Aux Etats-Unis, les caisses d'épargne volent au secours de la marijuana


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L'argent n'a pas d'odeur mais certaines dans l'Oregon exigent que les coupures déposées ne sentent pas le cannabis

Flairant la bonne affaire, des caisses d'épargne aux Etats-Unis volent au secours de l'industrie lucrative du cannabis en proposant des services bancaires chèrement facturés malgré les avertissements des autorités.

 

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C'est dans le nord-ouest, région progressiste où les deux usages de la marijuana --médical et récréatif-- sont autorisés, que ces établissements s'activent le plus pour organiser un secteur estimé à plus d'une vingtaine de milliards de dollars à l'horizon 2020.

La grande majorité des transactions commerciales (salaires, commandes, impôts) sont toutefois acquittées en liquide car la détention, l'achat et la vente de cannabis restent illégaux au niveau fédéral, incitant le secteur bancaire traditionnel à s'en détourner.

Mais depuis 2014, les cultivateurs et les propriétaires de dispensaires de cannabis peuvent néanmoins ouvrir un compte bancaire professionnel auprès de certaines caisses d'épargne habilitées. Ils peuvent ainsi transférer et recevoir de l'argent, payer par chèque et en endosser, effectuer des dépôts et des virements.

"Il est dans l'intérêt de tous qu'ils puissent gérer en toute sécurité leurs affaires", explique à l'AFP Kelli Hawkins de Numerica Credit Union, l'une des pionnières de cette mini-révolution saluée par le milieu du cannabis où l'on égrène le nom des commerces refoulés comme des "pestiférés" par les grandes banques.

Donald Morse, président du lobby Oregon Cannabis Business Council et propriétaire du dispensaire Human Collective à Portland, s'est vu fermer des comptes au moins cinq fois par Bank of America et Wells Fargo.

"Quand vous voulez ouvrir un compte auprès d'une banque, elle vous demande la nature de votre commerce. Si vous êtes honnête et répondez +cannabis+, c'est non! On se retrouve à garder soi-même son argent. Chaque mois, je m'expose à une agression (car) je dois trimbaler du cash au bureau des impôts pour payer la taxe de 25% sur les ventes du cannabis à usage récréatif", raconte M. Morse.

Las, il a fini par mentir sur ses activités mais le pot aux roses a été découvert. "Je suis blacklisté maintenant", s'emporte-t-il. L'extrême prudence des grandes banques, échaudées par leurs milliards de dollars d'amendes pour pratiques illicites liées à la crise de 2008, va jusqu'à pousser des promoteurs immobiliers à refuser de louer des locaux à l'industrie du cannabis par peur d'être sommés de rembourser précipitamment leur emprunt.

Sollicitées par l'AFP, les banques indiquent qu'elles ne veulent pas courir le risque de perdre leur licence, parce qu'une directive de février 2014 du FinCEN (département du Trésor) n'exclut pas des poursuites judiciaires.
"Forcer des chefs d'entreprises qui opèrent légalement au vu de la législation de l'Oregon à transporter des sacs de sport remplis d'argent est une invitation au crime et au délit. Ceci doit cesser", dénonce le sénateur démocrate Jeff Merkley, auteur avec trois autres parlementaires d'une proposition de loi généralisant les services bancaires à l'industrie du cannabis.
En attendant, les établissements intéressés doivent investir des milliers de dollars dans la gestion de ces comptes à risques, car ils doivent fouiller dans le passé de ces clients particuliers, passer au crible les relations dispensaires/fournisseurs, contrôler les sorties et entrées de fonds, vérifier les chiffres de ventes communiqués aux autorités locales et les dépôts bancaires.

Et si, en principe, l'argent n'a pas d'odeur, certaines caisses d'épargne comme Maps Credit Union dans l'Oregon exigent que les coupures déposées ne sentent pas le cannabis.
Chez Salal à Seattle, "nous demandons un premium et des frais mensuels (supplémentaires) pour couvrir les coûts de gestion", explique Carmella Houston, une responsable. Ces "comptes sont taxés fortement pour qu'ils puissent être rentables", justifie-t-elle.

Malgré ces conditions, les demandes affluent: depuis 2014, Salal a reçu plus de 2.000 requêtes mais n'a ouvert que 200 comptes. La start-up Kind Financial, associée à Link to Banking qui s'emploie à développer les services bancaires liés au cannabis, veut exploiter le filon. Elle propose aux banques un logiciel leur fournissant "des informations en temps réel sur leurs clients et aussi sur les clients de leurs clients pour se conformer à la législation anti-blanchiment", avance son patron David Dinenberg.

Est-ce suffisant pour les autorités? "Notre tâche est de déterminer si les caisses d'épargne évaluent et gèrent correctement les risques", répond John Fairbanks du NCUA, le superviseur des caisses d'épargne.

 

Source: libe.ma

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