Pétarades autour du cannabis: Qu’en pense la police ?

Pétarades autour du cannabis: Qu’en pense la police ?
Par mrpolo ,

En 2010, c’est plus de 120 000 personnes qui ont été interpellées pour usage de cannabis. Soit environ une garde à vue sur quatre (hors infractions routières). On peut donc dire que le quart de l’action des services de police et de gendarmerie est consacré aux fumeurs de pétards. Et ces chiffres ne tiennent pas compte des revendeurs et des trafiquants, ni des autres drogues. Dont les drogues de synthèse, autrement plus dangereuses que le cannabis, et devant lesquelles on semble bien démunis.

 

L’activité judiciaire d’un commissariat de la banlieue parisienne est consacrée à plus de 40 % à la lutte contre l’usage et le trafic de drogue. Et je suppose que dans les tribunaux, les parquetiers croulent sous les dossiers stups. Pourtant, la consommation et le trafic continuent de progresser. Alors, ce travail est-il utile ? Hier, on pouvait dire qu’il servait à meubler les statistiques, mais depuis que M. Valls nous a affirmé que la politique du chiffre est derrière nous, on peut s’interroger. J’ai donc posé la question à droite à gauche, dans les commissariats, et la réponse quasi unanime repose sur la connaissance de « la » population. En résumé, la loi qui pénalise l’usage des stupéfiants (un an de prison et 3.750€ d’amende, jusqu’à cinq ans de prison pour certaines professions, comme les policiers) permet d’arrêter et de ficher un maximum de gens, et notamment des jeunes. « C’est le vivier de la délinquance de demain » m’a dit un commissaire. Cela peut paraître cynique, mais c’est le principe même d’un fichier : plus il contient de noms (auteurs, suspects, victimes, plaignants…), plus il est efficace.

 

Mais il y aussi une raison non avouée. En fait, de nombreuses enquêtes sur le trafic partent du consommateur. C’est le plus facile à détecter. Or, grâce à cette législation très dure, il est possible de faire pression sur lui, voire de négocier. Il ne paraît pas amoral à un enquêteur de fermer les yeux sur le délit que commet un fumeur de joints pour se donner une chance de faire tomber son fournisseur – même si légalement la question se pose. D’ailleurs, c’est probablement cette démarche, conduite à l’extrême, qui a mené un grand flic comme Michel Neyret, a franchir la bande blanche.

 

Cela fait donc deux bonnes raisons pour que les policiers soient globalement contre la dépénalisation du cannabis. Cela leur enlèverait des moyens d'enquête. Comme ils souhaitent, d'ailleurs, que la simple consommation reste un délit. Alors que l’on pourrait se contenter d’une amende, une infraction au carnet à souches, comme l'a suggéré M. Rebsamen, avant de se faire reprendre par le patron. Mais dans ce cas, pas de garde à vue, pas de perquisition, pas de fichage… Mais en revanche du temps et des moyens dégagés pour s'attaquer aux trafiquants ou à d'autres formes de délinquance.

 

L'État et la Sécu ont budgété en 2012, 1.5 milliard d’euros pour lutter contre la drogue, mais personne n’a osé faire les vrais totaux : police, justice, prison, mesures de soins ou de surveillance médicale, etc. À quelle somme arriverait-on ? À mettre en balance avec les 22 et quelques millions d’euros récupérés par la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) en 2011, sur la revente des cessions des biens confisqués lors des procédures pénales.

 

À une époque où l’on compte le moindre sou, tout cela est-il bien raisonnable ? Avec le résultat que l’on connaît : des jeunes de plus en plus accros et qui se marginalisent en se mettant hors la loi. La société française est tellement recroquevillée sur ce sujet qu’elle s’interdit même de prendre en considération le potentiel thérapeutique du cannabis, alors que les opiacés sont couramment utilisés pour lutter contre la douleur. D’où vient cet autisme qui nous incite à persévérer dans une voie qui de toute évidence mène à un cul-de-sac ?

 

Jean Cocteau disait qu’au lieu de l’interdire, il faudrait rendre l’opium inoffensif. Se faire du bien sans se faire mal (mais ce n'est pas dans notre culture). Le cannabis n’est sans doute pas inoffensif, loin s'en faut, mais c’est une drogue sans mystère. Et chacun a sa propre opinion. Et un ensemble d’opinions, ça fait un électorat. D'où cette polémique à la veille des élections, puis, dans quelques jours, le soufflé va retomber. Pourtant, M. Vaillant a raison, cela mérite un vrai débat - objectif. Car il n'y a pas de dogme dans ce domaine, et il est temps d'arrêter le gâchis.

 

Par Georges Moréas, Commissaire principal honoraire de la Police Nationale

 

Source: blogs le Monde

 

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C’est le vivier de la délinquance de demain ...

 

Monsieur le commissaire j'ai un doctorat, je suis un cadre supérieur et je fume du cannabis....... Mise à part ce crime horrible je suis un bon citoyen.

Décidement la police aime se donner elle-même mauvaise image !

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ce n'est pas lui qui l'a dit mais un autre commissaire qui a certainement moins compris de choses que lui ...

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« C’est le vivier de la délinquance de demain »

 

je pense que ce commissaire parle pour une cité, ou un quartier chaud, le problème c'est que ce qui est vrai pour ces quartiers ne l'est pas pour l'ensemble du territoire français ! et que cette politique pénalise l'ensemble des consommateurs qui pour leur majorité ne font rien de mal a part fumer leurs pétards !

 

de nombreuses enquêtes sur le trafic partent du consommateur

 

d'accord mais le truc si on légalise le cannabis (je dis bien légaliser avec production contrôlée etc...) les consommateurs dans l'ensemble iront se fournir dans les établissements labellisés ou fumeront leur propre production donc déjà c'est un faux argument, c'est juste qu'aujourd'hui l'interdiction du cannabis et des drogues en général donne du taff a des milliers de policiers (et pas que, notamment au USA ou l’accompagnement des "drogués" est devenu un vrai bizness) qui sont surement trop limité pour faire autre chose que de la simple répression envers les consommateurs (il me semble que l'élite de la police, la PJ c'est pas plus de 3000 fonctionnaires sur le territoire et ils ont autre chose a faire que de s'occuper de simple consommateurs...)

 

L'État et la Sécu ont budgété en 2012, 1.5 milliard d’euros pour lutter contre la drogue, mais personne n’a osé faire les vrais totaux : police, justice, prison, mesures de soins ou de surveillance médicale, etc

 

la guerre contre la drogue cout la peau du cul et c'est pas nouveau, imaginez ce que les différents gouvernements du monde auraient pu faire avec l'argent gaspillé depuis plus de 60ans... des centaines de milliards de dollars !

 

aujourd'hui dans notre situation, je trouve scandaleux et pitoyable le fait que les intérêts électoraux et la "moral" prévalent sur le bon sens et le pragmatisme...!

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Et voilà comment un état aux pouvoirs séparés invoque son appareil exécutif et lui permet de déblatérer au sujet d'une bonne ou mauvaise loi, d'une bonne ou mauvaise interdiction, soutenu par des faits et des chiffres bidons...

 

Y'a pas comme un glissement sémantique affolant?

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Invité Smokesomeweeed

Posté(e)

C'est des fils de pute

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