un budget de 4000 francs.»

 

Le 25 avril, le tremblement de terre qui frappe le centre du pays ne le fait pas reculer. Le 8 mai, il atterrit à Katmandou et s’adjoint les services d’un interprète, Chhiring Tamang. Mais le 12 mai, une violente réplique frappe à nouveau le pays: «Je suis allé alors avec lui dans le district de Dolakha, très sinistré, où l’on trouve beaucoup d’aide suisse.»

 

Mais le chanvrier valaisan s’intéresse à un autre endroit, au nord-ouest de la chaîne de l’Himalaya, le district de Dolpa, où vivent quelques milliers d’agriculteurs et d’éleveurs. Il s’agit de tribus souvent nomades de culture tibétaine qui peuplent les villages parmi les plus hauts du monde à plus de 3500 mètres d’altitude.

 

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«Une sacrée marche»

Le voilà donc parti pour un circuit de quinze jours afin de distribuer dans ces «régions pauvres et oubliées par les Occidentaux» des graines de seigle et de quinoa dans le but de diversifier une culture essentiellement basée sur l’orge. «C’est un véritable exercice sportif et une sacrée marche pour nous qui ne sommes pas habitués à l’altitude, explique-t-il. On est monté un peu chaque jour, ce qui fait que le corps s’adapte. Ceux qui se sentent mal sont ceux qui montent trop vite en brûlant les étapes.»

 

De fil en aiguille, Chhiring Tamang, lui et un porteur de la région traversent les villages qui montent jusqu’à plus de 5000 mètres par le col de Numala (5309 m) et celui de Bagala (5109 m). «Tout en jeûnant six jours durant cette ascension», précise-t-il. Six jours qui ne sont rien à côté des 117 jours de sa grève de la faim très médiatique de 2010. En passant, il distribue semences et graines dans les villages: «Faut-il y voir un symbole, ce sont toujours les femmes qui m’ont accueilli…»

 

De retour en Suisse, Bernard Rappaz entend continuer sa mission: «Il y a 75 districts au Népal et seuls cinq d’entre eux ont été durement touchés par les séismes. Hélas les touristes boudent l’ensemble du pays depuis. Il faut continuer sur la voie d’un développement durable, apporter des améliorations tout en respectant leur culture ancestrale.»

 

Lundi 19 octobre, il présentera son association lors d’une «Soirée Népal» à l’Aula François-Xavier Bagnoud à Sion, dès 19 heures.

 

 

Source: lematin.ch


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