Suisse - La vente régulée de cannabis attise les convoitises de paysans


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Des agriculteurs souhaitent cultiver le chanvre indien qui sera distribué dans le cadre de projets pilotes.

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Le chanvre est aussi cultivé pour de nombreux produits dérivés, comme le papier, les fibres vestimentaires, des isolants, etc. Ici, en Valais, au-dessus de Martigny, en 2003. Image: Keystone


Alors que des villes suisses sont en train de mettre en place des projets pilotes de régulation du marché du cannabis, des convoitises s’aiguisent dans le secteur agricole. Qui va produire l’herbe qui pourrait être distribuée à Genève, à Berne, à Bâle-Ville et à Zurich? Une douzaine d’agriculteurs ont exprimé leur intérêt au Département des questions sociales bernois, rapportait dimanche la Schweiz am Sonntag. «Il y a un véritable potentiel, plaide Andreas Wyss, directeur de la Société des paysans bernois. Cultiver du cannabis est facile et peu gourmand en surface. Et il existe déjà une expertise dans la culture de chanvre, pour la fabrication de cordes par exemple.»

 

Les agriculteurs intéressés devront toutefois patienter: les autorités bernoises prévoient de s’approvisionner auprès d’entreprises actives dans l’importation de cannabis utilisé à des fins médicales. «C’est trop compliqué de tester la production agricole indigène dans le cadre d’un projet pilote, explique Franziska Teuscher, directrice de l’Education, des Affaires sociales et du Sport de la Ville de Berne. Les règles à respecter sont très contraignantes. Mais, si un jour il y a une légalisation au niveau national, c’est une bonne idée.» La culture et la transformation de cannabis requièrent une autorisation exceptionnelle de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

 

Recours à des entreprises

 

Zurich, Genève et Bâle-Ville n’ont pas encore arrêté leur choix sur la provenance de l’herbe. Mais les villes pencheraient plutôt pour s’approvisionner auprès de sociétés installées à Saint-Gall ou à Bâle qui produisent déjà sous serre du cannabis à très faible teneur en THC et ce à des fins médicales. «A court terme, ce n’est pas idéal de faire appel à des agriculteurs, estime Sandro Cattacin, membre genevois du groupe de réflexion intervilles. La substance qui sera vendue nécessite des qualités que les paysans suisses n’ont pas.» Le sociologue tempère de plus les attentes. «Les projets pilotes s’adresseront à un cercle restreint d’utilisateurs, la demande sera peu élevée.»

 

Selon l’Union suisse des paysans (USP), 20 hectares sont aujourd’hui affectés à la culture de chanvre agricole pour la fabrication de thé ou de bière, entre autres. «C’est un tout petit marché», dit la porte-parole, Sandra Helfenstein. L’USP souhaite-t-elle qu’il s’étende grâce aux projets pilotes? «Nous n’allons pas pousser pour une production indigène. Mais, si du cannabis peut être vendu légalement, il est certain que des agriculteurs sont prêts à couvrir la demande.» L’idée n’enthousiasme pas le con­seiller national et directeur de l’USP, Jacques Bourgeois (PLR/FR). «A titre personnel, je suis opposé à la libéralisation. Ce n’est pas rendre service à la société. Pour nous, le mieux est de nous concentrer sur ce que nous savons faire, soit les denrées alimentaires. Mais voyons comment les projets pilotes se développent.»

 

La qualité en question

 

Produire de l’herbe indigène? Le cultivateur fribourgeois de chanvre agricole Jean-Pierre Egger affirme ne pas s’y intéresser du tout. «Il ne fait pas assez chaud en Suisse. Et je ne voudrais pas fumer du cannabis cultivé en indoor.» Selon lui, il serait possible de produire du cannabis moyennement fort, en plantant en pleine terre et en région bien ensoleillée des plantons de chanvre indien grandis en serre. «Le grand désavantage est que ces plantons sont tous issus de la même plante mère, ou de deux ou trois, ce qui est un appauvrissement colossal de la force naturelle qui est dans le chanvre indien.»

 

Source: tdg.ch

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