Comment la pop culture a adopté l’esthétique de la weed


Messages recommandés

Il y a encore peu de temps un “stoner” (un consommateur de cannabis) était associé à un loser mangeant compulsivement des céréales avec pour seule compagnie ses cheveux sales et ses chaussettes trouées. Mais la pop culture a su changer la donne et dédramatiser cette pratique qui devient petit à petit légale, et lucrative. Citée, vénérée, adoubée, ou marketée, la weed est désormais partout. Le monde est stone.

 

 
rihanna-tt-width-604-height-403-lazyload
Rihanna-Photo Instagram

 

 

L’évolution du statut du cannabis au sein de la pop culture

 

Le cannabis a fait son incursion dans la pop culture pendant l’âge d’or du jazz dans les années 20 à New York. L’herbe transitait par les musiciens de la Nouvelle Orléans et du Nouveau Mexique avant d’arriver au Savoy Ballroom de Harlem, l’épicentre de la discipline où se sont produits les plus grands jazzmen, et où l’on pouvait régulièrement sentir les effluves d’herbe parfumer la salle de concert.

 

 

Ella Fitzgerald a quant à elle chanté une ode à la fumette à peine déguisée, When I get low I get high.

 


” L’une des raisons pour lesquelles on aimait tellement l’herbe était parce qu’elle nous tenait chaud, surtout lorsque quelqu’un s’allumait un énorme joint ” a raconté Louis Armstrong à Max Jones et John Chilton dans sa biographie Louis: The Louis Armstrong Story, 1900-1971.

 

 

Au moment de la grande dépression de 1929, la fête est finie : après s’être attaqué à l’alcool, les autorités décident de diaboliser la marijuana. En 1936 l’église commandite le film Reefer Madness qui met en scène des fumeurs de cannabis comme de dangereux criminels. Le film qui associe mensonges et propagande ridicule devient par la suite culte auprès de la jeunesse alternative des Etats-unis dans les années 70.

 

Il faudra attendre les années 50 pour que le cannabis redevienne à la fois “cool” et dégénéré. Les poètes de la “beat generation” n’ont en effet pas caché leur adoration pour cette drogue et que ce soit dans les pages d’ On The Road de Kerouac ou d’ Howl d’Allen Ginsberg, les trips initiés par la weed sont nombreux.

 

Un peu plus tard, le mouvement hippie, en parallèle au succès de Bob Marley, imprimera dans l’imaginaire collectif l’image du stoner pacifiste et barbu soit l’incarnation précoce du hipster, les préoccupations matérielles en moins.

 

Aujourd’hui : de Rihanna à Broad City, le monde est stone

 

L’arrivée au pouvoir de Reagan dans les années 80 a mis à mal l’acceptation du cannabis par le mainstream, qui a alors dû retourner se cacher dans le placard pour cause de mauvaise réputation.

 

Ce n’est que dans les années 90 que certaines voix de la pop culture ont recommencé à demander sa légalisation et prôner son usage de manière plus ou moins explicite. L’album The Chronic de Dr Dre sorti en 1992 ( ainsi que The Chronic 2001) ont sans doute été les meilleurs ambassadeur de la weed auprès de la jeunesse qu’on n’ait jamais connu.

 

 

Aujourd’hui, beaucoup de stars de la pop n’hésitent plus à vénérer publiquement leur amour de la weed dont la consommation est devenue aussi glamour que banale. Rihanna aime régulièrement poster des photos de ses blunts sur instagram et parader avec des T-shirts à l’effigie de la feuille de cannabis. Peu encline à réfréner ses passions, la princesse de la Barbade a même plusieurs ode à la weed  au sein de son repertoire dont  Get It Over With sur l’album Unapologetic et James Joint sur le tout dernier ANTI.

 

 

Lana Del Rey, la diva 2.0 défoncée par excellence, chante elle aussi sa passion de l’herbe. Sur Born to Die elle ordonne à son amant de continuer à la faire rire et de se défoncer : “Keep making me laugh/Let’s go get high.” En 2015 elle remet le couvert avec le single High by the beach.

Le monde de la television n’est pas non plus en reste.

 

 

 

Dès 2005 la série Weeds a bâti sa trame narrative sur le fait qu’une mère de famille “bien sous tous rapports ” (jouée par Mary-Louise Parker) vende du cannabis pour arrondir ses fins de mois. Neuf ans plus tard est apparue Broad City, la série de Comedy Central qui met en scène deux jeunes trentenaires ( Abbi Jacobson et Ilana Glazer) qui aiment régulièrement s’allumer des joints. Ultra moderne et drôle, la série achève de démontrer que la fumette est un hobby pratiqué par monsieur tout le monde, sans drame ni revendication.

 

Anecdote qui a sa part d’importance : la série est co-produite par la géniale Amy Poehler qui a déjà participé et été juge au “High Times Cannabis Cup”

.

La légalisation, une aide à l’acceptation

 

Peu à peu l’image de la weed s’est radoucie, tant et si bien que l’usage médical de la marijuana a été voté en 1996 en Californie. La proposition 215 était ainsi la première pierre d’une entreprise visant à légaliser la marijuana dans tous les Etats-Unis. A ce jour quatre états l’ont légalisé : le Colorado, l’Oregon, l’État de Washington et l’Alaska. Ainsi que la capitale fédérale Washington DC.

 

En 2012 Allen St. Pierre, le directeur de la National Organization for the Reform of Marijuana Laws qui soutient la légalisation du cannabis, confiait déjà au New York Times que le soutien ouvert et franc de ces popstars a directement influencé la population et aidé à la légalisation du cannabis dans ces états.

 

Autrefois subversif, le cannabis est désormais lucratif : le Colorado, qui l’a légalisé au 1er janvier 2014 a encaissé 125 millions de dollars en 2015. Selon Les Echos l’industrie légale du cannabis aux Etats-Unis est le nouveau secteur sur lequel il faut être. Les start ups du cannabis ont levé en 2015 près de 200 millions de dollars d’investissements pour un marché qui devrait représenter 22 milliards de dollars en 2020. De quoi définitivement faire tourner les têtes.

 

 


Ce message a été promu en article
  • Like 3
Lien à poster
Partager sur d’autres sites