Sondage exclusif : l’adhésion des Français à la légalisation du cannabis en légère augmentation


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Ils sont désormais 43% à adhérer à cette idée, selon un sondage Ifop pour Atlantico.
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Atlantico : quels sont les principaux enseignements que l'on peut tirer de ce sondage ?

Jérôme Fourquet : Ces derniers mois, il y a eu plusieurs initiatives et prises de parole notamment dans le cadre de la primaire du parti socialiste sur la dépénalisation du cannabis. De nombreux responsables politiques et associatifs, élus locaux, spécialistes sont en faveur d’une réflexion sur la question. Cette réflexion a pour but d’enrayer les fléaux qui sont liés à cette pratique : la délinquance, la création de zone de non droit ou simplement la santé publique. Nous avons le sentiment que cette prise de parole est liée à la situation actuelle qui peut paraître hors de contrôle.

 

La lutte contre le trafic semble ces derniers temps de plus en plus vaine, ce constat est partagé par un nombre important de nos concitoyens. La multiplication de règlements de compte se soldant par la mort de jeunes gens, comme par exemple dans la région marseillaise, le déploiement de policiers dans certaines banlieues donne l’impression d’une bataille dans le vide. Les français ont le sentiment que la position officielle actuelle n’est plus adaptée. Nous avions l’impression que ces idées gagnaient du terrain et c’est ce que nous avons voulu prouver en posant la question aux français. Entre juin 2012 et avril 2016 il y avait une progression de l’adhésion à la dépénalisation, cette tendance se confirme puisqu’aujourd’hui 43% de français se disent favorable à la dépénalisation des drogues douces comme le cannabis.

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Depuis 20 ans, l’Ifop pose cette question et ce résultat est inédit. Si les français qui se disent favorable à la dépénalisation restent minoritaire, l’adhésion à cette idée a ces dernières années gagné du terrain. Nous pouvons constater qu’il n’y a toujours pas de majorité favorable, néanmoins il y a des clivages politiques et générationnels  assez marqués. Chez les moins de 35 ans l’opinion est partagé avec 50% pour et 50% contre, cette catégorie comporte beaucoup d’utilisateurs particulièrement occasionnels ce qui explique cet équilibre.

 

Chez les 35-49 ans et les 50-64 ans l’opinion, même si minoritaire pour la dépénalisation, reste partagée de façon équilibré. Par contre la tranche d’âge 65 ans et plus est massivement réfractaire à la dépénalisation à hauteur de 71%. En terme de dynamique démographique avec le renouvellement des générations, nous allons vers une tendance d’aspiration à la dépénalisation, malgré tout, même chez les moins de 35 ans, 50% y sont opposés. Mêmes les catégories plus jeunes restent partagés.courbe.png


Dans l’un des tableaux, nous avons fait figurer l’évolution par rapport à 2011 et nous pouvons constater que chez les plus vieux comme chez les plus jeunes il n’y a presque pas de changement. Cependant, chez les classes d’âge intermédiaires il y a une progression vers l’adhésion à la dépénalisation. Les plus jeunes et les plus âgés campent sur des positions arrêtées, alors que les tranches d’âge intermédiaires évoluent et adhèrent à l’idée que le statu quo n’est plus possible et que la situation actuelle n’est pas satisfaisante.

 

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Les différences sur ce sondage surviennent ensuite en fonction de l’appartenance ou de la proximité à un mouvement politique. En effet, nous pouvons constater une adhésion très forte à la dépénalisation chez les proches du Front de Gauche et des écologistes tandis que l’électorat PS est coupé en deux. Par ailleurs, les personnes proches de la droite et du centre sont majoritairement contre la dépénalisation du cannabis, l’électorat FN est plutôt contre mais moins opposé que les partisans de droite.

Si ce constat peut paraître surprenant, il s’explique par la pyramide des âges des deux électorats, les partisans du FN sont un peu plus jeunes que l’électorat de la droite classique.

 

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Le clivage sociologique n’est pas particulièrement marqué sur la question, tout comme le niveau d’étude. En effet, il s’agit réellement de divergences politico-générationnelles et non de divergences socioculturelles.

Nous pouvons penser que l’un des facteurs de l’opinion est l’aggravation du phénomène de ghettoïsation de certains quartiers à cause du trafic de drogue. Certains quartiers sont devenus des zones de non droit ce qui était déjà problématique il y a quelques années et qui l’est d’autant plus aujourd’hui alors que nous sommes confrontés à des menaces terroristes.

 

Certains Français font le lien entre ces activités illicites et l’interpénétration éventuelle de ces réseaux par des terroristes et djihadistes. La connexion se faisant autour du pedigree d’un certain nombre d’auteurs d’attentats, qui malgré leur jeune âge ont un casier judiciaire bien rempli notamment de condamnations pour de la délinquance liée au trafic. Une partie de l’opinion pense que les activités illicites qui gangrènent certains quartiers contribuent à créer un terreau propice à tous genres de dérives. Il faut réfléchir à prendre le problème à l’envers, aller vers quelque chose d’encadré, de transparent dans le but d'assécher les réseaux de financement et les circuits clandestins qui peuvent nourrir les réseaux terroristes. 

 

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Par Jérôme Fourquet directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

Source: atlantico.fr

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