États-Unis. Le marché du cannabis atteindra les 22 milliards en 2020

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Les états américains et les entrepreneurs exploitent à fond la légalisation du cannabis. Un marché naissant qui devrait flirter avec les 22 milliards en 2020 aux États-Unis.

Un homme dans un magasin à Portland dans l'Oregon. | AFP

 

 

Fin 2015, 23 états américains et la capitale Washington DC avaient autorisé la consommation légale de cannabis médical et/ou récréatif (lire en encadré). Et 2016 devrait marquer un tournant pour ce marché naissant, puisque onze états devraient se prononcer sur le sujet, dont sept pour un usage récréatif. Bilan : le secteur devrait atteindre, selon les experts réunis cette semaine à Washington, près de 22 milliards de dollars en 2020.

Plantations industrielles, produits alimentaires, matériel pour cultiver à domicile ou pour consommer, formation pour lancer son entreprise ou pour apprendre le b.a.-ba de la culture chez soi : le marché du cannabis légal est en train de germer aux États-Unis. « Il va être très, très compétitif dans les cinq prochaines années », a même lâché John Kagia, directeur de la société New Frontier, société de conseils financiers spécialisée dans l'industrie du cannabis.
 

Pour preuve, depuis le feu vert de 2012 des pionniers récréatifs de l'Ouest (Colorado et Washington), les ventes progressent de 30 % par an en moyenne, selon une étude de New Frontier. Elles atteignaient 4,6 milliards en 2014, et devraient bondir à 21,8 milliards en 2020. Une explosion due surtout à la dépénalisation croissante de la consommation récréative : le cannabis médical représentait 92 % du chiffre d'affaires en 2014. Reste que selon les prévisions, sa part devrait reculer à 47 % dans quatre ans.

 

Un milliard de chiffre d'affaires en 2014, dans le Colorado

 

Et si les entrepreneurs en herbe sont nombreux à vouloir tenter leur chance, les états s'y retrouvent également. Ainsi, les caisses du Colorado ont engrangé 135 millions de dollars en impôts et licences pour près d'un milliard de dollars de chiffre d'affaires l'an dernier (700 millions en 2014), selon le Denver Post. L'état de Washington a récupéré la première année 70 millions, pour des ventes de 257 millions grevées par une pénurie.

 

 

À mesure que l'Amérique succombe au cannabis légal, la concurrence s'accroît et les règlementations et taxations différentes créent parfois des tensions entre états voisins. Selon la Commission de contrôle de l'alcool de l'Oregon (OLCC), également chargée de superviser la marijuana récréative, cet état prélève au producteur 35 dollars par once (28 grammes) quand l'état de Washington prend 25 % à chaque point de vente (gros et détail) et que le Colorado récupère une contribution de 15 % sur le gros en plus de la taxe locale sur la valeur ajoutée.
 

 

La « cannaculture » est la culture la plus gourmande en électricité. Restera alors à régler les problèmes de ses transactions en liquide faute de services bancaires, de cette possible intervention du Congrès, ou de guerre des prix qui ne pourra s'empêche de pointer un jour le bout de son nez. En effet, une livre de cannabis coûte au gros 700 dollars en Californie quand on en demande 1 800 au Colorado.

Pour info, la « cannaculture » est avide d'eau et surtout d'électricité pour maintenir chaleur et humidité optimales. Selon New Frontier, il s'agit même de la culture la plus gourmande en électricité aux États-Unis, consommant 1 % de la production (équivalent de 1,7 million de foyers) pour un coût annuel de 6 milliards. L'électricité pèse jusqu'à 50 % du prix de gros.

 

 

Début 2016, 86% des Américains vivaient dans un état autorisant la consommation de cannabis. Si la détention, la vente et la consommation de marijuana reste illégale au niveau fédéral, elle est autorisée à des fins récréatives dans quatre États (Colorado, Washington, Alaska, Oregon) et la capitale fédérale Washington DC. Chaque adulte peut y posséder jusqu'à 56 grammes. Le Congrès a empêché la municipalité de réguler ce marché. De fait, il est toujours interdit de vendre et d'acheter du cannabis à Washington DC.

 

Source: ouest-france.fr