Cannabis : Une seule solution, la légalisation ?


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C’est la question qui chaque année revient sur le devant de la scène. En mai dernier, la Global Marijuana March avait rassemblé des centaines de personnes à Paris. Ils étaient même 150.000 à Buenos Aires. Entre partisans de la « dépénalisation » et détracteurs de la légalisation, impossible de passer à côté du débat sur le cannabis.

 

 

 

Si l’on sait pourquoi beaucoup s’opposent à sa légalisation (considérations morales, crainte d’une augmentation de la consommation…), les arguments en faveur d’une telle mesure méritent aussi d’être entendus. Retour sur les justifications d’une légalisation contrôlée.

 

L’argent

 

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Photo : Daniel Roland/AFP

 

Parlons peu mais parlons bien : l’argent a toujours été le nerf de la guerre. Or, les politiques prohibitives menées par les gouvernements successifs sont coûteuses et inefficaces. L’Etat dépense ainsi 560 millions d’euros chaque année pour organiser une répression infructueuse. Infructueuse parce que, malgré ces dépenses, 1,2 millions de français sont des consommateurs réguliers. La France est même le troisième plus gros consommateur d’Europe, après la République Tchèque et l’Espagne.

 

Cessons donc de jouer à l’autruche et prenons le taureau par les cornes ! D’ailleurs, la légalisation contrôlée pourrait être très profitable financièrement : une étude menée par le groupe de réflexion Terra Nova montre que l’organisation de la vente de cannabis rapporterait plus de 2 milliards d’euros par an. C’est l’équivalent de l’ensemble des salaires  annuels versé aux agents de police. C’est aussi 1/9 du PIB du Honduras. Bref, c’est une somme non négligeable qui pourrait être réinvestie, dans l’éducation, la prévention, les soins… La question de la légalisation du cannabis ne porte donc pas uniquement sur des considérations sociales, mais aussi sur des éléments économiques ; éléments qui, surtout par temps de vaches maigres, sont à examiner avec le plus grand sérieux.

 

Le contrôle de l’Etat

 

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Une vendeuse prépare la commande d’un client à Lakewood, Colorado Crédits photo : Matthew Staver/ The Washington Post

 

N’en déplaisent aux opposants de la légalisation, la « théorie de l’escalade des drogues » est infondée. Démentie par une étude statistique américaine dès 1944 (oui oui, il y a soixante-dix ans), celle-ci suppose que les consommateurs de cannabis d’aujourd’hui sont les héroïnomanes de demain. Or, il a été prouvé que cette allégation est entièrement fausse. La légalisation du cannabis n’est donc pas une porte ouverte à celle des drogues dites « dures » (cocaïne, héroïne…), et il est peu probable qu’elle augmente la consommation de ces drogues. Légaliser le cannabis ne revient donc pas à faire un pas vers l’anarchie. D’ailleurs, les projets de lois sur le cannabis envisagent tous un contrôle aigu de la légalisation, qui s’articule autour de deux grandes idées.

 

D’abord, une dépénalisation de la consommation de cannabis, n’ayant pas pour but d’en faire l’apologie mais plutôt de mettre fin aux politiques prohibitionnistes des gouvernements successifs. Le cannabis ne serait plus ni stigmatisé ni stigmatisant. Car, contrairement aux fumeurs de tabac, qui ont accès à des numéros gratuits et à des groupes de soutien pour arrêter de fumer, beaucoup de consommateurs de weed, surtout les jeunes, ont peur de demander de l’aide après avoir avoir consommé une substance illicite. Ils doivent donc gérer seuls leur dépendance, et tenter d’arrêter par leur propre moyen, démarche pour le moins difficile. Les psychologues spécialistes dans le traitement des dépendances évoquent même l’existence d’une société « addictogène », qui pousse les consommateurs de cannabis à le rester en les empêchant d’avoir accès à l’aide qu’ils réclament.

 

Ensuite, l’objectif serait de créer un monopole d’Etat apparenté à celui du tabac. Il organiserait la vente au détail du cannabis, via des débitants autorisés et assujettis à une réglementation, en déterminant la quantité maximum commercialisable, les conditions de production, de vente ou de circulation. Une partie de l’argent récolté pourrait servir à améliorer le système de prévention et de soins. Car les effets néfastes de cette drogue sur la santé ont déjà été prouvés : risques accrue de troubles schizophréniques, maladies artérielles, cancers… La légalisation pourrait permettre d’amorcer un dialogue et de rendre la prévention plus efficace, un peu comme pour le tabac.

Il n’est donc pas question de promouvoir la consommation de psychotropes, ni de la rendre acceptable. Une régulation, au contraire, pourrait permettre de prendre en main un problème qui existe depuis des années mais qui a longtemps été mis de côté.

 

La lutte contre le crime organisé

 

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Saisie de 1,5 tonne de cannabis par la police judiciaire de Lyon en 2011. Crédit Photo : Philippe Desmazes/AFP

 

L’histoire a déjà montré que les politiques prohibitives n’ont jamais empêché personne de consommer : la loi de 1919 interdisant l’alcool aux Etats-Unis avait seulement favorisé la naissance de débits de boisson clandestins, la corruption, le marché noir… En outre, l’interdiction d’un produit n’a pas pour effet de réduire la demande. Cette demande, lorsqu’elle est illégale, est alors prise en charge par d’autres. L’interdiction du cannabis entraîne donc une augmentation des prix et favorise les affrontements armés entre réseaux criminels.

 

A Marseille, depuis le début de l’année, la police a retrouvé onze cadavres suite à des affrontements inter-gang. Mais qu’a-t-on à faire de quelques victimes quand le trafic de cannabis rapporte 1 milliard d’euro à l’échelle nationale ? La légalisation pourrait permettre l’instauration d’un vrai contrôle, ce qui éviterait peut-être que certains tombent très jeune dans la délinquance.

 

A défaut d’être unanimement reconnus, les arguments en faveur de la légalisation sont au moins recevables. Alors que l’État américain de l’Oregon vient d’autoriser la consommation récréative de cannabis, où en est la France ? Si un projet de loi a été déposé en début d’année, la légalisation ne semble pas pour autant à l’ordre du jour. Toujours est-il que le cannabis n’est plus un problème de seconde main, et qu’il faudra tôt ou tard s’attacher à le régler.

 

Source: lescandaleuxmag.fr

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salut,

 

Un jour ou l'autre on y viendra !! et je pense que quand les choses commenceront à bouger, ça ira trés vite.

La première loi en faveur de la dépénalisation passera surement au "forcing"

 

Mais bon, je m'appuie sur aucune sources, c'est mon sentiment.

 

bye

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Il y a pas mal d'avantages à une régulation du marché, ça serait bien pour une production individuelle comme pour le tabac, autorisée comme plante d'intérieur, au niveau lois, un truc comme la cannabis une espèce "envahissante" (mais pas "nuisible" :)), pour un parti pris, ça pourrait aller de paire avec un programme du bord des verts (franchement, pourquoi ne pas y avoir pensé ? Y'a un film la dessus "the Border Green Line" :roulage: "La ligne verte" :mdr:).

 

:jesors:

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